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Top 10 des nouveaux mots du réchauffement climatique

Top 10 des mots

Au Robert, nous avons coutume de dire que les nouveaux mots sont un miroir tendu sur la société.

En effet, ils sont le reflet des enjeux et préoccupations de leur époque... comme l’urgence climatique ! C’est pourquoi, ces dernières années, de très nombreux mots ou locutions en rapport avec le climat ont fait leur entrée dans le Petit Robert. Nous avons sélectionné pour vous dix de ces néologismes qui ont des choses à vous raconter !

1) anthropocène

En voilà un mot à l’allure savante ! Ce mot, popularisé en l’an 2000 par les travaux d’un prix Nobel de chimie spécialiste de l’atmosphère1, désigne la période géologique actuelle, qui commencerait lors de la révolution industrielle avec l'invention de la machine à vapeur (à la fin du XVIIIsiècle). L’anthropocène (issu du grec anthropos « être humain ») se caractérise par les effets de l’activité humaine sur la planète. Si la classification scientifique est encore discutée par les géologues, « le concept débouche sur une réflexion générale liée à l’écologie, aux changements climatiques, à la biodiversité menacée, aux pollutions […] », comme l’explique Alain Rey dans l’ouvrage 200 drôles de mots qui ont changé nos vies depuis 50 ans.

2) écocide

Les déforestations massives, les déversements de pétrole en mer ou encore les rejets de polluants dans l’air sont considérés comme des écocides par les défenseurs des droits environnementaux. Formé sur le modèle de génocide (« extermination d’un groupe important de personnes en peu de temps »), le mot désigne un acte criminel contre l’environnement consistant à détruire totalement ou en partie un écosystème. De nombreux juristes insistent désormais sur la nécessité de légiférer sur le crime d’écocide afin que la Cour pénale internationale puisse poursuivre les responsables de graves atteintes portées à notre planète.  

3) collapsologie 

L’effondrement de notre civilisation contemporaine, hypothèse vraisemblable ou scénario de science-fiction ? C’est en tout cas la première option qui est défendue par Pablo Servigne et Raphaël Stevens, auteurs d’un ouvrage paru en 2015, Comment tout peut s’effondrer2, qui a bénéficié d’une couverture médiatique importante. Ils ont créé le mot collapsologie à partir de l’anglais to collapse « s’effondrer », pour désigner la chute de notre société industrielle, précipitée notamment par une catastrophe écologique imminente. Ce courant de pensée a trouvé un écho retentissant pendant la crise sanitaire de la Covid-19 tout en essuyant de nombreuses critiques.

4) survivaliste

Si votre voisin est incollable sur les espèces d’insectes comestibles et a construit un abri antinucléaire dans son jardin, c’est à coup sûr un survivaliste ! Ce mot désigne une personne qui se prépare à survivre dans un monde dévasté par une catastrophe, de diverses façons : stockage de nourriture, constitution d’un kit de défense, apprentissage des techniques de survie… Le survivalisme est un mouvement qui est né aux États-Unis dans les années 1960, en pleine guerre froide. Avec l’intensification des crises contemporaines (écologique, sanitaire et économique), il suscite de nos jours un certain intérêt, récemment ravivé avec la guerre en Ukraine et la crainte d’attaques nucléaires.

5) écoanxiété

Avez-vous déjà ressenti de la peur, de la tristesse et de la colère face aux menaces environnementales qui pèsent sur notre planète ? Si oui, alors vous souffrez peut-être d’écoanxiété. Cette angoisse teintée d’impuissance et de culpabilité, particulièrement ressentie par les jeunes générations, peut être paralysante mais peut aussi pousser à agir, en modifiant son mode de vie et en participant à des actions militantes. La figure emblématique de cette jeunesse engagée dans la lutte contre le changement climatique est l’activiste suédoise Greta Thunberg, qui a fait de son écoanxiété le moteur de son engagement écologique.

