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Top 10 des régionalismes qui vont vous charmer

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D’un bout à l’autre de l’Hexagone, on parle toutes et tous la même langue, le français. Pourtant – quiconque a déjà voyagé en dehors de sa région d’origine a pu en faire l’expérience – il existe une incroyable diversité linguistique à travers le pays. Et le français que l’on parle à Toulouse n’a pas tout à fait les mêmes sonorités que celui que l’on parle à Lille, à Nantes, ou encore à Lyon... Sur le plan des mots et des expressions, cette diversité se manifeste à travers de nombreuses tournures qui peuvent surprendre en dehors de leurs régions d’usage. En voici une sélection :

1. Plaçou (Limousin)

Popularisé par l’ancien président de la République Jacques Chirac, en 1970, le mot plaçou désigne un « petit travail tranquille », qui ne demande pas trop d’effort et qui permet de gagner sa vie confortablement. Parfois employé dans un contexte politique, le plaçou s’obtient par l’intermédiaire de quelqu’un qui cherchait sans doute à élargir son influence en attribuant des privilèges : « Un bon plaçou, cela ne se lâche pas comme ça ! ».

2. Crébillonner (Nantes)

Pour comprendre le sens du verbe crébillonner, il faut savoir que la ville de Nantes est traversée en son centre par la rue Crébillon (baptisée ainsi en référence à Prosper Jolyot de Crébillon, un dramaturge français du XVIIIe siècle, membre de lʼAcadémie française). Cette artère commerciale (réputée pour ses boutiques de luxe et autres bijouteries) invitant à la flânerie a donné naissance au verbe crébillonner, dont le sens est « traîner en faisant ses courses, flâner dans la rue de Crébillon en faisant les vitrines ».

3. Goule (Normandie)

Dans les parlers dialectaux de lʼOuest comme dans le français de ces régions, le mot goule désigne la bouche, le visage ou la figure dʼune personne ou dʼun animal. On le retrouve dans le nom de engoulevent, oiseau de nuit qui vole la gueule ouverte pour attraper des insectes. Il porte ce nom car, en se déplaçant ainsi, il engoule, au passage, le vent… Le latin gula, « gosier, gorge », que l’on prononce [goula], a donné gueule en français ([ou] est devenu [eu]), mais nʼa pas évolué dans lʼOuest, où on prononce toujours [ou].

4. Estoufadou (Midi)

Le mot estoufadou, connu dans l’ensemble du Midi, s’emploie comme un substantif pour désigner tout plat compact et difficile à avaler (en général un gâteau, mais ça peut aussi être une paella ou un morceau de pain) ou comme adjectif pour qualifier quelque chose de bourratif (comme un plat), voire par extension une situation qui provoquerait un étouffement à la suite d’une grande surprise.

5. Bon bout d’an (Provence)

En Provence, quand vient la fin de l’année, on se souhaite un bon bout d’an afin de célébrer l’année passée et on accueille celle qui vient en ajoutant à l’an qué vèn !, littéralement « à l’année qui vient ! ». Les connaisseurs – qui ne sont pas forcément des gens qui parlent encore le provençal à la maison – complètent par la phrase e se sian pas mai, que siguen pas mens ! (« et si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins »), en référence aux naissances et aux décès. La formule est attestée depuis au moins le début du XXe siècle, sous la plume du célèbre Frédéric Mistral.

6. Fraté (Corse)

Dans la langue corse, le mot fratellu désigne le frère. Que ce soit dans les conversations tenues en français ou en corse, la forme apocopée, fraté, s’emploie surtout comme vocatif, c’est-à-dire pour interpeler la personne à qui l’on s’adresse, avec affection : « Salut fraté, merci fraté, ça marche fraté ! ». Popularisé par le rappeur Jul, le mot fraté commence à être de plus en plus employé sur le continent, notamment dans la bouche des jeunes Marseillais et des autres habitants du littoral provençal.

7. Débarouler (Rhône-Alpes)

Le verbe débarouler (on dit aussi débaruler ou débaroler, plus rarement barouler ou redébouler) signifie « tomber en roulant » ou « dévaler à toute vitesse ». Si quelqu’un débaroule les escaliers, c’est qu’il les descend précipitamment, ou qu’il est tombé dedans. On peut aussi débarouler une piste de ski. Si vous ne venez pas de la région lyonnaise, il y a peu de chances que vous utilisiez (ou que vous connaissiez) ce mot, qui rend pourtant bien des services !

8. Avoir meilleur temps (Suisse, Franche-Comté)

L’expression avoir meilleur temps est connue sur une aire assez large qui englobe la Suisse romande, la Franche-Comté et les Pays de Savoie. Difficilement traduisible, l’expression s’emploie pour dire qu’« on ferait mieux de », qu’« il serait plus avisé ou prudent de faire quelque chose », sous-entendu « qu’autre chose ». Par exemple, si vous vous rendez à Besançon et qu’on vous dit que « vous avez meilleur temps de vous rendre sur la Citadelle avant de visiter la ville », cela veut dire que vous feriez mieux de vous y rendre avant d’entreprendre une balade dans la vieille ville !

9. Avoir du speck (Alsace)

En alsacien, le schinkenspeck désigne une charcuterie typique de la région, que l’on peut traduire par « lard de jambon » (avec schinken, « jambon », et speck, « lard »). Le mot speck est une forme abrégée de ce mot, que l’on emploie pour désigner un morceau de lard, quel qu’il soit. Par extension de sens, le speck ne désigne pas seulement le lard que l’on mange (dans la choucroute, par exemple), mais aussi celui des êtres humains. Bref, on l’aura compris : avoir du speck, c’est une façon imagée de dire que l’on a des bourrelets !

10. Marcher à pieds de chaussette (Nord-Pas-de-Calais)

Dans le Nord-Pas-de-Calais, on dispose d’une expression toute faite pour exprimer l’action de marcher sans chaussures : marcher à pieds de chaussette ! Contrairement à ce que l’on pourrait croire a priori, il ne s’agit pas d’un calque du picard, mais d’une tournure bien française ! Le pied de la chaussette est en effet la partie de la chaussette qui englobe le pied à proprement parler. En ancien français, on trouve une expression proche : marcher à pied deschaux.

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