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Top 10 des noms d'animaux imaginaires

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Les créateurs des Pokémon n’ont rien inventé : depuis toujours, l’imaginaire collectif est peuplé d’animaux hybrides plus ou moins étranges et effrayants, souvent venus de la mythologie gréco-romaine ou de légendes anciennes. Certains sont restés très populaires grâce à la fiction contemporaine : le cinéma et le jeu vidéo ne manquent pas de licornes, de dragons et autres serpents ailés. L’origine de leur nom, en revanche, est souvent méconnue. Je vous propose un petit décryptage étymologique de mes dix bêtes curieuses favorites, dans un ordre de préférence totalement subjectif ! Dans un prochain top 10, je vous parlerai aussi des créatures mi-animales mi-humaines, comme le centaure, le sphinx et la sirène !

10. Licorne

Avant de faire fureur auprès des moins de douze ans, la licorne, cheval ou cervidé muni d’une longue corne frontale, était un symbole de puissance et de pureté dans les légendes médiévales. Son nom vient du latin unicornis « qui a une corne », devenu en anglais unicorn. En italien, unicornis est devenu unicorno, qui s’est déformé en alicorno. Et comme si une déformation ne suffisait pas, le français l’a emprunté avec une mauvaise coupure de l’article : l’alicorno a été pris pour la licorno, qui est ainsi devenu la licorne... Dans le vocabulaire de l’économie, licorne désigne depuis quelques années un autre animal fabuleux : une start-up valorisée à plus d’un milliard d’euros !

9. Chimère

Quand vous parlez d’une idée chimérique, vous ne savez peut-être pas que vous faites référence à la mythologie grecque. Avant de désigner un projet irréalisable, une illusion, chimère était le nom d’un animal fictif à la tête et au poitrail de lion, au ventre de chèvre, à la queue de dragon, et qui crachait des flammes. Le mot, qui vient du grec khimaira, n’a pris qu’au XVIe siècle le sens abstrait qu’on lui connaît avant de donner l’adjectif dérivé chimérique. Maintenant vous savez !

8. Hydre

Sur la liste des travaux d’Héraclès, avant un grand nettoyage et deux rapines, figurait le massacre de l’hydre de Lerne, animal aquatique dont le nom vient justement du latin hydra, emprunté au grec hudra, dérivé de hudôr « eau ». La tâche se révéla difficile : chaque fois qu’Héraclès coupait l’une des têtes du monstre, il en repoussait plusieurs. Notre héros eut alors la brillante idée de brûler les cicatrices pour empêcher les têtes secondaires de repousser, et d’enterrer la tête principale, réputée indestructible. Par allusion au mythe, hydre est devenu plus tard le nom d’un animal bien réel, un polype d’eau douce qui a lui aussi la faculté de régénérer les parties de son corps qui sont coupées. Mais aucun personnage mythologique, à notre connaissance, ne s’y est frotté.

7. Guivre

Imaginez une sorte de serpent aux ailes de chauve-souris et aux pattes de cochon. Cet animal sympathique, c’est la guivre, créature légendaire du Moyen Âge. Son nom est resté vivant dans le vocabulaire héraldique, où il désigne la représentation de cette bête ou d’un simple serpent. Guivre vient en effet du latin vipera auquel la vipère, serpent bien réel, doit aussi son nom. Dans certaines régions, la guivre était connue sous la variante vouivre, à l’origine du titre du roman de Marcel Aymé, La Vouivre, paru en 1943.

6. Dragon

Animal fabuleux apparenté au serpent, souvent représenté avec des ailes et des griffes, le dragon doit son nom au latin draco. C’est un emprunt au grec drakôn « serpent », issu du verbe derkomai « je regarde », à cause du regard fixe de l’animal. Faisant d’abord référence à la culture gréco-latine et chrétienne, il permet aussi, à partir du XVIIIe siècle, de nommer en français une créature comparable propre à la culture chinoise. Le drakkar, célèbre navire des Vikings, porte un nom de la même famille : il fut ainsi appelé à cause de l’emblème sculpté figurant un dragon à la proue. Mais dragon est aussi lié au nom d’un des plus célèbres personnages de la littérature et du cinéma : de même origine, le nom roumain du dragon est dracul, qui inspira Bram Stoker pour nommer le comte Dracula !

5. Capricorne

Le signe astrologique et la constellation du Capricorne portent le nom d’un animal fabuleux à tête et corps de chèvre et à queue de poisson, que Jupiter lui-même aurait placé dans le ciel. Le mot vient du latin capricornus, de caper « bouc » et cornu « corne », formé d’après le grec aigokereus « à corne de bouc ». Voilà pour l’origine du mot. Quant à l’avenir professionnel ou amoureux des natifs du Capricorne, vous n’êtes pas dans la bonne rubrique…

4. Tarasque

Dans les processions folkloriques de Provence et d’Espagne, on peut apercevoir l’effigie d’une sorte de dragon à six pattes, à la carapace de tortue et à la tête mi-humaine mi-léonine : c’est la tarasque. Dans la région de Tarascon, on raconte que la bête dévorait les voyageurs qui traversaient le Rhône, jusqu’à ce que sainte Marthe dompte la bête et que les villageois la tuentLa bête aurait alors donné son nom à la ville... C’est une pure légende, car c’est le contraire qui s’est produit : la tarasque fut nommée d’après Tarascon, qui provient vraisemblablement d’une racine très ancienne, tar-, signifiant « pierre, rocher ».

3. Dahu

Si on vous a déjà envoyé à la chasse au dahu, c’est qu’on vous a pris pour un(e) imbécile ! Le dahu est un animal imaginaire à l’affût duquel on poste une personne crédule pour s’en moquer, et auquel on a donné diverses formes, tantôt un oiseau, tantôt un quadrupède dont deux pattes étaient beaucoup plus courtes que les deux autres afin de se tenir plus aisément à flanc de montagne. Son nom est attesté depuis le XIXe siècle et on en trouve plusieurs variantes selon les régions. Mais si certains étymologistes le rattachent à l’adjectif dalu « niais, stupide », son origine exacte reste bien mystérieuse…

2. Catoblépas

Le catoblépas est un animal aussi bizarre que son nom, qui vient du grec katoblepein « regarder en bas ». C’est en effet une sorte de buffle au cou grêle qui porte sa tête avec difficulté, de telle sorte qu’elle penche toujours vers le sol. Tant mieux pour nous car, selon la légende, quiconque croise son regard meurt immédiatement ! Cité dès l’Antiquité par Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle, le catoblépas est devenu en littérature le symbole de la bêtise. Dans son roman Des éclairs, Jean Echenoz dit du pigeon qu’il est « encore plus con qu’un catoblépas ». C’est dire !

1. Coquecigrue

Plutôt que quand les poules auront des dents, Rabelais préférait l’expression à la venue des coquecigrues, c’est-à-dire… jamais, car cet oiseau est totalement inventé ! L’origine du mot est obscure. Il évoque les noms de différents animaux : coq, cigogne et grue. Le linguiste Pierre Guiraud suggère une formation plus complexe qui donnerait à coquecigrue le sens littéral d’« attente de rien ». Coquecigrue est en tout cas devenu un synonyme littéraire de baliverne et de sornette, employé à propos d’idées absurdes. Bien placé dans une conversation mondaine, il fait toujours son effet !

 

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© Fotokostic

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