
Pourquoi dit-on qu’on est au bout du rouleau quand on n’en peut plus ? Le Robert vous explique, en partenariat avec le podcast La Puce à l’oreille de Lucie Bouteloup sur RFI.
Que signifie l’expression être au bout du rouleau ?
Être au bout du rouleau est une expression familière qui signifie être épuisé, n’avoir plus d’énergie, n’en pouvoir plus. L’épuisement peut aussi bien être physique que moral : on peut être au bout du rouleau après une tâche ménagère ou à cause d’une mauvaise nouvelle. Dans ce dernier cas, l’expression est davantage synonyme de déprimer.
Enfin, être au bout du rouleau peut aussi signifier n’avoir plus d’argent, même si ce sens est plus rare.
Bref, être au bout du rouleau, c’est être au bout de ses ressources, qu’elles soient physiques, morales ou financières.
Quelle est l’origine de l’expression être au bout du rouleau ?
L’expression apparaît au XVIIe siècle, sous une forme un peu différente : d’après le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière (1690), lorsque quelqu’un « ne [savait] plus que dire, ni que faire en quelque discours qu’il [avait] commencé, en quelque affaire qu’il [avait] entreprise », on disait qu’il était au bout de son rollet. Le rollet, diminutif de rôle, est le petit rouleau de papier que les acteurs de théâtre utilisaient pour lire leur texte et apprendre leur rôle. L’expression est donc issue du théâtre : lorsqu’un acteur avait un petit rôle, donc un rollet (ou rôlet), il arrivait rapidement à la fin de son texte et n’avait donc plus rien à dire. On disait alors qu’il était au bout de son rollet.
Le mot rôle, du latin rota « petite roue », qui évoque donc la circularité, a donné lieu à un autre diminutif, rouleau, qui s’est retrouvé plus tard, à partir de 1809, dans l’expression être au bout du rouleau (ou de son rouleau), également avec le sens « parvenir au bout de sa connaissance du rôle, au théâtre ». Ce n’est qu’à partir du début du XXe siècle que, par extension de sens, on commence à employer l’expression pour signifier « avoir épuisé toutes ses ressources », et notamment « être à bout de forces ». Un sens que l’on trouve sous la plume de Céline dans Mort à crédit (1936) : « Ne possédant aucune relation personnelle ou politique, parvenu presque au bout de mon rouleau, n’ayant ni fortune ni parents. »
Ce sens originel de rôle, « rouleau de parchemin portant des écrits », perdure aujourd’hui dans la langue juridique et militaire au sens de « registre » : une affaire peut être rayée du rôle par un tribunal, tandis que les militaires sont enrôlés, c’est-à-dire inscrits au rôle.
Quels sont les synonymes de être au bout du rouleau ?
Dans un registre standard, être au bout du rouleau, c’est n’en pouvoir plus, une expression qui a donné l’abréviation familière JPP (pour je n’en peux plus). On peut aussi tout simplement dire je suis à bout. D’autres synonymes, utilisés surtout par les jeunes, évoquent aussi cette idée de limite atteinte : être au bout de sa vie et même, par analogie avec le rouleau, être au bout du scotch. Enfin, les jeunes diraient aussi, de façon familière, qu’ils sont en PLS.
Pour en savoir plus, vous pouvez écouter le podcast de La Puce à l’oreille consacré à cette expression sur le site de RFI : «Être au bout du rouleau»= être épuisé - La Puce à l'oreille
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