De quelqu’un qui flatte, qui fait du zèle pour se faire bien voir, on dit que c’est un fayot. Pourquoi ? Le Robert vous explique, en partenariat avec le podcast La Puce à l’oreille de Lucie Bouteloup sur RFI.
Que signifie l’expression faire le fayot ?
Le fayot, c’est celui qui fait du zèle et flatte sa hiérarchie (ses professeurs, ses patrons…) pour se faire bien voir et obtenir des faveurs. De la cour de Louis XIV aux open spaces d’aujourd’hui en passant par les salles de classe, il a toujours existé et on le trouve partout. Ses façons de faire, généralement grossières, n’en restent pas moins exaspérantes pour son entourage. Vous l’aurez compris, l’expression faire le fayot est loin d’avoir une connotation positive !
D’où vient l’expression faire le fayot ?
Attardons-nous sur le mot fayot : du provençal faiol, fayol, lui-même issu du latin phaseolus, le mot fayot est à l’origine employé dans le département du Midi pour désigner les haricots. Il est aujourd’hui utilisé de façon familière pour parler des haricots secs, des flageolets.
Mais comment est-on passé du flageolet au flatteur ? Pour comprendre ce glissement de sens, il faut remonter au XIXe siècle et monter à bord des navires de la marine. À l’époque, les fayots sont un élément incontournable du menu des marins. Il faut dire qu’ils sont à la fois peu chers et faciles à conserver : un double avantage non négligeable lorsqu’il s’agit de nourrir tout le personnel d’une marine de guerre.
Lassés par ce mets peu savoureux, les militaires ne se rengagent pas moins au terme de leur contrat : ils retournent à l’armée… comme les fayots au menu. Vers 1830, le mot fayot commence donc à être employé dans l’argot des marins pour désigner les militaires rengagés. Ceux-ci ayant tendance à s’appliquer encore plus dans leurs obligations pour se faire bien voir du capitaine et obtenir une promotion, fayot en vient à désigner, vers la fin du siècle (1881), celui qui fait du zèle, qu’il soit militaire ou civil. Le mot quitte ainsi le domaine de la marine pour se diffuser dans d’autres sphères de la société, notamment dans les cours d’école, et chacun peut désormais se voir reprocher de… faire le fayot.
Quels sont les synonymes de faire le fayot ?
L’un des synonymes de faire le fayot est tout simplement… fayoter, verbe qui s’est construit directement à partir du nom. Faire le fayot, c’est aussi, comme on l’a dit, faire du zèle. Dans le sens de flatteur, le français ne manque pas d’équivalents : courtisan, encenseur, complimenteur et, dans un registre littéraire, flagorneur, thuriféraire ou encore panégyriste. Plus familièrement, on dit aussi, bien sûr, cireur de pompes, lèche-botte, lèche-cul voire lécheur. Les plus exaspérés parleront même – attention, registre très vulgaire ! – de suce-boules ou de suceur. Enfin, les Québécois auront peut-être une préférence pour téteux, tandis que les Belges opteront pour frotte-manche.
Pour en savoir plus, vous pouvez écouter le podcast de La Puce à l’oreille consacré à cette expression sur le site de RFI : «Faire le fayot» = flatter pour avoir des avantages - La Puce à l'oreille
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