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Faire un carton

marquer des points (aux dépens de l’adversaire), réussir
Drôles d'expressions

D’un film numéro un au box-office ou d’un candidat qui bat ses concurrents haut la main, on dit familièrement qu’ils ont fait un carton : ils ont eu un beau succès.

Il ne s’agit pas de gagner aux cartes, même si l’on dit que l’on tape le carton. Ni même de voir l’arbitre infliger un carton jaune ou rouge à un footballeur fautif. C’est dans les fêtes foraines qu’il faut se rendre, là où de grandes feuilles de carton, marquées de zones concentriques permettant un décompte de points, servent de cible sur les stands de tir. Faire un carton, c’est d’abord atteindre la cible, faire mouche. Régis Debray écrit dans L’Indésirable : « Abattre cette file indienne d’hommes désarmés au milieu du fleuve, c’était comme faire un carton à un stand de foire. »

De là est né l’emploi familier du verbe cartonner, « réussir, avoir plein succès ». Quand on entend faire carton plein, on imaginerait aisément la cible pleine d’impacts du bon tireur. En réalité, cette expression renvoie à un jeu beaucoup plus paisible. Tandis que certains se mesurent sur les stands de tir, d’autres s’assoient tranquillement pour jouer au loto ou au bingo. Des cartes portant des numéros sont distribuées aux participants. Le premier qui a rempli sa carte avec des numéros tirés au hasard a gagné : il a fait carton plein.

On peut désormais distinguer les deux expressions. Si l’on veut gagner un jambon, on devra faire carton plein. Mais si on veut remporter la plus grosse peluche de la fête foraine, il faudra faire un carton, tout court.

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Extrait de l'ouvrage 150 drôles d’expressions que l’on utilise tous les jours sans vraiment les connaître racontées par Alain Rey.

 

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