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Top 10 des mots de la Bretagne

Top 10 des mots

Parmi les langues parlées en Bretagne, on trouve, bien sûr, le breton (en Basse-Bretagne, à l’ouest), mais aussi le gallo (en Haute-Bretagne, à l’est). Le français de Bretagne se caractérise notamment par un vocabulaire influencé par le breton, surtout en Basse-Bretagne, où il fut la langue majoritaire jusqu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Prenez un grand bol (breton) d’air frais avec ce top 10 des mots de la Bretagne !

10. Ankou

L’Ankou est une personnification de la mort qui joue un rôle très important dans la littérature orale bretonne. Il est souvent représenté comme un squelette ou un homme décharné armé d’une faux à la lame montée à l’envers, qui se déplace sur une charrette branlante. Ce personnage, d’origine vraisemblablement celtique, s’est bien marié à une piété bretonne issue de la Réforme catholique, centrée autour de la méditation sur la mort. Il a ainsi inspiré l’art religieux de la Renaissance, même si beaucoup d’œuvres n’ont pas résisté au zèle de recteurs du XIXe siècle. L’Ankou a été popularisé en français par la littérature romantique sur la Bretagne, puis par la monumentale Légende de la Mort, publiée par le grand collecteur de contes bretons Anatole Le Braz. Il inspire encore la littérature populaire moderne et la bande dessinée, comme l’album de Spirou, L’Ankou, dessiné et scénarisé par Fournier (1977).

 

9. Butun drol

Le breton a conservé sous la forme butun le mot français pétun (ou bétun), emprunté au tupi-guarani (langues amérindiennes), mais très tôt remplacé par tabac. Le breton et le français local n’emploient drol qu’au sens de « bizarre », « inquiétant ». On dira donc « C’est comique » plutôt que « C’est drôle », pour quelque chose d’amusant. Le butun drol, cet « étrange tabac », désigne la drogue tirée de la résine de cannabis, dont le nom tabou est, comme dans tant d’autres langues, remplacé par un synonyme argotique : « Çui-là devrait arrêter avec le butun drol... »

 

8. Cuche

Cuche est, en Basse-Bretagne, le nom le plus usuel pour « queue de cheval » : « Attends, j’vais t’faire une cuche. » Il s’agit d’une adaptation du breton kuchenn (« touffe de cheveux »). Le suffixe -enn sert à construire des singulatifs, c’est-à-dire des noms qui désignent une unité issue d’une masse (dir, « acier » > direnn, « lame d’acier ») ou d’un collectif (buzhug, « vers de terre » > buzhugenn, « ver de terre »). Il permet également l’adaptation de mots français féminins, ainsi pasrellenn (« passerelle »). En sens inverse, le suffixe reste suffisamment transparent pour qu’un mot breton comme kuchenn le perde pour former cuche en français local.

 

7. Gwenneg

Avant de subir bien des dévaluations, le sou était une monnaie d’argent (métal blanc). Le « sou » est ainsi nommé gwenneg en breton, un dérivé de l’adjectif gwenn (« blanc »). Le breton du Morbihan a même emprunté le mot français blanc sous la forme blank, pour désigner le « sou ». Le français de Basse-Bretagne a emprunté gwenneg, prononcé [gouènnèk’], au sens de « sous, argent ». Ce sujet sensible est favorable à l’adoption de synonymes argotiques. Dans la région, le mot est très bien identifié et souvent adopté pour des monnaies locales, des produits financiers, ou des systèmes de paiement lors de festivals.

 

6. Kouign-amann

Le kouign-amann est un gâteau fabriqué à partir de pâte à pain, de beurre et de sucre, dont résulte un feuilletage caramélisé. Cette spécialité de Douarnenez s’est d’abord popularisée dans toute la Bretagne avant de devenir, à l’extérieur, un symbole de la région. Kouign-amann se compose des mots bretons kouign (« gâteau ») et amann (« beurre »), en bref : un cauchemar de diététicien ! La prononciation du mot amann est difficile pour les francophones sans accent breton. La deuxième syllabe -ann, celle qui est accentuée, est un a nasal (son du français an), suivi d’un -nn, comme dans le mot ennui. Il est fréquent que les nouveaux venus soient repris lorsqu’ils prononcent kouign-amann avec un a oral.

 

5. Lagenn

Lagenn signifie « bourbier, difficultés ». Les Léonards se plaignent bien souvent d’être dans le lagenn (prononcé [laguènn’]), soit au sens concret : « J’ai laissé mes sabots de bois dans le lagenn » ; soit par métaphore : « Ma promotion est dans le lagenn », « J’ai très mal dormi, je suis dans le lagenn ce matin… » (pour « être dans le coaltar »). Il s’agit du mot breton lagenn, « lac, mare, bourbier », qui est féminin en breton mais masculin en français régional. Lagenn est issu du latin lacus, qui donne le français lac.

 

4. Mod kozh

Avec autant de nostalgie que d’autodérision, les Bretons qualifient souvent de mod kozh les habitudes qui renvoient encore à leur ancien mode de vie : « Je mets toujours mes sabots de bois pour aller au jardin, ici c’est mod kozh ! » Mod est un emprunt au français mode et kozh (« vieux »), un vénérable mot celtique qui apparaît déjà en gaulois sous la forme cottos, nom d’homme gravé sur un bol (breton ?). Les vertus de l’ancien étant de plus en plus reconnues, mod kozh devient un argument de vente et on trouve, par exemple, du pain mod kozh.

 

3. Paotr-saout

Dans la Basse-Bretagne rurale, on appelle paotr-saout la « clôture électrique », ce qui représente une économie de syllabes considérable : « Je me suis pris une sacrée décharge en tombant à vélo sur le paotr-saout ! » Il s’agit du nom breton du garçon vacher (paotr, « garçon », et saout, « vaches »), que ce type de clôture est venu remplacer. En breton, on dit plutôt paotr-saout houarn (littéralement, « garçon vacher de fer »). Hou-arn est en deux syllabes, avec un h- prononcé dans certains endroits.

 

2. Wrac’h gozh

Dans le français de la région de Carhaix, on appelle wrac’h gozh (prononcé [vrac’h gôss’]) les « punaises d’eau » du genre Gerris, improprement nommées « araignées d’eau ». Wrac’h est la forme du nom breton gwrac’h (« sorcière ») après l’article, et gozh, la forme de l’adjectif kozh (« vieux ») après un nom féminin. Cette dénomination de « vieille sorcière » s’explique par une superstition que l’on a longtemps inculquée aux enfants pour leur éviter la noyade, en leur faisant croire qu’une sorcière se cachait dans l’eau des rivières. Les punaises d’eau étaient ses compagnes et le mouvement de fuite qu’elles adoptent parfois en s’éloignant les unes des autres devait signaler l’approche de la wrac’h gozh.

 

1. Yec’hed mad

En Bretagne, on se souhaite volontiers yec’hed mad plutôt que la « bonne santé ». La formule est, bien entendu, prise tout entière au breton, où yec’hed signifie « santé » et mad « bon ». Ceux qui savent un peu ou beaucoup de breton suivent la prononciation bretonne : yec’hed se dit [yéc’hèd] en Léon et [yéc’hëd] ailleurs, avec un -ë- qui représente le e muet français. L’accent est placé sur la première syllabe et le -c’h- est une aspiration peu marquée. Mad se prononce [mat’], avec un -a- long.

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