Transporter à un autre la proprieté d'une chose qui nous appartient, moyennant l'argent dont on convient. On
vend les meubles par une simple tradition. Pour
vendre des heritages, il en faut faire un contract. On
vend ordinairement de gré à gré & à l'amiable ; quelquefois forcément à l'encan, à l'égard des meubles ; par decret, à l'égard des heritages : l'une & l'autre façon de
vendre est à cry public, au plus offrant & dernier encherisseur. Ce mot vient du
Latin vendere.
VENDRE, se dit aussi de la maniere d'aliener sa marchandise, ses possessions. Il y a des Marchands qui
vendent en gros, d'autres en detail, à credit, argent comptant. Les grains se
vendent au boisseau, les estoffes à l'aune, les espiceries à la livre. On excommunie au prosne ceux qui
vendent à faux poids, ou à fausse mesure. Les bourgeois
vendent leur vin à pot. Les Cabaretiers qui
vendent leur vin par assiette, n'ont point pour cela d'action en Justice par le 128. Art. de la Coûtume de Paris. Le bled est de requeste en cette saison, & se
vend bien, c'est à dire, il est cher, & on en a prompt debit.
On
vend les charges, les lettres au poing, ou simplement la procuration pour resigner. Les Domeines du Roy se
vendent à faculté de rachat perpetuel. Les particuliers les peuvent
vendre avec faculté de remeré, ils les
vendent avec garentie, ou francs & quittes de toutes charges & hypotheques.
VENDRE, se dit quelquefois improprement pour, Eschanger, ou donner pour peu de chose. Esaü
vendit son patrimoine pour une esculée de lentilles. Il a
vendu sa maison pour une piece de pain. Le commerce est rompu, rien ne se
vend. Ce n'est pas là
vendre sa marchandise, c'est la donner.
VENDRE, signifie aussi, Constituer une rente sur soy. Tous les contracts de constitution portent, qu'un tel a
vendu, creé & constitué, assis & assigné sur luy & à toûjours une rente annuelle & perpetuelle de tant. On dit aussi,
vendre une rente, quand le creancier la transporte à un autre.
VENDRE, se dit figurément en choses morales. Un homme qui se marie
vend sa liberté. Un meschant Juge
vend la justice. Une femme
vend son honneur, quand elle se prostituë pour de l'argent. Un soldat
vend bien sa vie,
vend cher sa peau, quand il se deffend courageusement, quand il tuë bien des ennemis.
VENDRE, signifie aussi, Trahir, tromper. Judas
vendit le juste moyennant trente deniers. Un Sergent
vendroit son pere, le mettroit en prison. C'est un homme plus fin que ses associez, il les
vendroit tous à beaux deniers comptans. On accuse les Procureurs de
vendre souvent leurs parties ; & les flatteurs, de
vendre de l'encens, de la fumée.
À VENDRE. Adverbial. Maison
à vendre. Dans les cabinets des curieux tout est
à vendre, pourveu qu'ils y trouvent leur compte.
VENDRE, se dit proverbialement en ces phrases. On dit d'un homme froid, serieux, qui ne rit point, qu'il seroit bon
à vendre vache foireuse. On dit, A qui
vendez-vous vos coquilles ? à ceux qui reviennent de St. Michel, pour dire, qu'on sçait le prix des choses, qu'on ne les achete pas plus qu'elles ne valent. On dit aussi, qu'un homme
vend bien ses coquilles, quand il
vend cher ce qui luy appartient. On dit aussi, Marchandise qui plaist est à demi
venduë. On dit aussi, qu'il ne faut pas
vendre la peau de l'ours, qu'on ne l'ait pris, pour dire, qu'il ne faut pas
vendre les esperances de ce qu'on n'a pas encore. Ce n'est pas le tout que de
vendre, il faut livrer. On dit aussi des gens d'une compagnie qui parlent bas, ou à quartier, qu'ils
vendent la ville. On dit aussi, qu'un homme est à
vendre & à despendre à à l'égard d'un autre, pour dire, qu'il est capable de faire toutes choses pour luy. On dit encore d'un prodigue, qu'il
vendroit jusqu'à sa chemise. On dit pareillement, Femme qui prend se
vend.