Faire entrer, introduire quelqu'un dans une maison, dans une affaire, en quelque lieu. Il a
fourré son fils en une bonne Commission. il s'est
fourré dans la Ferme Generale. ce jeune homme fera fortune, il est entrant, il se
fourre par tout, il est toûjours
fourré dans les bonnes compagnies. Menage derive ce mot de
furrare, qui a esté fait de
foderare, & qui vient de l'
Allemand foeren, signifiant la même chose. ou plutost il vient de
fourra, qui en langage Celtique ou Bas-Breton signifie,
remplir.
FOURRER, signifie aussi, Mettre quelque chose dans une autre, l'y faire entrer. Il luy a
fourré son espée au travers du corps. on ne sçauroit plus rien
fourrer dans ce coffre, dans ce sac, il est trop plein.
FOURRER, signifie encore, Se cacher, se mettre en quelque lieu estroit. Au jour du Jugement le pescheur ne sçaura où se
fourrer, il n'y aura point d'asile pour luy. quand on monstre une espée à ce poltron, on le feroit
fourrer dans un trou. Nicod derive ce mot de
ferre, ou de
foras ire.
FOURRER, signifie aussi, Garnir de fourrures ou d'autres choses qui gardent la chaleur. Ce vieillard a fait
fourrer son justaucorps, il a son manteau doublé de panne, de ratine, il se
fourre bien de peur du froid. en ce sens il vient du
Latin foderare.
FOURRER, se dit aussi en parlant d'une fraude qu'on pratique dans les monnoyes, quand des flaons de cuivre ou de fer, ou des metaux alliez, sont couverts ou bordez de lames d'or ou d'argent, & ensuitte passez dans les fers pour les monnoyer. Les Anciens ont
fourré quelques monnoyes de cette façon. On le dit aussi des bottes de paille, de foin, & autres choses dont le dedans est de moindre valeur que le dehors.
FOURRER, se dit figurément en Morale des choses spirituelles. On ne sçauroit rien
fourrer dans la teste de cet escolier, tant il est stupide. je ne sçay qui luy a
fourré cette opinion dans l'esprit. ce Pedant a
fourré cent trippes de Latin en son discours.
On dit proverbialement, qu'un homme
fourre son nez par tout, pour dire, qu'il est incommode, qu'il se mesle des affaires où il n'est point appellé. On dit aussi, Il a bien
fourré de la paille dans ses souliers, pour dire, Il s'est enrichi.
FOURRÉ, ÉE. part. & adj.
On appelle aussi une paix
fourrée, une paix qui n'est faite qu'en apparence, & qui ne durera pas long-temps. un coup
fourré, un coup qu'on porte avec furie & sans se mettre en garde, qui en fait recevoir un autre en même temps. une piece de monnoye
fourrée, qui n'a que le dessus & les bords d'or ou d'argent, & le reste faux. une botte de foin, de paille ou autre marchandise,
fourrée, quand on a mis le plus beau au dehors, & que le dedans est de moindre valeur.
On appelle en
termes de Chasse, Lieux
fourrez, les espiniers & les forts du bois où les bestes noires font leur demeure.
On appelle des langues
fourrées, certaines langues de cochons qui viennent de Touraine, faites de certain hachis de viande recouvert de la même peau de la langue.
On dit proverbialement, un innocent
fourré de malice, en parlant d'un homme qui est meschant dans l'ame, & qui semble en apparence estre simple.