Fruit à pepins d'esté & d'hiver, de figure oblongue, & plus menu vers la queuë que vers la teste. Il y en a une infinité de sortes. Voicy la liste des principales dont les livres font mention, & qui sont recherchées par les curieux, distribuées selon les temps qu'elles meurissent, ou qu'on les mange. Premierement,
Au mois de Juillet, le
petit muscat, ou
sept en gueule, qui vient en crochets, & qui est fort petite. Le
gros muscat, qui est une fois plus gros, & ne vient pas par bouquets. Le
petit muscat bastard. Le
muscat à longue queuë. Le
bourdon musqué, qui est un gros muscat hastif. Le
gros hastiveau à troche : c'est une
poire precoce qui est presque ronde, jaune, & de bon goust, qui veut estre mangée verdelette. Le
hastiveau blanc, ou le
milan d'esté, qu'on nomme aussi
beurré d'esté. La
poire de la Magdelaine. La
bellissime, ou
figue musquée, qu'on appelle aussi
bonne deux fois l'an, parce qu'elle fleurit deux fois l'an. La
supresme, ou
poire de figue. La
cuisse Madame, qui est une
poire fort estimée, menuë & longue, d'un rouge gris, dont la chair est ferme, & l'eau fort sucrée.
Au mois d'Aoust, la
poire de jasmin, ou
vilaine de la reale. La
poire d'espargne, ou
de St. Samson. La
jargonnelle : c'est une poire longue, rouge, un peu pointuë, seche & pierreuse, & qui a de l'eau fort sucrée. La
grosse mouillebouche, ou
coulesoif, ou le
floreal d'esté : c'est une grosse
poire ronde, verdastre, fondante, & de bon goust. La
chair-à-Dame, ou la
poire de Prince. La
vallée, ou
poire de liquet. La
poire à deux testes. Le
gros, & le
petit oignonnet, fait en oignon. La
poire de Cypre, qui est une espece d'oignonnet. Le
gros rousselet de Rheims. La
poire sanguinole. La
poire de frangipane. La
cassolette, ou
friolet muscat, qu'on appelle en Poitou
des pots de sillery, & en Anjou la
verdette, ou la
poire de tasteribaut. La
poire d'Amiral. La
poire de Lombardie, ou
de Milan. Le
gros blanc. L'
odorante musquée, dite
de baume, d'amidon, de fourmi, ou
verge d'or. La
brutte-bonne : c'est une grosse
poire verte, beurrée & fondante. La
bergamotte d'este, ou
milan de la bevriere. La
fausse musquée, ou la
bergamotte Grecque, & en Anjou
violine. L'
inconnuë-chesneau, ou
la fondante de Brest. Le
certeau d'esté est une
poire longue, & belle à peindre. La
grise-bonne, ou la
poire de forest, la
crapaudine, l'ambrete d'esté, ou la
rude épée. Le
musque d'esté, espece d'orange. La
poire d'orange commune. L'
orange royale, & l'
orange musquée, le
fransoreau. La
poire de lischefrion, la
poire d'eau rose, ou
caillot rosat ; de
muscat doux, ou la
poire d'averat, ou la
robine grosse, &
petite, ou la
poire de la honcville, ou
la Royale. Le
parfum doux, dite
berni. La
cramoisine. Le
bon Chrestien musqué : sa peau est jaune & lissée, & a une eau sucrée & excellente.
En Septembre, le
bon Chrestien d'esté, ou
gratioli, ainsi nommé à cause qu'il a été apporté en France par St. François de Paule. La
poire de Salviati. La
poire d'Ange, poire de mondieu. La
poire rose. La
verte-ronde, ou le
mouillebouche d'automne : elle est fort beurrée & fondante, & d'une eau tres relevée, qui est verte, quoy que meure. La
poire d'Angleterre, le
beurré rouge, dit
d'Anjou, ou la
poire d'Amboise ; en Normandie
isambert le bon : elle est grosse, longue, fort colorée, & si beurrée & fondante, qu'elle en porte le nom par excellence. Le
beurré gris. Le
beurré blanc, ou
à courte queuë, dit
le Doyenné de St. Michel. La
poire de neige, ou la
bonne-ente : elle a la couleur d'un citron, & est tres-fondante. La
poire de finoin, ou
de Joseph. La
poire tulipée, ou la
bigarrade, ou la
vilaine d'Anjou, caillot rosat, ou
toute-bonne d'automne.
