Définition ancienne de PECHÉ s. m.
Contravention aux commandements de Dieu & de l'Eglise. Le
peché originel est le
peché de nos premiers Peres qui a infecté toute la nature humaine. On croit pieusement que la Vierge a été exempte du
peché originel. Les Casuïstes distinguent les
pechez actuels, en
mortels qui font perdre la grace de Dieu, & en
veniels qui se pardonnent aisément, qui sont des
pechez de fragilité. Ils reduisent les
pechez sous sept
pechez capitaux. La Confession sacramentale est le remede au
peché, on y reçoit l'absolution de ses
pechez, les
pechez y sont remis. Ce sont nos
pechez qui ont crucifié JESUS-CHRIST, il s'est incarné pour racheter nos
pechez. C'est l'Agneau de Dieu qui oste les
pechez du monde. Ce mot vient de
pechan Hebreu signifiant la même chose, à ce que croit Nicod.
On appelle le
gros peché, l'adultere, la paillardise, le
peché de la chair, les
pechez contre nature. Les
pechez contre le St. Esprit sont ceux qui ne se pardonnent ni en ce monde, ni en l'autre. Chaque
peché a un degré particulier de malice. La somme des
pechez du Benedicti. Une infinité de Casuïstes ont écrit sur les
pechez.
PECHÉ, se dit proverbialement en ces phrases.
Le peché que l'on cache est demi pardonné. C'est un vers de
Regnier. On dit qu'on recherche les vieux
pechez de quelqu'un, quand on va rechercher sa vie passée, ce qui étoit au rang des
pechez oubliez. On dit aussi, qu'un homme mourra dans son
peché, lors qu'il est obstiné dans le mal, qu'il se plaist à croupir dans son
peché. On dit aussi, qu'une femme a dit les sept
pechez mortels d'une autre, pour dire, qu'elle en a dit tout le mal qu'elle s'est pû imaginer.
Définition ancienne de PESCHE s. f.
est un gros fruit à noyau qui vient sur la fin de l'esté, des plus delicieux qui se mangent. La premiere & la plus hastive est l'avantpesche musquée, qui est blanche & petite, douce & sucrée. La pesche de Troye est une avantpesche musquée rouge qui est plus grosse ; & une autre qu'on nomme la double de Troye, est plus ronde. L'alberge est jaune dedans & dehors, de mediocre grosseur, d'excellent goust, un peu platte. Son noyau est d'un rouge violet. Il y a une alberge rouge, & une autre violette. La pesche magdelaine est grosse & ronde, & prend un peu de rouge. C'est la plus estimée des pesches. Il y en a une musquée qui a plus de goust que les autres. La pesche magdelaine rouge, ou pesche païsanne, vient moins grosse que la blanche, & sa chair est delicieuse. La pesche mignonne, ou la veloutée, est une espece de magdelaine hastive plus platte que ronde, fort colorée en dehors & en dedans. Le pavis blanc & le masle de la magdelaine est d'un goust fort relevé & musqué. Il y a aussi un pavi rouge & jaune, & il n'y a point de pesche qui n'ait son pavi. La pesche cerise est petite, lice, ronde, a la chair dure, seche, & de peu de goust. La pesche loyale est belle & rouge, plus longue que ronde. La belle chevreuse est d'un rouge fort vermeil, & d'une eau fort douce, qui est longuette & assez grosse. La pesche d'Italie est une de ses especes, & tire sur la pesche de Pau. La pesche dreusel est plus longue que ronde, fort veluë & colorée. On la nomme sanguinole, à cause que sa chair est toute rouge. La pesche bourdin est toute ronde, tres-charnuë, assez rouge, d'une mediocre grosseur, d'un goust tres-relevé, & passe pour une des meilleures pesches. La pesche violette est plus longue que ronde, vineuse, & tres-fondante. Il y en a de la grosse, & de la petite espece. Il y en a aussi une tardive ou panachée qui vient en automne. La pesche lissée blanche est plus rare, & n'a pas le goust si relevé que la violette. Il y en a une autre lissée, jaune, assez grosse, & platte & tardive. Toutes ces pesches lices ont leurs masles qu'on nomme brugnons, qui sont plus ronds, plus