Sushi, sashimi, maki, chirashi, gomasio, gyoza, teriyaki, yakitori, mochi, tataki… Avec l’engouement pour la cuisine nippone, nos dictionnaires s’enrichissent chaque année de mots venus du Japon.
Mais le français n’emprunte pas seulement des mots japonais dans le domaine culinaire. Qu’il s’agisse d’art, de loisirs, de médecine douce ou de rites guerriers, l’Empire du Soleil levant fascine l’Occident depuis toujours, et notre vocabulaire en témoigne. Embarquement immédiat pour un voyage en dix étapes !
10. Kakémono
Avant d’être le nom d’un support de communication, kakémono désigne une peinture japonaise sur soie ou sur papier, étroite et haute, suspendue verticalement et que l'on peut enrouler autour d'un bâton de bois. Le mot, qui signifie proprement « chose suspendue », apparaît en français à la fin du XIXe siècle, témoignant de la vogue de l'art japonais que connaissait alors l’Hexagone, justifiant l’apparition du mot japonisme. Le nom de son pendant plus large que haut, makimono (ou makémono), « chose enroulée », a rejoint notre vocabulaire à la même époque.
9. Umami
Le sucré, le salé, l’acide et l’amer : ce sont les quatre saveurs que nous connaissons. Mais une cinquième saveur est considérée comme fondamentale en Asie, qui la fait découvrir au reste du monde : l’umami. Apparu dans notre langue en 1982, umami est un mot japonais que l’on peut traduire par « goût délicieux ». Il s’agit d’une saveur produite notamment par le glutamate et que l’on peut ressentir par exemple dans le jus de tomate, certains champignons ou le parmesan. Mmmm !
8. Yakuza
Il apparaît souvent le corps couvert de tatouages dans les films d’action et les jeux vidéos. Le yakuza (ou yakusa) est membre d’une organisation japonaise comparable à la Mafia ou à certains gangs. Son nom, qui se répand en français dans les années 1980, est composé de ya, ku et sa. Ya vient de yattsu « huit », ku signifie « neuf » et sa est l’apocope de san « trois ». Or, « huit, neuf, trois » est la pire combinaison à un jeu de cartes japonais proche du baccara. Un yakuza, c’est donc « ce qu’il y a de plus mauvais ». En effet, c'est loin d'être un enfant de chœur !
7. Ikebana
Art traditionnel de l'arrangement floral, l’ikebana a été célébré par les auteurs francophones pour son raffinement et sa valeur symbolique rattachée au bouddhisme. Michel Tournier écrivit ainsi en 1975 dans Les Météores que l’ikebana et le jardin miniature « sont des manières d'ouvrir dans l'espace surchargé des vides habités par des constructions légères, spirituelles et désintéressées ». Traduit littéralement, le mot emprunté en français en 1898 a lui-même une aura poétique : il vient de ikeru « garder vivant » et hana « fleur ».
6. Shiatsu
« Allongez-vous sur le futon et détendez-vous, nous allons vous réconcilier avec vos énergies vitales ! » Les méthodes de relaxation et autres techniques de médecine traditionnelle venues d’Extrême-Orient sont très appréciées dans nos contrées. Parmi elles, le shiatsu consiste en une sorte de massage qui se pratique par pression des doigts et de la main sur les points d’acupuncture. Son nom vient justement de shiatsuryōhō, qui signifie « traitement (ryōhō) par pression (atsu) du doigt (shi) ».
5. Sudoku
Sudoku est le nom déposé d’un jeu de chiffres consistant à compléter de manière logique une grille composée de neuf carrés de neuf cases avec les chiffres de 1 à 9. Il s’agit de l’abréviation japonaise de sûji wa dokushin ni kagiru « les chiffres (sûji) doivent être solitaires (dokushin) ». Ce jeu connaît un engouement certain en France depuis 2005, date à laquelle le mot apparaît en français. Attention à ne pas le confondre avec sodoku, nom japonais d’une maladie infectieuse transmise par les morsures de rats !
4. Émoji
C’est l’un des mots marquants de la dernière décennie. Formé en japonais de e « dessin » et moji « lettre », émoji est le nom des petites images destinées à animer nos messages électroniques pour exprimer une émotion, représenter un personnage, une action… Les émojis ont un tel succès que certains spécialistes y voient un bouleversement profond de notre manière de communiquer par écrit. Les émoticones et les smileys des années 1990 et 2000, au pouvoir évocateur beaucoup plus limité, ont pris un coup de vieux !
3. Kamikaze
La légende raconte qu'au XIIIe siècle, deux typhons sauvèrent providentiellement le Japon d'une invasion mongole. Ces cyclones furent appelés kamikaze, littéralement « vent divin », de kami « dieu » et kaze « vent ». Le mot est repris à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour désigner les avions-suicides chargés d’explosifs n’hésitant pas à s’écraser sur les navires ennemis. En français, on l’utilise aussi pour nommer les pilotes de ces avions, puis tout auteur d’un attentat suicide. Par extension, il désigne aussi quelqu’un qui s’expose volontairement à un grand danger.
2. Origami
Par sa délicatesse et sa précision, l’origami, technique japonaise du papier plié, est typique des arts traditionnels asiatiques. À partir de simples feuilles de papier peut naître tout un monde en trois dimensions, chaque création étant elle-même nommée origami. Le modèle le plus célèbre est la grue, qui s’apparente à notre bonne vieille cocotte en papier. Le mot, emprunté en 1954, vient de ori « plier » et kami « papier ». Citons également le nom de son petit frère, kirigami, « art du papier découpé », de kiru « couper ».
1. Karaoké
Si vous avez déjà emprunté le répertoire de Beyoncé, d’Elvis ou des Rita Mitsouko le temps d’un karaoké, c’est aux Japonais que vous le devez ! La paternité du concept est discutée, mais il est certain que le pays du Soleil levant est le premier à en avoir fait un élément essentiel de sa culture populaire, avant de le diffuser dans le reste du globe. Le mot, apparu en français en 1985, vient de kara « vide » et de oke « orchestre », lui-même adapté de l’anglais orchestra. Avec la réouverture des lieux de divertissement, le micro n’attend plus que vous !
Aïkido, futon, harakiri, manga, mikado ou encore tsunami… Découvrez l’origine d’autres mots venus du japonais dans nos dictionnaires numériques.
Crédits photo : Rodrigo Reyes Marin/Shutterstock.com