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Trois secrets d'écriture de Franck Thilliez

Style et écriture

Le maître du thriller français nous ouvre la boîte noire de son imaginaire : découvrez trois secrets d'écriture de Franck Thilliez pour composer un polar à vous glacer les sangs !

Secret #1 : « Se documenter en profondeur et en détail »

Je passe à peu près un tiers de mon temps consacré à l'écriture à me documenter. La documentation, c'est ce qui va vous permettre de crédibiliser votre histoire. Les lecteurs, et plus particulièrement les lecteurs de polars, sont vraiment très friands d'histoires très réalistes et très documentées qui soient au plus proche de la réalité. Et donc, c'est important de vraiment se documenter sur les métiers des personnages, sur la manière dont se déroule une enquête… C'est ce qui va vraiment donner du crédit à votre histoire et faire que le lecteur va accrocher encore plus à votre récit.

Il y a plusieurs moyens de se documenter. Je dirais que le premier, ce que tout le monde peut faire, c'est de se documenter par des lectures d’ouvrages spécialisés. Moi, je lis beaucoup de manuels de police scientifique, d'histoires policières, même des anciens Prix du 36, quai des Orfèvres. Tout ce qui va vous permettre de vous plonger dans l'univers qui est le vôtre. Après, il y a une étape de rencontres. Rencontres avec des spécialistes, des médecins, des policiers. Puis il y a tous les outils qu'on a autour de soi. Moi, j'utilise beaucoup Internet aussi parce qu'en fait, il y a la grosse documentation qui me permet de creuser un sujet. Puis après, il y a tous les petits détails, les déplacements des personnages dans les villes. À quoi ressemble tel quartier, telle voiture ? Vous pouvez aller chercher sur Internet. C'est ce qui va apporter la petite touche de peinture supplémentaire pour vraiment rendre le récit le plus réaliste possible.

Secret #2 : « Rendre les personnages attachants »

Quand un lecteur prend un livre et qu'il l'ouvre, il accepte d'entrer dans un univers qui est le vôtre. Un personnage l'attend dans cet univers. C'est votre personnage principal et donc il faut que le lecteur ait envie de suivre les aventures de ce personnage, qu'il ait envie de l'accompagner et de vivre les émotions que va vivre ce personnage. Donc c'est vraiment très, très important qu'il y ait un lien qui se crée très fort et très rapidement entre votre personnage principal et le lecteur.

Comment rendre un personnage empathique ? Il y a tout un tas de méthodes. En général, on est empathique avec les personnages qui nous ressemblent, qui sont proches de nous, qui pourraient être nos amis, nos voisins. Et donc c'est important que de manière générale, les héros soient des gens qu'on pourrait croiser dans la vie de tous les jours, qui ont aussi des problèmes qui peuvent être les nôtres et qui réussissent à surmonter ces problèmes. Et c'est de cette façon-là qu'on va rendre le personnage attachant et qu'on va avoir envie de poursuivre ses aventures. Les personnages de papier existent dans la tête des lecteurs et ça, c'est un phénomène assez incroyable. C'est-à-dire que les personnages que nous, les auteurs, créons, vivent des émotions qui peuvent être la tristesse, la peur, la joie. Et les gens que je rencontre me disent qu'ils ressentent les mêmes émotions. Donc ça, ça prouve que le personnage que vous avez, que vous allez créer fonctionne vraiment bien. Moi, je sais que les lecteurs aiment beaucoup. Par exemple, mon personnage de Franck Charcot, qui est mon héros récurrent, un flic du 36, quai des Orfèvres. Ils l'aiment parce que c'est un personnage qui dégage une grande humanité, qui traverse tout un tas de problèmes et qui réussit finalement à tous les surmonter. Il a un destin compliqué, il traverse beaucoup de malheurs dans sa vie, mais à chaque fois, il arrive à s'en sortir. Et en général, l'histoire se termine plutôt bien. Et si on aime ce personnage, c'est qu'on se dit « voilà, si lui a réussi à surmonter tous ces petits problèmes-là, eh bien nous, on peut aussi les surmonter ». Et c'est ça en fait le lien qui se crée. C'est cette force-là qui fait que ces personnages-là, on les aime et on a envie de suivre leurs aventures.

Secret #3 : « Faire monter la pression »

Ce qui est très, très important dans le genre littéraire dans lequel j'écris, qui est le thriller, le roman policier à suspense, c'est de faire monter la pression, de donner envie au lecteur de tourner les pages sans jamais s'arrêter. Et pour ça, il y a différentes petites techniques, méthodes. Alors, par exemple, vous êtes à la fin d'un chapitre, vous avez envie de connaître la suite. Et moi, en tant qu'auteur, j'arrête le chapitre et je passe d'un autre point de vue sur un autre pan de l'histoire. Ce qui fait que le lecteur, en fait, va avoir envie de tourner les pages pour découvrir ce qui s'est passé.

Je l'ai beaucoup utilisé dans Labyrinthes et je dirais même que c'est un des principes du livre. Parce que dans Labyrinthes, on suit l'histoire de trois femmes en parallèle, donc trois histoires différentes. Et à chaque fois, à chaque histoire, il se passe des événements dramatiques à chaque fin de chapitre. Et c'est vrai qu'on a tout de suite envie de savoir ce qui se passe. Mais je bascule vers un autre personnage.

Après, il y a une autre arme aussi très, très puissante que nous, les romanciers, possédons, c’est ce qu'on appelle l'ironie dramatique. L'auteur et le lecteur savent ce qui va se passer et le personnage principal, lui, n'est pas du tout au courant. Alors, par exemple, la personne qui est assise sur une chaise comme là, et il y a une bombe en dessous. Et le personnage, évidemment, ne le sait pas. Mais le lecteur le sait parce que l'auteur décrit cette bombe en dessous et on se demande : « qu'est-ce qui va se passer ? ». On a envie que le personnage principal sorte vite de cette pièce. Sinon là, la bombe va exploser. C'est un procédé qui génère de l'angoisse, du suspense. En combinant ces différentes techniques, il y en a d'autres évidemment, vous allez pouvoir créer un roman qu'on n’aura pas du tout envie de lâcher. En général, les gens qui lisent les livres les lisent très, très rapidement parce qu'il y a toute cette mécanique qui se met en place, qui fait que jusqu'au bout de la nuit, on avance dans sa lecture sans pouvoir s'arrêter.

 

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Découvrez ici Le plaisir de la peur par Franck Thilliez.

 

 

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