Femme ou fille d'un Gentilhomme qui est de noble extraction. Cette personne est bien
Demoiselle, quoy qu'elle soit pauvre, elle est fille de Gentilhomme, elle est veuve d'un Noble de Province. Les femmes d'Advocats tenoient autrefois à grand honneur d'être appellées
Demoiselles : maintenant elles se font appeller
Madame.
DEMOISELLE, se dit aujourd'huy de toutes les filles qui ne sont point mariées, pourveu qu'elles ne soient pas de la lie du peuple, ou nées d'Artisans. Ces deux belles
Demoiselles sont filles d'un Marchand, d'un Procureur. Ce nom ne se donnoit autrefois qu'aux filles des Princes & des Grands Seigneurs, des Barons & des Chevaliers, qui n'estoient point mariées. Et ce mot vient du Bas-Breton ou ancien Gaulois, où on disoit
Demesell en la même signification.
DEMOISELLE, se dit aussi d'une fille qui est à la suite ou au service d'une Dame. Les
Demoiselles suivantes sont les confidentes de leurs Maistresses.
DEMOISELLE, se dit aussi ironiquement & en mauvaise part des femmes de mauvaise vie. C'est un débauché qui a toûjours des
Demoiselles à sa queuë, qui court toutes les
Demoiselles. C'est une
Demoiselle faite à la haste.
DEMOISELLE, est aussi un utencile qu'on met dans le lit pour échauffer les pieds d'un vieillard. C'est un fer chaud qu'on met dans un cylindre creux, qu'on enveloppe dans des linges, & qui entretient long-temps sa chaleur.
DEMOISELLE, est aussi un outil dont se servent les Paveurs pour enfoncer les pavez. C'est un gros cylindre de bois ferré par le bout & pesant, qui a deux ances aux costez pour le manier & l'eslever un peu en l'air.
DEMOISELLE DE NUMIDIE, est un oiseau rare d'un plumage gris plombé, qui a des plumes élevées en forme de creste, longues d'un pouce & demi, mais les costez de cette teste & le derriere sont garnis de plumes noires & plus courtes. Au coin de chaque oeuil elle a un trait de plumes blanches qui passe sous l'appendice, qui luy forme de grandes oreilles de plumes, faites de fibres longues & deliées, comme celles que les aigrettes ont sur le dos. Le devant de son cou a des plumes noires encore plus deliées que celles de l'aigrette, qui luy pendent sur l'estomac avec grace. Ses jambes sont couvertes de grandes écailles par devant, & de petites par derriere. Ses ongles sont noirs & mediocrement crochus. La plante du pied est picotée comme du chagrin. On croit que c'est le même oiseau que les Anciens ont nommé
scops, & les Grecs
otus, qu'Aristote a nommé
basteleur, danseur &
comedien, & Pline
parasite &
baladin : & on l'a appellé en François
Demoiselle, parce qu'il semble qu'il imite les gestes d'une femme qui affecte d'avoir de la grace dans son marcher, dans ses reverences & dans sa danse. Athenée le nomme
anthropoeide, c'est à dire,
ayant forme humaine, à cause qu'il imite ce qu'il voit faire aux hommes ; & il rapporte la maniere dont Xenophon dit que les Chasseurs se servent pour prendre ces sortes d'oiseaux. Ils font semblant en leur presence de se laver les yeux, & au lieu de bassins pleins d'eau, ils en laissent qui sont pleins de glu, de laquelle ces oiseaux se collent les yeux, en voulant imiter ce qu'ils ont vû faire. On en a nourri quelques-uns à Versailles.