Au mois d'Octobre, le
messire-Jean. Il y a le blanc, le doré, & le gris. Le blanc est le plus hastif. Le doré est d'un suc plus relevé, & n'est pas si pierreux. Le gris est plus tardif, mais l'eau en est plus sucrée. C'est un des meilleurs fruits d'hiver. La
poire de vigne, ou
de damoiselle, ou la
longue queuë d'Anjou. Le
sucre verd. La
bergamotte commune dite
d'automne. Cette
poire est verte, lisse, platte, tres-beurrée, & fondante, qui meurit hors de l'arbre, & devient jaune, & est un des plus excellents fruits. La
bergamotte recour. La
bergamotte Suisse : elle est platte, & rayée de verd & de jaune. La
bergamotte musquée, ou la
poire de colombier, ou
de Sicile, ou le
petit muscat d'automne. C'est une petite
poire seche, & fort musquée. La
bergamotte bastarde, qui est grosse & platte, & tavelée de gris, & vient par glanes. La
voye au Prestre, ou la
poire de cadet, qui est grosse, longue & verte. La
belle-&-bonne. Le
petitoing. La
poire de colmar. Le
besi d'Hery, qui vient de la Basse Bretagne, de la forest d'Hery d'où cette
poire a pris son nom ;
besi ou
besiere voulant dire
sauvageon en Bretagne, Normandie : & cette
poire est ronde, jaune & lisse, & meilleure cuite que cruë. Le
chat bruslé, ou la
pucelle de Xaintonge. Le
bec d'oye, ou le
martinsec, La
poire de St. Denis, d'Angers. L'
amadote, ainsi nommée de l'arbre qui fut trouvé en Bourgogne chez Dame
Oudotte. Cette
poire est platte, jaune, lisse, seche & musquée, dont le bois sauvage étoit tout espineux avant sa culture. La
grosse-queuë, la
poire de St. François, la
poire de ronville, ou le
gros certeau muscat d'automne. La
poire de Lansac, ou la
Dauphine, ou la
frangipane d'automne.
En Novembre se mange la
virgouleuse, qui vient du village de Virgoulée prés de Limoges, qu'on appelle aussi la
chambrette, à cause que le Baron de Chambret en est Seigneur. Cette
poire est longue & verte, & jaunit en meurissant, tres-fondante, & d'un beurré solide & extraordinaire. Elle vient au plus beau des poiriers. Il la faut cueillir en maturité. L'
ambrette, la
Florentine, ou
poire de Florence. La
Marquise, espece de bon Chrestien d'hiver. La
poire de Malthe, ou
caillot rosat d'hiver, ou la
poire de Prestre. La
poire d'espine. La
Louïse-bonne, qui vient d'une Dame des Essarts en Poitou nommée
Louïse. Le
martinsec de Province, ou
de Champagne. C'est une
poire plus ronde que longue, fort colorée d'un rouge gris, dont l'eau est sucrée, & sujette à la pierre. Le
parfum d'hiver, ou le
bouvart musqué. Le
citron musqué, la
poire de maré. Le
bon Chrestien d'Espagne, ou la
poire de janvry, qui est grosse, longue, tres-belle, d'un rouge de vermillon, tendre & pleine d'eau. La
poire de jalousie. Le
besi de Quessoüet, venant de la forest de Quessoüet en Bretagne où elle est appellée
roussette, ou
petit beurré d'hiver. Cette
poire est petite, presque ronde, fort brune & beurrée, qui a une eau excellente, relevée & vineuse. Le
safran d'hiver, ou l'
orange de St. Lo. La
poire de rousseline.
En Decembre, le
besi, ou
muscat de l'eschasserie, jadis
de villandry. Elle est grosse, en ovale, assez jaune, tres-beurrée & musquée, & vient par bouquets. La
verte-longue. La
mouillebouche, ou l'
espine longue d'hiver : elle est d'une eau tres-fondante & tres-relevée. C'est une des plus excellentes
poires. La
poire de satin. Le
finor, ou le
petit fremon. Le
sucrin noir, ou la
poire de Mauritanie. L'
Archiduc. Le
gastellier, ou
genar. L'
espine de maflée. Le
franc real, ou
gros micet, qui est une
poire grosse, & presque ronde, d'un jaune tavelé, & excellente à cuire. Le
petit micet, le
milan rond, espece de bergamotte. La
poire d'amadonte. La
poire de parmin, dont la rouge se nomme
poire de Luxembourg. La
gourmandine. Le
portail. La
poire de Portugal. La
poire de St. Germain, ou
de l'artheloir. Le
petit certeau est une
poire longue & menuë, jaune & rouge, excellente en composte & à confire. La
poire de Naples.
