Mouvement violent d'un corps grave & solide, qui tombe sur un autre, & qui le frappe. C'est le violent mouvement du boulet de canon qui est cause de l'effet de son
coup. La pesanteur & le mouvement des marteaux donnent le
coup qui forge le fer sur l'enclume. Menage derive ce mot du
Latin colpus, qui se trouve dans cette signification dans la Loy Salique, qu'on pretend derivé du mot
Grec kopto, c'est à dire,
ferio. En
vieux François on disoit
copter, ou
cobter, c'est à dire,
frapper. Du Cange aprés Wandelin dit que
colpus est un diminutif de
colaphus.
COUP, se dit aussi du mouvement des corps qui ne paroissent pas solides, & qui neantmoins font de violentes impressions sur les autres par leur rapidité. Ainsi on dit un
coup de foudre, un
coup de vent, un
coup de mer, en parlant d'un orage, d'une tempeste.
On dit en ce sens, qu'un homme va aux
coups, pour dire, qu'il va aux occasions, qu'il essuye les
coups de canon & les autres dangers de la guerre ; qu'il va faire le
coup de pistolet, pour dire, qu'il va deffier l'ennemy, qu'il va escarmoucher contre luy. On dit ironiquement de celuy qui a été battu, qu'il a été le plus fort, car il a porté les
coups ; & d'un homme qui est sur l'âge, que ses plus grands
coups sont rués.
En
termes de Marine & de Guerre, on dit, une salve de tant de
coups de canon, pour dire, Faire un salut de mer ou militaire en deschargeant l'artillerie & ses armes.
COUP, signifie aussi, Outrage, offence qui se fait à quelqu'un en le frappant. Les
coups de baston sont des affronts qui ne se pardonnent point. Les escoliers se battent à
coups de poing. On chastie les valets à
coups d'estrivieres, par des
coups de pied au cul. En ce sens on dit qu'un homme est tout couvert, tout moulu, tout roüé de
coups ; qu'on luy a donné mille
coups aprés sa mort.
On appelle le
coup de grace, celuy qu'on donne aux roüez sur l'estomac pour les empêcher de languir long-temps. On appelle un
coup orbe, un
coup fait par un instrument contondant, qui fait une contusion sur la chair, sans ouverture. Un
coup d'estramaçon, un grand
coup qui se fait par le trenchant d'un coutelas. Un
coup fourré, le
coup reciproque que deux ennemis se portent en même temps. On appelle à l'armée des
coups de main, ceux qui se donnent avec les armes ordinaires sans artillerie.
COUP, se dit aussi des operations legeres qui se font sur un corps pour le guerir, pour le soûlager de quelque incommodité. Il luy faut donner un
coup de lancette, pour dire, Il le faut saigner ; un
coup de bistouri, pour dire, Il luy faut percer quelque apostume, coupper quelques chairs ; un
coup de rasoir, pour dire, Il le faut raser ; un
coup de peigne, pour dire, Il le faut peigner. On dit aussi, Donner un
coup de corne à un cheval. Voyez
Corne.
COUP, se dit aussi des actions qui se reïterent. Un homme sobre ne doit boire que deux ou trois
coups à son repas. Ce tour est difficile à faire, à deviner, je vous le donne en dix
coups. Un canon en batterie tire douze à quinze
coups par heure. On dit aussi absolument, Tous
coups vaillent, pour dire, A tout hasard. Le
coup vaut l'argent, Passe pour le
coup, pour dire, Je pardonne pour cette fois-cy. On dit, qu'un Prevost a fait un beau
coup de filet, pour dire, qu'il a fait une belle capture. On dit aussi, Faire d'une pierre deux
coups, pour dire, Tirer deux avantages d'une même action. On dit d'une action qui ne fait ni bien ni mal, C'est un
coup dans l'eau, un
coup perdu. On dit encore, Donnez un
coup de pied, un
coup d'esperon jusque là, pour dire, Allez viste jusqu'à un tel endroit.
COUP, se dit aussi des actions qui se font promptement. Ce Capitaine a dix mille hommes prests à s'armer au premier
coup de tambour. Les voleurs s'amassent avec un
coup de sifflet. Il faut donner un
coup d'oeuil sur ces ouvriers pour voir s'ils travaillent. Un Financier peut estre ruiné d'un
coup de plume. Quand on passe auprés d'un homme de merite, il luy faut donner un
coup de chapeau, c'est à dire, le saluer en ostant son chapeau, en se descouvrant la teste. On dit d'un homme qui ne prend point de party, qu'il n'est là que pour juger des
coups.