gros, & d'un goust excellent & relevé, qui les fait nommer musqués. Ils ont la chair ferme & dure, & ne quittent point le noyau. Le teton de Venus est une pesche qui ressemble assez à l'admirable, qui est ronde, & faite en teton, qui a une pointe comme une tete, qui est blanche en dedans, & un peu rouge en dehors, qui a une chair delicate & fondante, & une des meilleures des pesches tardives. La pesche commune appellée pesche de Corbeil, est ronde, blonde, veluë, assez bonne, comme une madelaine bastarde, mais elle est amere dans les terres fortes. Il y a une pesche à fleur double plus recherchée pour sa fleur que pour son fruit. La pesche dite admirable, à cause de sa grosseur, beauté & bonté, est presque ronde, & rouge, tres-fondante, & comme une madelaine tardive. La pesche pourprée, ou la nivette, est une grosse pesche presque ronde, d'un rouge brun velouté, fort charnuë, & de tres-bon goust. La pesche dandilly est tres-grosse, ronde, charnuë, blanche dehors & dedans, qui est comme une persique blanche. La persique est une tres-grosse pesche, moins longue, & plus ronde que la pesche de Pau. Elle est rouge & pointuë, & a d'ordinaire des bosses. Sa chair est delicate, pleine d'eau, & tres-rouge vers le noyau, qui est plat & pointu. La pesche d'abricot, ou scandalie, est de deux sortes, toutes deux rondes ; l'une veluë, & un peu rouge ; l'autre plus lice, & jaune, dont la chair a le goust d'abricot. La pesche bellegarde est belle, grosse, ronde, fort peu rouge dedans & dehors, & tres-bonne, & assez tardive. La pesche Narbonne est grosse & verdastre, a la chair seche & cotonneuse, qu'on estime parce qu'on la mange en la saison tardive. La pesche rossane de Languedoc est jaune dehors & dedans, longue, grosse & tardive. La belle de Vitri est une tres grosse pesche camuse, charnuë & pleine de bosses, fort rouge vers le noyau qu'elle a petit, est tardive & excellente. La pesche de Pau est de deux sortes ; la ronde qui est la meilleure ; & la longue, qui est platte, & sujette à pourrir au dedans, son noyau se fendant pour l'ordinaire. Son masle est tres-gros, & nommé pavi monstrueux, beau, rouge, & tres-charneux. Il y a aussi plusieurs autres especes de pesches, comme pesches blanches, jaunes, & rouges, mericotons, & pesches beteraves, qui ont de la peine à meurir en ces pays-ici.
Définition ancienne de PESCHE s. f.
Action par laquelle on prend du poisson. Aller à la
pesche des moruës, du hareng, des baleines. Cet homme entend bien la
pesche, est adroit à la
pesche. La
pesche des perles se fait par le moyen des plongeons. Cet estang est en
pesche, on en laisse écouler l'eau par la bonde.
Les Ordonnances ont fait plusieurs reglements sur la
pesche, & defendent plusieurs filets & engins à pescher. Les anciennes de François I. & de Henry II. deffendent le bas roborin, le chiffre garnis, valois, amandes, le pinsoir, le truble à bois, la bourache, la charte, le marchepied, le cliquet, le rouable, le clameci, faissine, fagots, nasses pelées, jonchées, ligne de long à menus hameçons. L'Ordonnance nouvelle de 1679. y adjoûte les gilles, tramails, furets, esperviers, chalons, sabres, &c. comme aussi deffend de bouiller avec bouilles & rabots tant sous les chevrins, racines, saules, osiers, terriers, aux arches des ponts, ni aux herbes, ni de mettre lignes avec eschecs & amorces vives, de mettre braye à chausse ni queure, & que l'on y adjoûte boussel épais, ensemble de porter chaisnes & clairons en batelets, & d'aller à la fare & au barandage, & de pescher dans des nouës avec des filets pour prendre le poisson, & le fray qui y a été porté par les debordemens ; comme aussi deffend de jetter dans les rivieres aucune chaux, noix vomique, coque de Levant, momie, & autres drogues & appasts, à peine de punition corporelle.