En Janvier, la
poire de bon Chrestien. Il y a le
doré, qui est le premier meur ; celuy
d'auche, qui est sans pepins, tres-long, & le meilleur de tous, & qui se colore comme les autres. Le
bon Chrestien verd, qui dure jusqu'en May. Il jaunit en meurissant. Il y en a de longs, & de ronds. Le meilleur vient en calbasse. On doit ce fruit à St. Martin qui l'a apporté de Hongrie, que le peuple nommoit
le bon Chrestien. D'autres disent qu'on le doit à St. François de Paule. C'est le plus ancien des fruits. Il y a aussi un
bon Chrestien d'Angleterre, que quelques-uns nomment
de Mauritanie, à cause que sa peau est noire & brune. Le
gros beurré d'hiver, ou
bon Chrestien beurré. L'
orange d'hiver. Le
trouvé de montagne. La
poire de Prince ou le
gros certeau d'hiver. Le
sucrin d'hiver, le
petit muscat d'hiver. La
poire de livre, ou
rateau gris. La
poire de tresor, ou
d'amour. La
poire de grillon, ou
bonne-amet.
En Fevrier, le
rousselet d'hiver, le
gros musc d'hiver, ou l'
orange musquée, ou la
poire Magdelaine. Elle est longue & verte, & jaunit en meurissant. La
pastorale, qui ressemble au
St. Lesin. Le
martinsire, ou
certeau musqué d'hiver. Elle est longue, verte & rouge, belle & lisse, dont l'eau est excellente & musquée. Le
Dagobert. La
donville, ou le
calot, ou la
poire de Provence. Le
bequesne. La
bergamotte de Hollande, qui est tres-grosse, ronde, verte, & beurrée. La
poire verte de pereus. La
poire de Pise, ou
de St. Augustin. Le
visbourg. La
bergamotte bugi, qu'on appelle en Italie
pera spina, est une grosse
poire presque ronde, plus menuë vers la queuë, d'un verd jaune, fondante & beurrée, & de bonne garde. La
poire de girofle. La
stergonette.
En Mars, Avril & May, le
St. Lesin, la
double fleur, la
bonne de soulers, la
bergamotte de Pasques, ou
de la grilliere, qui est verte & beurrée, & d'une eau aussi bonne que celles d'automne. La
poire de Fontarabie. Gros muscat de Lyon, ou
gros Romain ; bonne-foy, ou
Carmelite musquée. C'est une grosse
poire plus longue que ronde, jaune, & colorée de rouge, sans pierre. Le
tibivilliers, ou
bruta marma. La
poire de Perse, ou d'
Armenie, de Montrave, ou
gros muscat d'hiver. La
poire de chaumontel, ou
gros beurré d'hiver. Elle est assez longue, d'un gris brun & rouge, qui est fondante & de bon goust, & la plus tardive des
poires beurrées, qui se garde jusqu'en May. La
poire de fer, ou
d'hiver. La
bernardiere. La
gilogilles, ou
garde-escosse. Le
cadillac, ou
de Pequiny, de citrouille, de tout temps, espece de rateau blanc. Pline fait aussi mention d'un grand nombre de
poires qui étoient nommées la plus-part du nom de ceux qui les avoient apportées, ou des lieux d'où elles étoient venuës ; ce qui est arrivé aussi aux
poires de nostre temps. La
poire à dix fibres qui servent à nourrir ses pepins. Elle a une partie particuliere qu'on appelle
la carriere, qui est un amas de petits noeuds pierreux dont plusieurs sont répandus par tout son parenchyme, mais qui sont plus prés & plus durs vers le centre du fruit ; desorte qu'ils semblent former tous ensemble comme une seule pierre ronde. Cette carriere se forme de la même maniere que celle qu'on voit dans les urines, dans les tonneaux de vin, & plusieurs autres liqueurs.
POIRE D'ANGOISSE, se dit d'un cadenas qui par de certains ressorts qui se laschent, quand on l'a mis dans la bouche, oblige à la tenir ouverte, & empesche de crier.
On dit aussi figurément, qu'on a bien mangé des
poires d'angoisse, lors qu'on a été dans un état miserable, en captivité, & qu'on a souffert bien des maux.
POIRE À FEU. C'est une espece d'eolipile fait de cuivre en forme de
poire, qui n'a qu'un petit trou par où l'on fait entrer l'eau, quand on l'y trempe étant eschauffée, & par où le vent sort avec violence, quand on la met sur du feu.
POIRE, est aussi un fourniment où on met de la poudre à canon pour porter dans la poche, parce qu'il est fait en forme de
poire.
POIRE, se dit proverbialement en ces phrases. Il faut garder une
poire pour la soif, c'est à dire, espargner pour le besoin. On dit aussi, Entre la
poire & le fromage, en parlant de la gayeté qu'on a à la fin d'un repas. On dit aussi quand on menace quelqu'un, qu'on ne luy promet pas
poires molles.