6) climatosceptique

Sécheresse interminable, incendies ravageurs, montée des eaux, dégradation des écosystèmes, diminution de la biodiversité : le réchauffement climatique, à qui la faute ? Si les travaux du GIEC mettent indubitablement en cause l’activité humaine, certaines personnes, qualifiées de climatosceptiques (mot dans lequel on reconnaît aisément climat et sceptique), rejettent ou minimisent cette idée. Sur les réseaux sociaux, les adeptes du climatoscepticisme sont très actifs et leurs comptes abondent de fausses informations qui manipulent les connaissances scientifiques de manière erronée.

7) sobriété (énergétique)

Notre monde moderne reste aujourd’hui dépendant des énergies fossiles et l’extraction de ces combustibles non renouvelables accélère considérablement le réchauffement planétaire. La sobriété énergétique consiste, pour les entreprises, collectivités et particuliers, à réduire les consommations d’énergie. Ce concept repose sur un changement durable de nos habitudes de vie, tant au niveau individuel que collectif, et la mise en place d’actions concrètes (covoiturage, isolation thermique des bâtiments, limitation de la vitesse sur l'autoroute…). Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le gouvernement français a présenté en octobre 2022 un plan de sobriété énergétique avec pour objectif de réduire notre consommation d’énergie de 10 % d’ici 2024… ce qui a fait immédiatement apparaître le mot sobriété dans le top des recherches dans nos dictionnaires numériques, et notamment sur Dico en ligne Le Robert

8) flexitarien

L’industrie de la viande émet 15 % des gaz à effet de serre3  et contribue à la déforestation des espaces boisés qui servent à élever et nourrir le bétail. Voici une information qui modifiera peut-être la composition de votre assiette ! L’adjectif flexitarien qualifie les personnes qui décident de limiter leur consommation de viande et de poisson, sans être exclusivement végétariens. Il s’agit d’un emprunt à l’anglais flexitarian, mais son usage en français est fondé sur un faux sens car flexible en français n'a pas le sens figuré de « souple, relatif » qu’il a en anglais. 

9) zéro déchet

Il y a une dizaine d’années, une blogueuse franço-américaine nommée Béa Johnson a entrepris de diminuer drastiquement les déchets produits par sa famille afin de minimiser leur impact sur l’environnement. Ayant acquis une expertise sur le sujet, elle a partagé son expérience dans un livre paru en 2013, devenu un vrai best-seller4 , et a ainsi popularisé le zéro déchet. Ce mouvement ne se limite pas à une réduction drastique des déchets, il privilégie également le recyclage et tend au minimalisme, mode de vie qui consiste à limiter ses possessions et sa consommation. 

10) greenwashing (ou écoblanchiment)

Faux labels écologiques, usage de la couleur verte, photos d’espaces naturels ou de végétaux… Certaines entreprises regorgent de stratégies pour se donner une image responsable à l’égard de l’environnement. Elles communiquent auprès des consommateurs en attribuant de manière abusive des qualités écologiques à leurs produits. Cette méthode de marketing, le plus souvent désignée par l’anglicisme greenwashing, porte en français le nom d’écoblanchiment (ou verdissement d’image). Dans son ouvrage Blablabla, en finir avec le bavardage climatique, paru aux Éditions Le Robert, le linguiste Albin Wagener analyse notamment comment le greenwashing exploite des failles dans notre perception en jouant sur le sens des visuels et surtout des mots (volontairement flous), afin d’influencer nos représentations. Passionnant !

 

[1] Paul J. Crutzen et Eugene F. Stoermer, « The “Anthropocene” », Global ChangeNewsLetter, no 41, p. 17-18. IGBP, 2000.

[2] Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, Seuil, 2015.

[3] Chiffre indiqué dans un rapport publié en 2013 par l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

[4] Béa Johnson, Zéro déchet, Les Arènes, 2013.

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