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Top 10 des mots qui ont marqué les années 2010

Top 10 words

Les mots qui apparaissent ou se répandent à une période donnée sont toujours le reflet de l’esprit de cette époque et des mutations de la société. Sans surprise, ceux de la décennie qui vient de s’achever concernent avant tout les technologies numériques, mais aussi la vie quotidienne, l’économie et la politique. Voici une rétrospective des années 2010 à travers le top des néologismes qui nous ont le plus marqués.

 

10. Big data

L’usage croissant des nouvelles technologies produit un volume colossal de données numériques : c’est le big data. Formé en anglais, de big « grand » et data « données », le mot emprunté en 2011 est parfois remplacé par données massives ou mégadonnées. Et si le big data fait parler de lui, c’est parce qu’il constitue une mine d’or pour les géants du web. La masse d’informations générée par les internautes est stockée et analysée, notamment à des fins commerciales, ce que certains considèrent comme une intrusion dans notre vie privée. Du big data à Big Brother, n’y aurait-il qu’un pas ?

9. Hygge

Venu tout droit du Danemark, le hygge (prononcez « hugueu ») est l’une des grandes tendances déco et bien-être de la décennie. C’est vers 2016 que se répand ce mot danois d’origine norvégienne, sans équivalent en français, qui désigne un art de vivre typiquement scandinave. Le concept ? Valoriser les petits plaisirs simples du quotidien qui procurent détente et réconfort. Feu de cheminée, chocolat chaud, bougies parfumées et plaids moelleux, de quoi s’offrir quelques instants de douceur dans un monde de brutes.   

8. Dégagisme

La décennie 2010 modifie profondément le paysage politique international. Certains partis et leurs chefs de file sont éclipsés au profit de nouveaux visages. Ce rejet du pouvoir en place prend dans les médias le nom de dégagisme. Le mot apparaît en 2011 lors du Printemps arabe, en référence à l’injonction « Dégage ! » lancée lors des manifestations tunisiennes hostiles au président Ben Ali. Il est repris à propos de la France en 2017, au moment où l’élection présidentielle et les primaires qui la précèdent montrent l’envie de renouveau ressenti par l’électorat français.

7. Liker

Après hasthag et tweeter, le verbe liker s’ajoute en 2010 à la série des anglicismes liés à l’essor des réseaux sociaux. Liker, du verbe anglais to like « aimer », c’est indiquer qu’on aime un contenu posté par quelqu’un d’autre. Ce qui peut inciter au narcissisme : à l’envie de tout partager, ses images comme ses pensées, se superpose la mesure de sa cote de popularité, supposée proportionnelle au nombre de likes. Les membres les plus suivis deviennent des influenceurs et, en monnayant leur notoriété auprès des marques, en font même un métier.

6. Post-vérité

Durant la décennie 2010, de nombreuses personnalités politiques diffusent sciemment des discours démagogiques et des mensonges pour influencer l’opinion. Cet ensemble de circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’impact que des informations fausses ou délibérément biaisées, c’est la post-vérité. Calque de l’anglais post-truth, le mot apparu en 2004 s’implante réellement en 2016, année de l’élection présidentielle américaine durant laquelle le candidat Donald Trump est soupçonné d’infox et de désinformation pour assurer sa victoire.

5. Émoji

Il n’y a pas que dans le domaine culinaire que la langue française emprunte au japonais. Formé de « dessin » et moji « lettre », émoji désigne depuis 2013 les petites images venues animer nos messages électroniques pour exprimer une émotion, représenter un personnage, une action… Un succès tel que certains spécialistes y voient un bouleversement profond de notre manière de communiquer par écrit. Et qui donne un certain coup de vieux aux émoticones, binettes ou smileys des années 1990 et 2000, au pouvoir évocateur beaucoup plus limité.

4. Vapoter

Vapoter, selon le Petit Robert, c’est « utiliser une cigarette électronique ». Créé en 2008 à partir de vapeur et peut-être d’après crapoter, le mot s’impose véritablement au début des années 2010 en même temps que l’usage de l’appareil. La décennie voit ainsi de nombreux accros au tabac essayer la vapoteuse et des boutiques de liquides aromatisés s’ouvrent à tous les coins de rue. Si les vapoteurs sont encore nombreux, l’engouement semble s’émousser un peu, d’autant plus que la prétendue innocuité du procédé est contestée. La pratique du vapotage va-t-elle partir en fumée ?

3. Hipster

Les hipsters resteront associés aux années 2010 comme les beatniks aux années 1960 ou les punks aux années 1970 et 1980, l’esprit rebelle en moins. Chemise à carreaux, casquette et barbe fournie pour les garçons, robe vintage pour les filles, peuplant les quartiers gentrifiés des capitales, les hipsters se démarquent par leurs goûts pointus à contre-courant de la culture de masse. Jusqu’à ce que les médias en fassent des caricatures, comme avec les hippies naguère. Le mot, apparu timidement dans les années 1940 à propos des amateurs de jazz, a d’ailleurs la même origine que hippie : l’anglais hip « à la mode », qu’on retrouve dans hip-hop.

2. Ubérisation

Dans le courant de la décennie, les rues des grandes villes voient apparaître les VTC, ces voitures (ou véhicules) de transport (ou tourisme) avec chauffeur que l’on commande depuis son téléphone. En faisant directement concurrence aux chauffeurs de taxi, les VTC deviennent le symbole d’un nouveau modèle économique qui bouleverse certains secteurs d’activité en tirant parti des nouvelles technologies. Depuis 2014, ce phénomène est appelé ubérisation, du nom de la société Uber, la première à proposer ce type de service, générant une telle transformation de l’économie mondiale que toute la société se trouve ubérisée.

1. Selfie

Se prendre en photo en toute circonstance avec son téléphone est devenu, pour certains, un automatisme. Apparu en 2013, formé en anglais à partir de self « soi-même », le mot selfie, auquel les Québécois préfèrent égoportrait ou autophoto, désigne ce type d’autoportrait qui se répand sur les réseaux sociaux. Le succès du selfie est intimement lié à l’engouement pour le portable qui touche une grande partie de la population au cours de la décennie. Et qui donne naissance à un autre néologisme : nomophobie, emprunté à l’anglais nomophobia (de no mobile et phobia), désigne littéralement l’angoisse d’être séparé de son téléphone.

 

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