scorsonère

Plante medicinale dont on se sert contre la morsure des serpents. Elle a ses feuilles d'un palme de long, presque semblables à celles du morsus diaboli, toutefois plus longues & plus prés de terre, avec plusieurs filamens qui sortent d'une longue queuë. Sa tige est haute d'un demi-pied, ronde, noüée, d'où sortent des feuilles petites & estroites. Sa fleur est jaune & si semblable à celle de la barbe-bouc, qu'il est fort difficile de les discerner. Quand elle flestrit, elle se convertit en un bouton cottonneux, qui enferme une graine longue & blanche, qui ressemble aussi à celle de la barbe-bouc. Sa racine est longue d'environ un demi-pied, & large d'un pouce sans chevelure. Son escorce est noirastre, & est vive, tendre, fresle, succulente, blanche & pleine de lait, douce & savoureuse. Elle provient aux forests en lieux humides, & fleurit en esté. Elle a cette proprieté, que sa racine croist toûjours en terre, & ne s'y corrompt point. Cette racine se mange aprés avoir été cuite & ratissée, & se met à plusieurs sauces. Son nom luy vient d'Espagne, dautant qu'elle est souveraine contre la morsure de la vipere, qu'ils nomment en leur langue scurzo. Matthiole dit en avoir fait le premier la description, telle qu'elle est cy-dessus ; & rapporte qu'un Espagnol ayant veu pratiquer ce remede en Afrique où il estoit esclave, en trouva en Catalogne, & en donna le jus en breuvage à plusieurs personnes qui avoient été morduës de viperes, qu'il guerit incontinent : ce qui la fit appeller scurzonera, comme qui diroit viperine.