COUP, signifie quelquefois, Tour subtil, adresse, promptitude à faire quelque chose. Voilà un
coup d'un fin matois, d'un chicaneur. Ce couppeur de bourses a eu bientost fait son
coup. Cet homme vous a trompé, ce sont de ses tours, de ses
coups ordinaires.
COUP, se dit aussi des actions heroïques, hardies & extraordinaires, soit en bien, soit en mal. Il se fit de beaux
coups de lance en cette bataille, en ce tournoy. La prise de la Rochelle fut un
coup d'Estat. La paix de Casal fut un
coup de teste ; & quelques-uns ont adjoûté un
coup de chapeau, parce que Monsieur Mazarin qui la fit, en devint Cardinal.
Corneille a dit dans
le Cid,
Et pour leurs coups d'essay veulent des coups de maistre.
On dit au contraire, L'action de Caton fut blasmée, parce que c'étoit un
coup de desespoir. Cet homme est un traistre, est capable de faire un meschant
coup.
COUP, se dit aussi des accidents extraordinaires qui sont des effets de la Providence, de quelque cause inconnuë, de la fortune, du hasard. Le succés de la bataille gagnée par Charles Martel fut un
coup du Ciel. La mort du Roy Henry II. fut un grand
coup de malheur. L'élevation & la cheute de Sejan furent des
coups de la fortune. Ce brave est allé executer une entreprise fort dangereuse, c'est un grand
coup de hasard s'il en eschappe.
COUP, s'employe aussi en toutes sortes de jeux, tant pour la repetition de l'action, que pour le changement & la maniere de joüer. Il a fait au Piquet un
coup de 80. points. A la Boule il a mis un
coup sur le but. A la Paume il a fait un
coup de grille, de dedans, de tambour, d'arriere-main. Aux Dez il a fait un
coup de rafle. Aux Dames, aux Eschecs, il a fait un
coup de deux. On dit aussi, Il a le
coup sur luy, c'est à dire, qu'il ne gagne que parce que c'est à luy à joüer. Il a un
coup seur, pour dire, Il a un beau jeu, ou un moyen de gagner infailliblement. On dit aussi, Voilà un
coup de partie, pour dire, qui donne un grand avantage, d'où depend le gain de la partie : ce qui se dit aussi au figuré dans toutes les affaires serieuses, lors qu'on a quelque préjugé pour soy, ou qu'on a des avantages, des facilitez de les faire reüssir.
COUP, se dit figurément de ces afflictions impreveuës qui sont comme des traits qui nous percent le coeur. La nouvelle de la mort de sa femme fut un
coup mortel pour luy. Quand ce favory apprit la nouvelle de sa disgrace, ce fut un
coup de massuë qui l'estourdit tout-à-fait, ce fut un
coup de foudre qui l'abattit. Un amant dit aussi, qu'il a receu un
coup mortel des yeux de sa maistresse.
COUP, se dit encore figurément des attaques qui se font par le discours. Cette femme donne toûjours quelque
coup de bec à sa rivale. Ce Satyrique donne toûjours quelque
coup de dent, quelque
coup de pinceau à son ennemy.
On dit en Morale, qu'une chose porte
coup, pour dire, qu'elle est importante, qu'elle tire à consequence.
On dit
en Maçonnerie, qu'un mur prend
coup, pour dire, qu'il menace de cheute, de ruine, qu'il fait ventre, qu'il n'est plus à plomb.
On dit
en Fauconnerie, qu'un oiseau prend
coup, quand il heurte trop rudement sur sa proye.
COUP, se prend aussi adverbialement. Une ville en Suisse est fonduë tout à
coup, en un moment. Il luy vint cette année deux successions tout d'un
coup, c'est à dire, en même temps. Souvent les malheurs sont enchaisnez & arrivent
coup sur
coup, c'est à dire, l'un incontinent aprés l'autre. A ce
coup il se faut resjouïr, c'est à dire, en cette occasion de joye. Cela ne vient qu'aprés
coup, pour dire, quand on n'en a plus que faire, quand on sçait desjà une chose. Il a tiré, il a joüé à
coup perdu, c'est à dire, sans viser à aucun but certain. Il arrive à tous
coups, c'est à dire, fort souvent, &c.