Menuë & longue piece de bois, ou de metail, qui sert à assembler, ou à fermer quelque chose. Cette porte est composée de trois ais cloüez sur deux ou trois
barres. Ces fenestres ferment bien, il y a des
barres de fer par tout. le vin diminuë
beaucoup de bonté, quand il est au dessous de la
barre du tonneau. les portes cocheres se ferment par derriere avec une
barre. Ce mot vient du
Latin vara, qui signifie un
pieu, une
perche, d'où on a fait aussi
barreau. Menage. Nicod le derive de l'
Hebreu beriah, qui signifie
vectis, levier ou
barre.
On appelle aussi
Barre, une traverse à fermer un passage d'un pont, d'une advenuë, &c. d'où sont venus les mots de
Barriere, Barrage, & autres.
D'autres croyent que
Barre signifioit autrefois toute sorte de tributs, principalement ceux qui se payoient aux
barres & portes des villes & des bourgs.
BARRE, est aussi une longue piece de bois, qui par un des bouts entre dans la teste du gouvernail, & tout le reste entre dans le navire au dessous du deuxiéme pont. Le timonnier tient la barre à la main devant l'habitacle. Elle est supportée par un traversin qui traverse le vaisseau. On l'appelle aussi
timon du gouvernail.
BARRE D'ARCASSE, autrement,
Lissé de hourdi, est la piece qui fait la largeur de la pouppe à la hauteur du premier pont, ou franc tillac, qui est environ des deux tiers du maistre bau. Il y a d'autres
barres qui sont posées au dessous, nommées
sous-barres d'arcasse, qui sont moindres en longueur, à cause de la diminution de la largeur du vaisseau.
BARRES DE HUNE, ce sont des pieces de bois mises en saillie, & enclavées au haut des masts, qui supportent les hunes. On les appelle aussi
barreaux, &
tasseaux. On les appelle sur la Mediterranée
ganterias.
BARRE, se dit aussi des lingots ou pieces de metail étenduës en longueur. On a apporté à la Monnoye 2000.
barres d'argent. le fer se met en
barre à la fenderie. On dit d'une chose precieuse & de bon debit, que c'est de l'or en
barre.
BARRE, est aussi une ligne qu'on tire avec la plume. On s'en sert pour marquer la fin d'un article, d'un chapitre, d'un traitté, & pour les distinguer les uns des autres. On s'en sert aussi pour rayer quelques parties d'un acte, en passant la
barre ou la plume par dessus ou de travers.
BARRE, en
termes de Blason, est une des pieces honorables de l'Escu, qui divise l'Escu en deux parties d'angle en angle, à commencer par le costé gauche d'enhaut en tirant du costé droit. Elle sert communément pour les bastards, aussi-bien que le baston ou filet mis en contrebande. De là vient qu'on dit en proverbe, quand on veut taxer quelqu'un de bastardise, qu'il est du côté gauche, ou de contrebande. On dit aussi,
Barré d'or & de gueules à cinq, ou huit pieces, &c.
On appelle la
Barre de la Cour, le lieu où se placent quelques Conseillers commis pour faire quelques instructions de procés, & les adjudications par decret. Il y avoit autrefois une grande
barre de fer à la porte de la Grand'-Chambre, sur laquelle se venoient appuyer les Conseillers pour recevoir les requestes des parties : ce qu'on a appellé depuis,
Instructions & instances à la Barre. On appelloit aussi autrefois
Barres, les exceptions, & fins de non recevoir, que les deffendeurs proposoient dés le commencement de l'instance : ce que Du Cange prouve par de vieux titres, & dit qu'on les appelloit ainsi, parce qu'elles étoient comme des
barres pour empêcher les plaideurs d'aller plus avant. L'Ordonnance de 1667. a abrogé les procedures qui se faisoient à la
Barre, qui s'appelloient
Defauts aux Ordonnances. On fait l'adjudication des Offices à la
Barre de la Cour. Elle se tient à Paris à la porte de la Grand'-Chambre. Autrefois c'étoit au barreau qui ferme le parquet, d'où elle a pris son nom. La
Barre des Requestes du Palais s'appelle encore aujourd'huy leur
Parquet, & c'est là où se font les instructions des affaires.
BARRE, se dit encore de quelques Jurisdictions subalternes. La
Barre du Chapitre Nostre Dame, c'est la Jurisdiction temporelle du Chapitre de Paris. On appelle aussi la
Barre & Siege de Nantes.
BARRE, en
termes de Marine, est un port où on n'entre que quand la mer est haute, parce que les bancs ou les rochers en deffendent l'entrée. Goa est un port de
barre où on n'entre pas en tout temps.
On appelle sur la Seine la
Barre, un certain flot particulier à cette riviere, qui est environ de deux pieds de haut, qui vient fort impetueusement avec le flus de la mer, & qui est fort dangereux pour les bateaux. Il y en a un pareil sur la Dordogne, qu'on appelle le
Masquaret.
BARRES, au plur. se dit d'un jeu ou course, où les deux partis se placent toûjours en des lieux opposez. Il y avoit aussi autrefois un exercice militaire, qui estoit de lancer la
barre, où celuy-là monstroit plus de force, qui la jettoit le plus loin.
BARRES, en
termes de Manege, sont les parties de la gencive du cheval où il n'y a point de dents, située entre les dents maschelieres & les crochets : c'est où se fait l'appuy du mors. C'est un defaut à un cheval que d'avoir les
barres rondes & peu sensibles.
On appelle en
termes de Chasse, Armes de la
barre, les deffenses d'un sanglier.
On appelle
en Fauconnerie, Barres de la queuë de l'esprevier, certaines bandes noires qui traversent sa queuë.
On dit proverbialement, qu'on donnera cent coups de
barre à quelqu'un, quand on le veut menacer de le bien battre. On dit, Avoir
barre sur quelqu'un, pour dire, Avoir avantage sur luy. On dit, qu'on jouë aux
barres, lors qu'on se va chercher reciproquement en même temps, & qu'on ne se trouve point. On dit encore, Roide comme la
barre d'un huis, pour dire, Fortement & prestement. On dit aussi des personnes peu sociables, qui se querellent souvent, qu'il faut mettre une
barre entre-deux, comme on fait aux chevaux dans les escuries.