Corps qui a une qualité qui blesse, qui offense les sens, & particulierement celuy du toucher. Les pays de montagnes sont rudes, aspres & raboteux. Il fait un temps
rude, un froid
rude & piquant. Cette voix est
rude, escorche l'oreille. Ce vin, ce pain, sont
rudes, escorchent la langue, le palais, le gosier. Les yeux
rudes sont ceux qui sont hagards, farouches, qui font peur. Cette femme a la peau
rude, une chair d'oison.
RUDE, se dit aussi de ce qui est violent, penible, difficile. Voilà une besogne, un travail bien
rude. Le mestier de la guerre est bien
rude & penible. Il y a eu un
rude choc entre ces parties, ils ont fait un
rude effort, pour dire, fort violent. Les amans se plaignent qu'ils souffrent un tourment tres-
rude.
RUDE, se dit figurément en choses spirituelles & morales. JESUS-CHRIST dit que son joug est doux & n'est pas
rude. Les Catons estoient d'une humeur
rude & farouche. La servitude est
rude chez les Infideles. La Poësie evite les mots
rudes. La civilité ne souffre pas qu'on use de
rudes paroles, de
rudes traittements. Un Confesseur ne doit pas donner des penitences trop
rudes, trop difficiles à executer. Il est bien
rude d'estre reduit à la necessité de servir ceux à qui on devroit commander.
On dit aussi, qu'un cheval a le pas, le trot
rude, pour dire, qu'il fatigue son cavalier. On dit encore, qu'un carrosse est
rude, quand il est mal suspendu, quand il donne de
rudes secousses dans les cahots.
On dit proverbialement, qu'un homme est bien
rude à pauvres gens, pour dire, qu'il prend avantage de sa qualité pour maltraitter un inferieur. On dit aussi, qu'il est un
rude joüeur, quand sous pretexte de jeu il bat, il blesse les gens.