Court-on plus facilement quand on n'en a qu'une que quand on en a deux ? On peut légitimement se poser la question, car le dromadaire, qui n'a qu'une bosse, est étymologiquement le « (chameau) qui court ». Son nom fait partie de la famille du grec dromos « course ».
Ce dromos est aussi à l'origine de l'élément français -drome, servant à former des noms de lieux où l'on court : les chevaux courent sur un hippodrome, les lévriers sur un cynodrome, les dromadaires sur un dromadairodrome, tandis que les cyclistes pédalent dans un vélodrome (cherchez l'intrus).
Par extension, -drome sert aussi à créer des noms de pistes, de terrains aménagés pour une activité déterminée : aérodrome pour le décollage des avions, cosmodrome pour le lancement d'engins spatiaux et boulodrome pour le jeu de boules.
C'est un autre jeu dont il est question avec baisodrome, qu'on emploie plaisamment à propos des lieux dédiés aux ébats amoureux. En ce début d'année 2021, ce mot n'a pas le vent en poupe : avec le couvre-feu, les règles de distanciation et la fermeture des lieux de convivialité, les occasions de rapprochement se font rares.
Vaccinodrome, en revanche, est en forte croissance. Apparu discrètement lors de la pandémie de grippe A (H1N1) en 2009, le mot se répand depuis quelques semaines. La France doit-elle ou non installer des vaccinodromes, c'est-à-dire de grands espaces aménagés pour la vaccination de masse, afin d'accélérer la course contre le coronavirus ?
Quoi qu'il en soit, espérons que la pandémie ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir et que des mots en -drome plus réjouissants feront leur apparition : apérodrome, barbeucodrome, musicodrome, câlinodrome, bonheurodrome… La puissance de la langue nous permet toujours d’imaginer des jours meilleurs.