opium

Est une larme ou un suc qui decoule des incisions qu'on a faites aux testes de pavot, lorsqu'elles approchent de leur maturité. On fait des incisions avec un couteau sur le dessus de la peau des testes de pavot en croix de Bourgogne, & puis on en recueille le suc qui en sort avec une cuelliere, & on y retourne plusieurs fois le jour & plusieurs jours de suitte pour faire la même chose. On pile dans un vieux mortier cette humeur, aprés qu'elle est espaissie, & on en fait des trochisques. Il vient de la Grece où le pavot croist en abondance. Il est ainsi nommé de opon ou opion, comme qui diroit suc par excellence, par ce qu'il produit de plus grands effets & en moindre quantité qu'aucun suc tiré des vegetaux. L'Opium differe du meconium, en ce que celuy-cy n'est que le suc du pavot qu'on en tire par l'expression ; l'opium en coule par la seule incision. On tient communement qu'il ne faut que trois grains d'opium pour tuer les personnes les plus robustes. Mais Charras assûre qu'il en a pris luymême six grains, & adjouste qu'il a veu un homme assez delicat qui en a pris jusqu'à 36. grains sans en estre incommodé.