cerf

Animal sauvage que les Grands Seigneurs prennent plaisir à chasser, qui est fort leger à la course, & qui porte un grand bois. Le cerf a le pied fourchu, le col long, de petites oreilles, & la queuë courte. Il est de la taille d'un bidet, de poil brun, fauve ou rougeastre. La femelle du cerf s'appelle biche. Le petit du cerf s'appelle faon. Jean André Graba Medecin d'Erford a fait un Traitté de la description du cerf, tant physiquement que medicalement, qu'il appelle Elaphographie.Le cerf change de nom suivant son âge. En sa premiere année on l'appelle faon ; en la seconde daguet ; en la 3. 4. & cinquiéme année, c'est un cerf à sa premiere seconde ou troisiéme teste. La sixiéme année on l'appelle cerf de dix cors jeunement ; la septiéme, cerf de dix cors. La huitiéme on l'appelle grand cerf ; & la neufviéme, grand vieux cerf : aprés lequel temps sa teste n'augmente plus. On dit qu'un cerf n'a point de refus, quand il est chassable & en saison. Ce mot vient du Latin cervus, qui vient du Grec keraios, de keras, cornu, corne.Un bois de cerf, est le terme dont les Chasseurs appellent ce que les Tablettiers appellent les cornes. Et on appelle raclure de corne de cerf, ce qui en sort quand on rappe ce bois. C'est un remede astringent. On en fait aussi de la gelée qu'on appelle de poisson, qui est bonne au goust, mais qu'on rend de même qu'on l'a prise. On appelle aussi une teste de cerf, le bois d'un cerf : & on dit qu'un cerf pose son bois ou sa teste, ou met bas, quand ce bois luy tombe ; & on dit alors, qu'il fraye & decroute sa teste. On appelle une teste bien née, bien semée, quand elle est également marquée en ses deux perches. La perte du bois des cerfs vient de ce que tous les cerfs ont des vers qui s'engendrent sous la langue auprés de la nuque du col, gros comme ceux des chairs corrompuës. Ils sont environ 20. en nombre, & se tiennent l'un à l'autre tout en un tas. Ils rongent la racine du merrein.On appelle la meule du cerf, la bosse qui est sur sa teste, d'où sort le merrein, la perche ou le fust de son bois qui produit la rameure. Antouillers ou andouillers, sont les premieres branches du bois du cerf prés de la meule ; surandouillers les secondes branches. Celles qui sont au dessus s'appellent enfourchure, chevillure, trochure & paumure. La coronure se dit des espois ou branches qui sont à la cime en guise de couronne. Espois de teste de cerf sont les cors ou cornichons de la coronure, paumure, trochure & enfourchure de teste. On appelle teste affourchie, celle qui represente une fourche. Les testes contrefaites s'appellent simplement testes. La pince du cerf, c'est l'extremité de l'ongle d'enbas sur le devant ; le talon, le costé du pied, ou les os.FUMÉES DE CERF, ou Troches, ou Plateaux, sont la fiente du cerf. Muë de cerf, c'est la cheute de sa teste, pendant laquelle il se recelle & demeure caché dans son buisson. Les marques de la piste du cerf sont les portées, les fumées, les allures, les foulées, les fuites, & sa maniere de marcher. Il dresse plus volontiers ses fuites par les grands chemins, car il va toûjours à costé, & jamais dans les pistes des autres. On appelle aussi pieds de cerf, les voyes & les marques qu'il a empreintes sur terre en marchant. On estime fort en Medecine la moëlle de cerf : & on tient que l'os du coeur d'un cerf favorise l'accouchement. Le cerf n'a point de vessie de fiel ; mais au bout de sa queuë on trouve un certain ver tirant presque à la couleur de fiel, qui est un poison aussi dangereux que le napellus.RUT DE CERF. C'est la saison où le cerf est en chaleur & recherche la femelle. On appelle daimtiers les testicules du cerf. Les cerfs privez de leurs daimtiers ne muent plus leur teste ; ou s'ils sont alors sans teste, il ne leur en revient plus de nouvelle.HARDES DE CERFS. Ce sont des cerfs qui vont en trouppe, particulierement quand il neige. On appelle, Lancer le cerf, quand on le fait partir. Le cerf qu'on a lancé s'appelle droit. Celuy qu'on rencontre en chemin s'appelle le change. On dit aussi, qu'un cerf est au ressuy, quand il est au Soleil aprés la rosée, ou aprés