Cette expression nous plonge dans l'embarras. Quel lien établir entre la voix qui suggère un discours oral et l'écrit que suppose la division en chapitres ?
Chapitre vient du latin capitulum, « petite tête (caput) », métaphoriquement « ce qui coiffe », qu'il s'agisse d'un chapiteau en architecture ou d'un titre de loi. De là vient l'unité de division d'un livre, que nous connaissons aujourd'hui.
C'est bien ce sens qui fait le lien. Du chapitre ou de la partie de la règle lus devant l'assemblée de moines ou de chanoines réunis pour écouter les Saintes Écritures, le mot chapitre désigna le lieu où se réunissaient les ecclésiastiques, également appelé salle capitulaire, puis ceux qui y siégeaient, l'assemblée des chanoines. On convoquait le chapitre pour discuter des affaires du monastère ou régler les questions de discipline. C'était l'occasion de réprimander publiquement le moinillon fautif, de le chapitrer.
Les religieux n'étaient pas égaux, et tous n'avaient pas les mêmes droits. Pouvaient participer aux délibérations et aux prises de décision les clercs de rang supérieur, souvent issus de familles aisées qui avaient fait des dons au monastère, tandis que les moines convers, d'extraction plus modeste, n'avaient pas le droit de prendre la parole au sein de l'assemblée, ils n'avaient pas voix au chapitre.
Dans les monastères où l'austère règle contraint souvent au silence, prendre la parole est un acte soumis à autorisation. Il ne suffit pas d'avoir la vocation pour faire entendre sa voix, il faut avoir voix au chapitre.
« Je n'aurai pas un moment de repos pendant tout ce voyage, j'en vois tous les périls, j'en suis morte ; mais enfin je n'en ai pas été la maîtresse ; et, dans ces occasions-là, les mères n'ont pas beaucoup de voix au chapitre.»
Madame de Sévigné, 28 août 1668.
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