Jouïr d'une chose, en disposer, en être maistre. Le Turc
possede de grands Estats. Le Roy
possede un beau Royaume. Ce Seigneur
possede une belle terre. Ce bourgeois
possede une belle maison.
En Jurisprudence on
possede à plusieurs titres ; en proprieté, lors qu'on a la disposition absoluë d'une chose, qu'on la peut vendre, engager, &c. On
possede par usufruit, ou à titre de precaire, quand on n'a que la jouïssance des fruits, comme celle d'un doüaire, d'un benefice.
Posseder d'esprit, se dit lors qu'on abandonne ses heritages pour voyager, dans le dessein de retourner.
Posseder en fief, à titre de foy & hommage ; en roture, à titre de cens ; en main morte, avec servitude ; par indivis, en commun ; par engagement, à faculté de rachat.
Posseder au nom d'autruy, c'est à dire, à ferme, à loüage.
POSSEDER, se dit aussi des choses mobiliaires. Il
possede de grands biens, de grands tresors. Un amant
possede sa maistresse, en a la jouïssance.
POSSEDER, se dit figurément en choses spirituelles & morales. Le favori
possede l'esprit du Prince. Le Roy
possede les coeurs de son peuple. Les Bienheureux
possedent la gloire éternelle. Ce Docteur
possede bien sa Theologie, il la sçait à fonds ; il
possede bien la Bible, les Peres, les Conciles, il les a bien leus. La colere, la fureur, la rage, l'amour, l'avarice le
possedent, pour dire, il est maistrisé par ces passions. Cet homme se
possede bien, il est maistre de luy-même. Un Orateur doit bien se
posseder, s'entendre parler, n'être point troublé par la veuë du peuple.
On dit aussi, Faisons cette affaire, tandis que je vous
possede, pour dire, tandis que vous estes chez moy, que je jouïs de vostre loisir. Cette beauté
possede tous les dons du ciel & de la nature.
On dit aussi, qu'un homme est
possedé du Demon, du malin Esprit, soit lors que le Diable est entré dans son corps & le tourmente effectivement, soit lors que son esprit se porte à entreprendre quelque grande méchanceté.
POSSEDÉ, ÉE. part. pass. & adj.