Petit animal domestique qui miaule, & qui est ennemi des souris. Le
chat a les pattes, les dents, les yeux & la langue semblables au lion. Ces animaux ont tant de conformité ensemble, que les Turcs sont persuadez qu'il y a quelque fondement à ce que dit l'Alcoran, que le
chat nasquit dans l'Arche de l'esternuement du lion. Par les loix d'Arragon on punissoit les larrons, en les fouëttant avec un
chat attaché au cou. Ambroise Paré soûtient que le
chat est un animal venimeux qui infecte par son poil, par son haleine, & par sa cervelle. Son poil est dangereux à avaler par dessus tous les autres, comme on voit en l'exemple de ce Romain, qui mourut pour en avoir avalé un dans du lait. Son haleine infecte d'un poison tabifique qui donne la pthisie, dont Matthiole rapporte plusieurs exemples : & si on mange de la cervelle de
chat, elle cause une grande douleur de teste, & rend quelquefois insensé, ou cause de continuelles vertiginositez. Il adjouste que leur souffle & leur regard est notoirement contagieux ; & il dit avoir veu des gens qui pour avoir toûjours couché avec un
chat, sont devenus pthisiques & eslancez, & enfin en sont morts. On estime fort en France les
chats d'Espagne. Ce mot vient de
catus ou
cattus, comme celuy de
chatte de
catta, qui se trouvent dans les anciennes Gloses. Il est derivé du
Grec cattis, signifiant la même chose. Menage. Les Italiens disent
gatto. Isidore veut qu'il vienne
ex eo quòd cattet, id est, videat. D'autres l'appellent
cattus à capturâ. Ugutio croit qu'on a dit
catus, quasi cautus, unde Deus Catius, qui cautos, acutos efficiebat, dit St. Augustin. On a appellé aussi le
chat, murilegus, felis, musio, musicula, &
pilax, parce qu'il prend des souris. Du Cange.
En
termes de Chasse, on appelle
chats harets, les
chats sauvages qui sont retirez dans les bois & garennes, & font un grand degast de lapins.
Il y a une espece de
chats dans les Indes Occidentales, qui ont une poche à leur costé où ils mettent leurs petits, qu'ils portent toûjours avec eux, sans que cela les empesche de courir & de sauter, & sans qu'on s'apperçoive qu'ils ayent autre chose que leur corps. Il y a des
chats sauvages dans les Indes qui volent par le moyen d'une membrane fort large, laquelle s'étend le long des côtez du pied de derriere au pied de devant. Elle est plissée & retroussée quand ils marchent, & se deplie quand ils volent. On en a apporté des peaux en Europe qui en sont une bonne preuve. Mr. Boile a écrit qu'en l'année 1684. à Londres un gros rat s'estoit accouplé avec une
chatte, qui a fait des petits qui tiennent du
chat & du rat, & qu'on en a mis un au parc des animaux que le Roy d'Angleterre fait nourrir.
Le
chat, en
termes de Blason, se dit
effarouché, lors qu'il est rampant : mais lors qu'il leve le train de derriere plus haut que la teste, on l'appelle
herissonné.
On dit en
termes de Jardinage, Couper les branches d'un arbre en dos de
chat, pour dire, leur faire faire un coude, comme on fait aux espaliers.
On appelle figurément une personne friande,
chat, ou
chatte.
On appelle du
sirop de pied de chat, celuy qui est fait avec une petite herbe rouge qui a la figure du pied de
chat.
On appelle aussi une meschante herbe seche qui vient dans les prez, des
chats.
CHAT, se dit proverbialement en ces phrases. On dit d'un homme qui s'en va d'une maison sans dire adieu, qu'il a emporté le
chat. On dit de celuy qui prend garde soigneusement aux actions d'un autre, qu'il le guette comme le
chat fait la souris. On dit aussi, qu'un
chat eschaudé craint l'eau froide, pour dire, que celuy qui est eschappé d'un peril, craint tout ce qui est de même nature. On dit aussi de deux personnes ennemies, qu'elles s'aiment comme chiens &
chats. On dit aussi, Jetter le
chat aux jambes à quelqu'un, pour dire, le rendre coupable d'une faute qu'un autre a faite. On dit, qu'une fille a laissé aller le
chat au fromage, pour dire, qu'elle a succombé à quelque tentation amoureuse. On dit, qu'une personne s'est servie de la patte du
chat pour tirer les marons du feu, pour dire, qu'elle a mis quelqu'un au hasard, pour profiter de sa simplicité, ou de sa temerité. On dit de deux antagonistes qui sçavent bien attaquer & se deffendre, A bon
chat bon rat. On dit encore d'un homme habile, & qui entend à demi-mot, qu'il entend bien
chat, sans qu'on dise minon. On dit d'un meschant payeur, & qui ne paye pas en argent comptant, qu'il a payé en
chats & en rats. Ce proverbe est ancien, & seroit ridicule au pied de la lettre à ceux qui n'en sçauroient pas l'origine. Je croy qu'il vient du mot de
chas, qui signifioit autrefois une
maison ; & on dit encore en Lyonnois & en Berry, qu'une maison consiste en trois
chas, pour dire, en trois chambres ou en trois estages. Le mot de
ras a signifié aussi un
champ ou
heritage uni où il n'y a point de bastiment : d'où vient qu'on dit encore
rase campagne,
rez de chaussée,
rez pieds
rez terre. Ainsi on a dit qu'un homme payoit en
chats & en
rats, lors qu'au lieu d'argent comptant qui a un prix certain, il payoit ses creanciers en heritages bastis & non bastis, qu'il obligeoit de prendre au prix qu'il vouloit. On dit encore, que la nuit tous
chats sont gris, pour dire, que toutes les femmes ont assez de beauté la nuit. On dit encore, que le mou est pour les
chats, parce qu'on les nourrit avec du mou, qui est le poulmon de boeuf. On dit encore d'un homme qui a quelques esgratigneures au visage, qu'il s'est joüé avec les
chats. Regnier a dit aussi dans ses
Satires,
Je devins aussi fier qu'un chat amadoüé.
On dit aussi, Dés que les
chats seront chaussez, pour dire, De bon matin. On dit d'un homme mal propre, qu'il est propre comme une escuelle à
chat. On dit encore, Il ne faut pas reveiller le
chat qui dort, pour dire, qu'il faut laisser en repos ceux qui nous peuvent faire du mal. On dit, Acheter
chat en poche, pour dire, Acheter quelque chose sans la voir.
On appelle
herbe aux chats, ce que les Latins appellent
nepeta ou
calamintha ; &
chattepeleuse, une vermine qu'on appelle autrement
calendre, en Latin
curculio.