
Pourquoi dit-on que l’on tire des plans sur la comète lorsque l’on fait des projets qui ont peu de chances de se réaliser ? Le Robert vous raconte l’histoire de cette expression, en partenariat avec le podcast La Puce à l’oreille de Lucie Bouteloup sur RFI.
Que signifie l'expression tirer des plans sur la comète ?
Tirer des plans sur la comète (ou faire des plans sur la comète), c’est faire des projets qui ont peu de chances de se réaliser.
D'où vient l'expression tirer des plans sur la comète ?
L’expression apparaît à la fin du XIXe siècle. Replaçons-nous dans le contexte de l’époque : au cours du XIXe siècle, on assiste au passage de pas moins de 22 grandes comètes – des comètes particulièrement brillantes, visibles à l’œil nu !
Chaque passage de comète suscite l’intérêt du public : on en parle beaucoup dans les journaux, dans les correspondances, et l’art et la littérature s’en inspirent.
Aujourd’hui, grâce aux instruments d’observation et de calcul, on peut repérer les comètes de très loin et prévoir à peu près leur passage près de la Terre, mais ce n’était pas le cas au XIXe siècle. La trajectoire des comètes est variable. Certaines ont une trajectoire elliptique et reviennent donc à intervalles réguliers près du soleil ; d’autres ont une trajectoire parabolique : elles tracent leur chemin dans l’univers et ne reviennent jamais dans notre système solaire. On ne pourra donc les voir qu’une seule fois depuis la Terre. Je ne suis pas certaine d’avoir compris comment on pouvait (essayer de) calculer la trajectoire d’une comète, mais une chose est sûre : l’affaire est complexe.
Tirer des plans sur la comète, autrement dit tracer le plan de sa trajectoire pour prédire si et quand elle viendra ou reviendra près de la Terre, c’était donc faire une hypothèse plutôt hasardeuse.
Mais quelle est donc la comète a inspiré l’expression ? De nombreuses sources indiquent qu’il s’agirait de la grande comète de septembre 1882, mais c’est impossible : car la plus ancienne trace écrite de l’expression, recensée sur Gallica, date de mars 1874. Il s’agit plus probablement de la grande comète immédiatement antérieure à cette date, celle de 1861, elle aussi très spectaculaire. L’annonce, peu de temps après, du passage de la Terre dans la queue de la comète (ou, plus précisément, à proximité de l’une des queues) a suscité à la fois crainte et fascination. Cette comète, identifiée sous le doux nom de C/1861/J1, aurait notamment inspiré à la poétesse Louise Victorine Ackermann le poème Bel astre voyageur, et à Jules Verne le roman Hector Servadac*, dont le sujet est la rencontre de la Terre avec… une comète. Alors pourquoi pas une expression ?
Quels sont les synonymes de tirer des plans sur la comète ?
Il existe une autre expression de même sens : bâtir des châteaux en Espagne.
On peut aussi se bercer d’illusions, ou tout simplement s’illusionner.
Quant à ces rêveurs qui tirent des plans sur la comète, on peut les qualifier de songe-creux ou encore, au Québec, de pelleteux de nuages.
Pour en savoir plus sur tirer des plans sur la comète, vous pouvez écouter le podcast de La puce à l’oreille consacré à cette expression sur le site de RFI.
Crédit photo : jimfeng/iStock
* Voir Hector par Jacques Corvisier, Observatoire de Paris et société astronomique de France, in L’Astronomie, 2005, vol. 119 : H.Sarvadac.qxp