Par Géraldine Moinard, directrice de la rédaction des Éditions Le Robert.
Qu'est-ce que le Petit Robert ?
Né en 1967, le Petit Robert s’est très tôt imposé comme le dictionnaire de référence de la langue française. Riche de plus de 100 000 mots et expressions finement décrits sous un angle avant tout linguistique (étymologie, prononciation, registres de langue, analogies, citations littéraires…), il est un outil précieux pour comprendre le monde, mais aussi pour le dire ou l’écrire avec précision.
Dictionnaire moderne, inscrit dans son époque, il rend compte mieux que nul autre des évolutions passionnantes d’une langue française résolument vivante. Parce que le Petit Robert est « un observatoire, pas un conservatoire » (selon la formule d’Alain Rey), il reflète le français dans toute sa diversité, sans négliger les mots des régions et de la francophonie, les mots familiers et les anglicismes.
Si année après année, sa version imprimée fait toujours figure de bible de la langue française, sa version en ligne offre à ses abonnés un contenu enrichi ainsi que des fonctionnalités de consultation inégalées pour explorer la langue : prononciation audio, arbres de synonymes, recherche par langue d’origine ou par date d’apparition, recherche de rimes, d’anagrammes…
Une version simplifiée et sans fonctionnalités avancées, Dico en ligne, est également disponible gratuitement pour tous sur Internet.
Sur papier comme sur tout type d’écran, le Petit Robert reste le dictionnaire préféré des créateurs, des écrivains, des journalistes, des étudiants, des enseignants, et plus généralement de tous les amoureux de la langue française.
Comment les mots entrent-ils dans le Petit Robert ?
Le repérage des mots et sens nouveaux
Les équipes du Robert collectent les nouveaux mots, sens et locutions en se basant à la fois sur les outils informatiques et sur leur expertise linguistique. D’un côté, les documentalistes effectuent des détections semi-automatiques dans des corpus de textes variés, issus principalement des médias, de la littérature et des réseaux sociaux. Mais documentalistes et lexicographes traquent également les néologismes de toutes sortes (et en particulier les néologismes de sens, plus difficiles à repérer) dans leurs lectures, les médias, les conversations courantes…
Par ailleurs, les recherches des utilisateurs restées sans réponse au sein de nos différents dictionnaires numériques ainsi que les requêtes de définitions les plus fréquentes dans les moteurs de recherche fournissent de précieuses données aux lexicographes. Un mot très recherché révèle un besoin des locuteurs et nécessite donc d’être soumis à un examen rigoureux.
Tous ces mots et sens nouveaux sont engrangés dans une grande base de données puis régulièrement analysés, discutés et sélectionnés selon différents critères au cours de comités éditoriaux.
Les critères de sélection
La langue française est vivante et en constante évolution. Des milliers de mots et sens nouveaux émergent chaque année, mais tous ces néologismes n’ont pas vocation à figurer dans le Petit Robert. Nos choix sont guidés par trois critères principaux qui constituent autant d’indices de l’implantation d’un mot dans la langue.
• La fréquence d’usage du mot
Lorsqu’un mot devient fréquent, la question de sa place dans le Petit Robert se pose naturellement. La fréquence est évaluée à travers l’analyse statistique de vastes corpus de textes, à l’aide de différents outils de mesure.
• La diffusion du mot
C’est la possibilité de rencontrer le mot dans des types de discours variés : la presse, la littérature, les réseaux sociaux... Un mot très fréquent dans un cercle trop restreint ne trouvera pas forcément sa place dans le Petit Robert, tandis qu’un mot qui se diffuse au moyen de plusieurs canaux pourra y figurer en dépit d’une fréquence globale plus faible.
• La pérennité du mot
Le Petit Robert retient des mots qui durent. Il est rare qu’un mot entre dans le Petit Robert moins d’un an après son apparition, et c’est souvent bien plus long. Avant leur sélection, les mots font l’objet d’une observation attentive par les lexicographes, souvent durant plusieurs années, afin de s’assurer de leur pérennité, ou bien de leur importance pour comprendre l’époque actuelle.
Fidèle à la mission qu’il s’est toujours donnée, le Petit Robert s’efforce de proposer un service essentiel : rendre compte de l’évolution d’une langue française riche et vivante et éclairer le sens des mots qui disent le monde pour aider à mieux le comprendre.
Géraldine Moinard, directrice de la rédaction.