Parle-t-on du 31 décembre, jour bien connu de bamboche où une tenue correcte est exigée ? Pas franchement, mais bonne année quand même !
Cette expression est-elle reliée à un vieux jeu de cartes dit « trente et un », le principe étant de finir la partie avec un total de trente et un points ? Difficile à dire. Quel rapport entre le jeu et le fait de dégainer sa tenue la plus habillée ?
Est-ce, comme il a été dit souvent, une déformation du mot trentain, qui désigne ce luxueux drap tissé de trente fois cent fils destiné à une clientèle de haute volée ? Rien n’est moins sûr : ce mot médiéval inusité n’avait pas cours au milieu du XIXe siècle.
Pire, l’expression « se mettre sur son trente et un » varie selon la plume : dans le Journal des Goncourt, on apprend qu’on peut être sur son trente-deux ; et Balzac, qui a oublié de compter, fait dire à un personnage de La Rabouilleuse : « Enfin, elle est sur ses cinquante et un ! Avec un petit tablier […] qui valait deux années de nos gages. » Alors, Honoré, on abuse du pastis ?
Une explication nous viendrait de la cohabitation franco-prusse : côté casque à pointe, les militaires recevaient tous les « 31 du mois » la visite de leur hiérarchie militaire. En réalité, cette visite avait lieu sept fois par an : l'occasion pour les soldats de redonner du lustre aux plastrons ! Si l’inspection était jugée satisfaisante, les troufions recevaient une petite prime pour « bonne tenue » afin d’arrondir leurs gages.
À l’étranger, on sort le grand jeu avec le même mystère : en Allemagne, on se mettra « en peau de légume » ; en Espagne, on ira « en vingt et un boutons » ; et on s’habillera même « avec un stylo-plume » en Grèce.
Pour une fête de famille, le réveillon ou un rencard, les élégants occasionnels continueront de sortir nœuds-pap’ et robes à paillettes, sans égard pour le jogging informe tristement resté au placard ce soir-là !
"Sans doute en mon honneur, elle s'était mise sur son trente et un, revêtant ce qu'elle possédait de mieux comme frusques, vaguement frusques du dimanche."
Léo Malet, Nestor Burma
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