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Top 10 des mots du Nord et de la Picardie

Top 10 des mots

Le français du Nord, du Pas-de-Calais et de la Picardie se singularise par un vocabulaire bien à lui ; des particularités linguistiques qui s’expliquent, en partie, par la présence sur le territoire du picard et du flamand occidental, mais aussi par les réalités propres au Nord, sans oublier la proximité de la Belgique. Découvrez, à travers cette sélection, un peu de la culture et de l’histoire des Hauts-de-France !

10. Berloquer

Si la table berloque, cela veut dire que les pieds sont de longueur différente, que le plancher est abîmé, ou que la fixation est mal faite : la table branle. Le verbe berloquer signifie donc « être mal fixé, instable » ou « vaciller, bringuebaler ». Le verbe peut aussi signifier « déraisonner », « battre la breloque » : « Cha berloque chez lui. » Dans ce sens, on dit aussi décarocher, qui signifie proprement « dévier de son chemin » en picard.

 

9. Busier, busiller

Ce verbe signifie « réfléchir, penser » : « Arrête de busiller, de gamberger. Qu’advienne le meilleur ou le pire, mais qu’on en finisse. » (M. Quint, Lundi perdu, 1997.) Le même auteur utilise les dérivés busillerie et rebusillerie : « Tant qu’il n’était pas au pied du mur en vrai, que c’était seulement des busilleries sur le danger, il était courageux comme personne. » (Effroyables Jardins, 2000.) Ce verbe est dérivé de buse, oiseau qui a donc, chez les gens du Nord, la réputation d’être « un penseur », avec sa tête figée lorsqu’il guette sa proie (contrairement au sens péjoratif que l’on connaît et qui désigne une personne ignorante).

 

8. Carabistouille

Une carabistouille est une « blague », une « plaisanterie », ou encore une « baliverne », une « histoire manifestement erronée ». Le nom est souvent employé au pluriel : « Il ne faut pas raconter non plus des carabistouilles à nos concitoyens. » (E. Macron, interviewé sur TF1 le 12 avril 2018.) Ce probable dérivé du verbe touiller a été admis au Petit Robert en 2008. On entend, dans le même sens, les noms cacouille ou couille, restés toutefois plus confidentiels, probablement à cause de leur sonorité scabreuse.

 

7. Chicon

Nom régional de l’endive, et vrai emblème de la cuisine du Nord ! Hélas, cru ou cuit, le chicon garde un goût légèrement amer, quelle que soit la préparation. Il n’est pas très plaisant au goût des enfants. Le slameur Serial Crieur évoque en chanson ses souvenirs d’enfance : « Faut pont t’laisser abatte, / Si te veux, rajoute d’eul cassonate, / Quoi, ch’est nin bon ? / Finis tes chicons ! »

 

6. Chirloute

En français régional, la chirloute est un mauvais café, trop faible, ou mélangé à de la chicorée. « Le liquide brun [que] contenait [sa gourde] avait un goût bizarre. C’était de la chirloute, du café très dilué avec un peu de chicorée. » (G. Tyrakowski, www.mineurdefond.fr.) Dans le Nord et en Picardie, la culture du café est très développée : on aime le bon café et on méprise le mauvais ! On en sert à chaque moment de la journée aux visiteurs de passage. Autrefois, la cafetière restait au chaud sur le poêle ; de nos jours, la cafetière électrique reste branchée en permanence...

 

5. Drache, dracher

Ce nom et le verbe qui l’accompagne proviennent du Nord-Pas-de-Calais et de Wallonie mais ne sont pourtant pas totalement inconnus ailleurs. Ils désignent une forte averse, un phénomène météorologique perçu comme typique de ces régions : « Le ciel est tout noir, on dirait qu’il va encore dracher ! » Le mot est issu du flamand de Belgique draschen.

 

4. Étoquer (s’)

Ce verbe signifie « s’étrangler, avaler de travers » : « Ne mange pas si vite, tu vas t’étoquer ! » Il s’agit d’un verbe emprunté au picard, où il a la même signification. En ancien picard, faire estocquier (du moyen néerlandais stocken) avait le sens plus général d’« arrêter le courant d’un liquide dans un conduit ».

 

3. Goulafe

Ce mot, qui signifie « glouton(ne), goinfre », est très vivant dans le Nord, avec ses variantes galafe et galife. On le connaît aussi en Belgique, et ailleurs sous les formes goulafre, gouliafre (cette dernière employée par Victor Hugo). Les hypothèses étymologiques sont différentes : le goulafe a une grande goule (« gueule »), tandis que galafe, galife viendraient de l’ancien verbe galer, « s’amuser, prendre du bon temps », de l’ancien francique wala, « bien ».

 

2. Manicraque

Le nom manicraque désigne, à l’origine, tout mécanisme dont on ne comprend pas le fonctionnement ou dont on ne connaît pas le nom, en particulier un mécanisme rotatif : commutateur, manivelle… Marius Lateur, dans son Lexique des régions minières d’Artois, l’interprète comme quelque chose que l’on manie et qui craque… Hypothèse que nous nous garderons bien de démentir ! Le sens s’est étendu depuis quelques années, au point que le manicraque peut désigner aujourd’hui un appareil électronique comme un ordinateur, pourvu que son fonctionnement reste mystérieux…

 

1. Quinquin

Le mot quinquin désigne un enfant, un bébé, et vient probablement du flamand kind, de même sens. Quinquin est associé par la quasi-totalité des gens du Nord à la berceuse picarde L’Canchon-Dormoire alias Le P’tit Quinquin (Alexandre Desrousseaux, 1853). La chanson évoque une dentellière, ouvrière typique à Lille au XIXe siècle, qui élève seule son enfant. L’œuvre est vite devenue un véritable hymne régional, appelé parfois « Marseillaise des Gens du Nord ».

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Retrouvez bien d’autres mots et expressions dans l’ouvrage Ça se dit comme ça dans le Nord et la Picardie. Promis, on ne vous raconte pas de carabistouilles !

 

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