Découvrez le sens et l’origine de l’expression être Gros-Jean comme devant, en partenariat avec le podcast La Puce à l’oreille de Lucie Bouteloup sur RFI.
Que signifie l'expression être Gros-Jean comme devant ?
Être Gros-Jean comme devant, c’est se retrouver dans la même situation qu’avant, sans avoir atteint ses objectifs ou ses aspirations. En somme, revenir à la case départ.
D'où vient l'expression être Gros-Jean comme devant ?
Bien que l'on puisse encore la rencontrer aujourd'hui, cette expression un peu vieillie est plutôt énigmatique pour une personne du XXIe siècle. C’est vrai, qui est ce Gros-Jean ? Et pourquoi comme devant ?
Pour comme devant, c’est facile : il s’agit d’un ancien sens de devant, qui signifiait autrefois « auparavant ». Comme devant, c’est donc comme avant.
Quant à Gros-Jean, au XVIIe siècle, c’est Monsieur Tout-le-Monde. Un homme du peuple et, par extension, un niais, un idiot ou un rustaud (ce n’est pas très sympa pour les gens du peuple, mais la langue française reflète souvent les préjugés de ceux qui la parlent…).
Mais pourquoi Jean, et pas Marcel ou Léon ? Tout simplement parce que Jean est, à l'époque, le prénom le plus répandu parmi les classes populaires. D’après le Dictionnaire historique de la langue française, le prénom Jean est employé dans de nombreux mots composés comme jean-Guillaume (« bourreau »), jean-Farine (« bouffon de comédie »), jean de la Suie (« ramoneur »), jean-bête (« imbécile »), jean qui ne peut (« impuissant ») ou encore jean-foutre (« bon à rien, je m’en-foutiste »). Seul jean-foutre est encore en usage aujourd’hui : tous les autres ont disparu assez rapidement… tandis que Gros-Jean survit dans l’expression Gros-Jean comme devant.
Celle-ci apparaît pour la première fois à l’écrit dans un texte célèbre : La Laitière et le Pot au lait, fable de Jean de la Fontaine datée de 1678.
Dans cette fable, la laitière Perrette se rend en ville pour vendre son pot au lait et imagine ce qu’elle pourra acheter avec l’argent récolté : des œufs, qui donneront des poulets, qu’elle vendra pour acheter un cochon, qui lui permettra d’acheter une vache et son veau… Toute joyeuse, elle saute et… renverse le pot au lait. « Adieu veau, vache, cochon, couvée ! » Tous ses projets tombent à l’eau. Comme le dit la conclusion de la fable : elle est Gros-Jean comme devant.
« On m’élit roi, mon peuple m’aime ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Je suis gros Jean comme devant. »
Quels synonymes pour être Gros-Jean comme devant ?
Il existe deux expressions de même sens : revenir à la case départ et être chocolat. Dans cette dernière expression, on retrouve d’ailleurs l’idée de naïveté, de bêtise puisque Chocolat était un clown du XIXe siècle, souvent berné par son partenaire de scène, le clown Foottit. Mais c’est là une autre histoire !
Pour en savoir plus, vous pouvez écouter le podcast de La puce à l’oreille consacré à cette expression sur le site de RFI : "Etre gros jean comme devant" avec Géraldine Moinard - La Puce à l'oreille
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