sa course. On appelle muse de cerf, la triste contenance où il se trouve tandis qu'il est en amour. On dit aussi, que le cerf fait le ronge, pour dire, qu'il rumine. On appelle le lit, la chambre ou la reposée du cerf, son fort, sa demeure, un lieu où les arbres & les herbes sont fort touffus.On appelle aussi escuyer de cerf, un jeune cerf en compagnie d'un vieil. Quelques-uns l'appellent broquart. Il a un petit bois fort pointu.On dit que le cerf est de bon temps, ou de hautes erres, quand il va viste & loin, ou quand ses pistes sont fraîches : qu'il va de vieux temps, quand il est las & recreu, ou qu'il va sur les vieux vestiges. On dit qu'il balance, quand il va deçà & delà, & est incertain dans sa course. On dit, Demesler & redresser le cerf, pour dire, Quitter le change, & frapper à route.On leve le pied droit du cerf pour presenter au Seigneur ou Maistre de la chasse. Le massacre, qui est la teste separée du corps, est le droit du Veneur qui a détourné le cerf. Il en fait le premier droit à son limier. Les menus droits sont la langue, le mufle & les oreilles. Le cimier est le dessus du dos approchant des cuisses. La nappe du cerf, c'est sa peau. On oste le parement du cerf, c'est à dire, une chair rouge qui est attachée à sa peau, quand on fait la curée.On dit, qu'un cerf prest à se rendre va feignant son corps, lors qu'en chancelant il fait de grands bonds, de grandes glissées, & donne des os en terre : & qu'il est aux abois, quand il est las & manque de force pour courir. On dit que les cerfs enterrent leur bois, ensorte qu'on a du mal a le trouver : de là vient qu'on dit en proverbe, qu'une chose est au lieu où le cerf a posé sa teste, pour dire, qu'elle est malaisée à trouver. Matthiole dit que les cerfs traversent la mer en trouppe, & se soûlagent les uns les autres, en mettant leurs testes sur le derriere de ceux qui vont devant ; & qu'ils vont ainsi de Sicile en Chypre. Ils vivent plusieurs siecles, puis que Pline dit qu'on en a trouvé qui avoient des colliers d'or qu'Alexandre leur avoit fait mettre, qu'on a pris plus de cent ans aprés sa mort ; & que ces colliers étoient recouverts de leur peau. On en a trouvé de semblables en Allemagne & en France. Il dit aussi que ce sont les cerfs qui ont monstré la vertu du dictame pour guerir les playes des flesches. Il y a un si grand nombre de cerfs au Royaume de Siam, qu'on y en tuë tous les ans plus de 150. mille, dont on envoye les peaux au Japon. Il y a aux Indes Occidentales des cerfs privez qu'on éleve dans les maisons, & qui vont paistre à la campagne sous la conduitte des Bergers, & qu'on ramene le soir ; & du laict des biches on en fait du fromage. Herrera.Il y a un cerf de Canada qui a quatre pieds de haut, & son bois trois pieds, & ses andouillers un pied. Il en a six à chaque perche. Pline & Aristote disent que c'est le plus grand nombre que les cerfs en peuvent porter. Cependant il y en a icy qui en portent jusqu'à 22. Ce bois est couvert d'une peau fort dure, & garnie d'un poil espais & court. On en a dissequé un à l'Academie des Sciences, où on n'a trouvé que deux ventricules fort distincts, quoy que ce soit un animal ruminant. Ses intestins pris tous ensemble avoient 96. pieds de long. On y a trouvé plusieurs pieces de cuir de la grandeur d'un escu blanc, des morceaux de plomb grands comme l'ongle, qui paroissoient usez & rongez, & quelques fragments d'ardoises : ce qui fait croire qu'ils amassent à la haste leur nourriture, & qu'ils l'épluchent à loisir.On appelle dans le manege mal de cerf, un rheumatisme qui tombe sur les maschoires & sur le train de devant d'un cheval.En termes de Blason, on dit un cerf sommé, c'est à dire, ramé de 9. 10. 11. ou 13. cors, quelquefois sans nombre. Quand on n'y met que la teste seule, elle doit monstrer les yeux & les deux oreilles ; & alors plusieurs l'appellent massacre.On dit proverbialement, Au cerf la biere, & au sanglier le Miere, ou le Barbier, pour dire, que les playes que fait le cerf sont mortelles, car le Miere signifioit autrefois Medecin. On dit aussi, qu'un cerf bien donné aux chiens est à demi pris.