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Être au trente-sixième dessous

être dans une très mauvaise situation ; être déprimé
Drôles d'expressions

Que signifie l’expression être au trente-sixième dessous ? D’où vient-elle ? Et pourquoi le chiffre trente-six ? Le Robert vous explique, en partenariat avec le podcast La Puce à l’oreille de Lucie Bouteloup sur RFI.

Que signifie l’expression être au trente-sixième dessous ?

Avec ce chiffre qui semble nous emmener dans des profondeurs interminables, on imagine aisément qu’il n’est pas souhaitable d’être au trente-sixième dessous… Et pour cause ! Être au trente-sixième dessous, c’est se trouver dans une très mauvaise situation. Cette expression peut servir à la fois à évoquer une détresse morale, une souffrance physique ou un échec cuisant.

Par exemple, une personne peut être au trente-sixième dessous en raison d’une maladie ou après une rupture amoureuse, tout comme une entreprise peut être au trente-sixième dessous à cause de difficultés économiques.

 

D’où vient l’expression être au trente-sixième dessous ?

Pour connaître l’origine de cette expression, il faut plonger dans un univers bien précis : celui du théâtre. Si vous avez déjà assisté à une pièce de théâtre ou à un ballet avec des décors grandioses, vous vous êtes peut-être demandé comment les techniciens faisaient pour les installer aussi rapidement et les remplacer d’une scène à l’autre, comme par magie ! Le pot aux roses se trouve… sous la scène ! C’est là que s’activent les machinistes pour faire surgir les décors de forêts luxuriantes, de tablées somptueuses… Au XIXe siècle, ces coulisses secrètes pouvaient s’enfoncer jusqu’à trois étages dessous (six à l’Opéra Bastille aujourd’hui !), et lorsqu’une pièce faisait un four, les acteurs, sifflés et hués, n’avaient plus qu’à se réfugier sous la scène pour éviter les jets de tomates : on disait qu’ils étaient dans le troisième dessous. C’était l’échec cuisant ! Apparue pour la première fois en 1864, l’expression sort ensuite du monde théâtre pour s’employer à propos de n’importe quelle situation difficile.

Mais comment est-on passé du troisième au trente-sixième dessous ? C’est l’écrivain Marcel Proust, dans La Prisonnière en 1923, qui commence à descendre beaucoup plus bas : « ils descendent tellement qu’ils sont dans le quatorzième dessous. » Cette variante n’est toutefois pas restée dans l’usage. Quant au chiffre trente-six, il représente l’extrême, l’improbable, l’impossible, et on le trouve dans d’autres expressions comme voir trente-six chandelles (être ébloui, étourdi par un coup), tous les trente-six du mois (quasiment jamais) et il n'y a pas 36 solutions. Il était donc trop tentant de glisser également ce chiffre dans notre expression pour symboliser la débâcle ultime !

 

Quels sont les synonymes de être au trente-sixième dessous ?

Plusieurs synonymes existent avec cette même idée de chute dans les profondeurs : toucher le fond, être au plus bas ou être au fond du trou. Pour exprimer précisément la déprime, on peut aussi avoir le moral à zéro ou même dans les chaussettes. Les plus jeunes générations diront plus volontiers être en PLS ou être dans le mal.

 

Pour en savoir plus, vous pouvez écouter le podcast de La Puce à l’oreille consacré à cette expression sur le site de RFI : «Être au trente-sixième dessous» = être accablé, déprimé - La Puce à l'oreille

 

Crédit photo : fongleon356/Shutterstock

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