Partie de l'animal, qui dans sa capacité enferme les entrailles, ou les autres organes necessaires pour faire agir toutes ses facultez. Les Medecins divisent le corps humain en trois
ventres, regions ou capacitez. Le premier est la teste ; le second la poitrine jusqu'au diaphragme ; & le troisiéme celuy où sont les intestins : & c'est celuy qu'on appelle communément le
ventre. Ce
ventre inferieur se subdivise en trois regions. La premiere & la plus haute s'appelle
epigastrique, & s'étend depuis l'os xiphoïde jusqu'auprés du nombril ; la seconde,
umbilicale, qui est aux environs du nombril. Elle a trois ou quatre doigts de large, & contient les lombes & les reins. La troisiéme est l'
hypogastrique, qui s'étend jusqu'aux parties honteuses : c'est proprement ce qu'on appelle le
bas ventre. Hippocrate l'appelle
estron. Ses deux costez s'appellent les
flancs ; & ses plus basses extremitez s'appellent les
aines, que les Grecs nomment
boubons.
VENTRE, signifie aussi la partie exterieure du bas
ventre. Le nombril est au milieu du
ventre. Il a de l'eau jusqu'au
ventre. On luy a donné un coup de pied dans le
ventre. On luy a dansé à deux pieds sur le
ventre. Et figurément, Il est à la paille jusqu'au
ventre, pour dire, Il est bien à son aise, il est fort riche. On dit qu'on a passé sur le
ventre à ses ennemis, pour dire, qu'on les a deffaits & mis en fuite. En ce dernier sens on dit qu'un homme a un benefice de
ventre, quand il a un petit cours ou flus de
ventre, qui luy lasche le
ventre, qui luy rend le
ventre libre, qui l'empesche d'avoir le
ventre dur, qui luy fait décharger son
ventre. On dit aussi, se coucher sur le
ventre ; des douleurs de
ventre, quand on a la colique. Les organes naturels qui servent à la digestion & à la generation, sont contenus en la basse region du
ventre.
VENTRE, se dit aussi de l'estomac qui est enfermé dans la même capacité, & qu'on appelle pour cela
petit ventre. Jonas fut trois jours dans le
ventre de la baleine. On nous a donné une bonne carrelure de
ventre, pour dire, un bon repas. Le
ventre luy tire, pour dire, Il y a long-temps qu'il n'a mangé, qu'il n'a rien dans le
ventre, c'est à dire, dans l'estomac. Cet homme est sujet à son
ventre, il fait son Dieu de son
ventre. Il est raisonnable de servir Dieu devant son
ventre.
VENTRE, signifie aussi la poitrine : & c'est en cette seconde concavité ou region où est situé le coeur. En ce sens on dit, Tant que le coeur me battra dans le
ventre. Il luy a crevé le coeur au
ventre : & figurément, on dit de celuy à qui on oste ce qu'il aime, C'est luy arracher le coeur du
ventre ; & de celuy qu'on a encouragé, On luy a remis le coeur au
ventre. Les organes qui servent à la respiration & au battement du pous, sont compris dans ce
ventre moyen.
VENTRE, se dit aussi de la teste, qui est cette premiere capacité dont il a été cy-devant parlé ; & alors il signifie l'esprit, la pensée. En ce sens on dit, Allez sonder cet homme-là, & voyez un peu ce qu'il a dans le
ventre, ce qu'il pense, ce qu'il veut faire. Ce Poëte n'a pû faire que cent vers sur ce sujet, c'est tout ce qu'il avoit dans
le ventre.
VENTRE, à l'égard des femmes, se dit de la matrice & de leur grossesse. Nous disons de la Sainte Vierge, Beni soit le fruit de ton
ventre, & le
ventre qui t'a porté. On croit que cette femme a deux enfants dans le
ventre, tant elle a le
ventre gros. Elle s'est laissé enfler le
ventre.
En Jurisprudence, on dit que l'enfant suit le
ventre, pour dire, qu'il est de condition libre, ou servile, selon celle de sa mere. On dit aussi, Creer un Curateur au
ventre, à l'égard des enfants posthumes qui sont encore dans le
ventre de leur mere. A l'esgard des Princes, on a quelquefois couronné le
ventre.
VENTRE, se dit aussi des animaux. Ce cheval n'a point de
ventre ; on dit autrement, n'a point de boyau, quand il est serré des flancs.
VENTRE, se dit aussi des creux & capacitez qui sont dans la terre. Le mont Gibel a fait sortir de son
ventre quantité des flammes, de cendres, de pierres ponces. L'avarice des hommes a fouillé dans le
ventre de la terre pour tirer l'or de ses entrailles. La mer a englouti ce vaisseau dans son
ventre.
VENTRE, se dit encore des creux & capacitez des choses artificielles qui ont quelque enfleure, quelque eminence. Le
ventre d'un navire, d'un tonneau, d'une bouteille. Il faut voir ce que cette bouteille a dans le
ventre. Le
ventre d'un pot d'estain, d'une cruche. Le
ventre d'un tambour. On dit aussi le
ventre d'un luth.
En Maçonnerie, on dit qu'une muraille fait
ventre, quand elle pousse en dehors, quand elle n'est plus à plomb, quand elle menace ruine.
En Astronomie, on appelle
ventre du Dragon, l'espace le plus esloigné des noeuds ou de la teste & de la queuë du Dragon : c'est celuy où les orbites des Planetes sont le plus esloignées.
En Medecine, on appelle le
ventre d'un muscle, sa partie charneuse la plus enflée.
En Chymie, on appelle
ventre de cheval, le fumier, dans lequel enfermant quelques vaisseaux, on fait plusieurs operations par le moyen de la chaleur douce qui y est contenuë.
VENTRE, se dit proverbialement en ces phrases. On dit qu'on a mis le feu sous le
ventre à quelqu'un, pour dire, qu'on luy a fait prendre courage, qu'on l'a excité à faire quelque action vigoureuse. On dit aussi d'une chose dont on est mal satisfait, qu'on ne veut point recommencer, C'est le
ventre de ma mere, je n'y retourne plus. On dit aussi,
Ventre affamé n'a point d'oreilles, pour dire, qu'un homme assiegé ou affamé n'escoute point les remonstrances. On dit aussi, boire à
ventre deboutonné, rire à
ventre deboutonné, pour dire, de toute sa force. Rabelais adjouste, car autrefois on se boutonnoit le
ventre. On dit aussi en goinfrerie, Tout fait
ventre, pourveu qu'il puisse entrer. On dit aussi, qu'on a battu un homme dos &
ventre, qu'on luy en a donné sur le
ventre & par tout, pour dire, qu'on l'a bien battu. On dit qu'on a demandé pardon
ventre à terre, pour dire, avec la derniere sousmission. On dit aussi,
ventre de son, robbe de velours, pour dire, qu'il y en a qui font mauvaise chere pour avoir de quoy paroistre en habits. On dit aussi, le dos au feu, le
ventre à table, de ceux qui sont fort à leur aise en hiver.