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Plus on est de fous, plus on rit !

plus on est nombreux, plus on s’amuse
Drôles d'expressions

Voilà le proverbe le plus festif de notre langue !

Il signifie que plus il y a de monde à une fête, plus elle est joyeuse et réussie. On l’utilise aussi par éloge de l’excès, quand il n’y a plus de place mais qu’une nouvelle personne arrive : allez, plus on est de fous, plus on rit ! Une sagesse folle qui fait du bien.

Elle figure déjà dans des chansons à boire du XVIIIsiècle, et surtout dans la célèbre Plus on est de fous, plus on rit d’Armand Gouffé, qui forme la devise des festoyeurs de tout poil : 

« Francs buveurs que Bacchus attire
Dans ces retraites qu’il chérit,
Avec nous venez boire et rire…
Plus on est de fous, plus on rit. »

Qui sont ces fous ? Pas des aliénés, en réalité. Fol exprime de très longue date – depuis le XIIsiècle exactement – le hors norme, l’excès, dans l’idée d’une opposition entre raison et folie. On dit qu’on est comme un fou, « extrêmement, exagérément », ou fou de joie depuis le XVIIsiècle. Au XVIIe siècle, fol signifie « badin, d’humeur enjouée ». On parle d’un jeune fou, on s’exclame que vous êtes fou ! On est d’humeur folle, on est fou comme un jeune chien. La figure médiévale du bouffon de cour inspire au XVIIsiècle l’expression faire le fou, synonyme de faire le bouffon au sens d’une « gaîté exubérante ». Les fous représentent aussi le nombre, la quantité de personnes qui font la bamboche, comme dans un monde fou. La danse des fous ne se conçoit qu’en nombre.

Fête, folie, folle danse et fou rire… Au XVIIe siècle, une danse médiévale portugaise nommée folia est arrivée en France par l’intermédiaire de l’Espagne. Marin Marais ou Lully composent des folies d’Espagne. La danse est associée à la folie depuis le Moyen Âge : songeons à la danse de Saint-Guy (en réalité une maladie infectieuse, la chorée de Sydenham) qui engendre de multiples épisodes de manie dansante, notamment en Alsace. Hommes, femmes, enfants se contorsionnent durant des semaines, nuit et jour, parfois jusqu’à la crise cardiaque ou la mort par déshydratation. Durant l’épisode de Strasbourg de 1518, on estime que leur sang est « trop chaud » et on les soigne en faisant venir des musiciens pour qu’ils dansent tout leur saoul. Rira-t-il bien celui qui rira le dernier ?

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