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Être libre comme l'air

être libre de ses mouvements, sans aucune sujétion
Drôles d'expressions

La gravitation terrestre est l’une des contraintes les plus simples qui s’exercent sur nous : parce qu’elle nous empêche de voler, elle symbolise en quelque sorte tous les obstacles qui s’opposent à nos rêves les plus fous.

L’air, lui, ne semble pas connaître ces frustrations : il circule, invisible, dans une fluidité parfaite, sans qu’on puisse suivre ses mouvements. Mais à mes yeux, la beauté particulière de cette expression ne procède pas seulement d’une identification de la femme et de l’homme libres avec l’air qui va et vient. Car l’air est surtout ce qui donne aux oiseaux un appui pour voler ; il est ce qui tient les nuages en suspension ; il laisse passer, sans les troubler, les rayons du soleil et ceux des étoiles – mais désintègre les astéroïdes et les météores qui s’aventurent trop près de nous. En ce sens, la liberté de l’air n’est pas seulement celle d’un être qui va où il veut ; elle est surtout une liberté qui ne s’arrête pas où commence celle des autres. Au contraire ! La liberté de l’air commence là où commence celle de tous les terriens. Elle est la condition de toute vie, elle transmet librement les mouvements qu’ils se communiquent, elle est une liberté de partage et d’échange.

Maxime Rovere

 

Le coin des linguistes

« On est libre comme l’air depuis le matin jusqu’au soir. Mes vergers, et mes vignes, et moi, nous ne devons rien à personne. »

Voltaire chante ainsi la liberté dont il jouit dans son refuge suisse (1757). Cette faculté d’aller et venir comme bon nous semble, privé de toute entrave, sujétion ou loi, on l’appelle familièrement être libre comme l’air depuis le XVIIIe siècle. L’air est ici considéré comme élément plus que comme milieu. Sous la forme du vent, il personnifie la liberté absolue de mouvements. Aller à l’air libre, c’est aller là où l’élément air se trouve sans contrainte, en espace ouvert, c’est-à-dire dehors. 


Être libre comme l’air, une utopie héritée du siècle des Lumières ? 
Certes, on ne pouvait même pas y songer auparavant. De nos jours, l’expression est le plus souvent employée dans un contexte ponctuel, pour signifier par exemple que notre journée est totalement dépourvue d’engagements.

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