Il y a bien de quoi perdre la tête si l’on cherche le sens du jeu de yoyo. Car c’est de là que vient l’argot yoyoter ; et pour yoyoter, ça yoyote.
On yoyote de la cafetière, de la mansarde, de la touffe, de la toiture, et plus rarement du bulbe ou de la calebasse. Tous sont des synonymes argotiques de la tête. Le yoyo est importé en France au XVIIIe siècle par les émigrés de la Révolution, et se nomme alors émigrette. Plus récemment, le jeu fait fureur entre 1929 et 1940, si bien qu’on parle de yoyomanie !
On ignore l’origine du mot yoyo – déposé en 1929 par un Américain qui en fait un commerce florissant – mais il pourrait venir du chinois. Le verbe yoyoter date de cette époque, en 1932. Il va servir aux prisonniers dès le milieu du XXe siècle pour décrire le passage d’objets d’une cellule à l’autre au moyen d’une ficelle. Au même moment apparaît aussi le sens argotique d’« être fou ». Le mot bulbe vient du latin bulbus, « oignon d’une plante », et constitue en argot un équivalent du « cerveau » depuis le XXe siècle, comme dans l’expression ramolli du bulbe.
Nathalie Gendrot
STÉPHANE MARIE RAMÈNE SA FRAISE
S’il y en a qui ne perdent pas la tête, ce sont bien les bulbes. Indifférents aux aléas climatiques, ils se démarquent des plantes vivaces qui, elles, doivent affronter les hivers les plus rudes et les sécheresses estivales. Non, les bulbes ont une vie beaucoup plus sereine grâce à leur horloge biologique réglée comme du papier à musique. Gorgé des réserves nécessaires à son développement, un bulbe se présente tel un petit coffre protecteur dans lequel le bourgeon contient la plante.
Plantez un bulbe de tulipe à l’automne. Au début de l’hiver, les racines se développent, puis, un peu plus tard, les premières feuilles émergent du sol. Le printemps s’annonce avec les floraisons. Une fois fécondées, les graines grossissent et, d’un coup d’un seul, la tulipe se dessèche, non pas qu’elle ait soif mais son cycle s’est achevé.
Comme son bulbe s’est divisé, ce n’est plus une tulipe, mais deux ou trois qui pointeront l’année suivante. Sans stress, au moment opportun, les bulbes font leur vie. Loin de yoyoter, ils pourraient nous inspirer.
Stéphane Marie
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