Le retour de l’automne s’accompagne souvent d’une saveur douce-amère. Certains craignent la baisse de la luminosité et le premier rhume de la saison, tandis que d’autres se réjouissent de ressortir les lainages et de se lover dans un plaid sur le canapé, en sirotant un thé bien chaud.
Que vous soyez adeptes des plaisirs automnaux ou non, voici un petit décryptage de dix mots qui vous fera oublier votre éventuelle déprime saisonnière !
1) arrière-saison
En tant que dernière saison de l’année, l’automne est parfois nommé arrière-saison. Apparu vers 1500, ce mot peut aussi désigner plus précisément la période qui s’écoule entre la fin de l’automne et le début de l’hiver... période que l’on appelle aussi arrière-automne ! Vous suivez ? Au sens figuré, l’arrière-saison désigne le commencement de la vieillesse. Cet emploi plutôt poétique se retrouve dans des chansons et des romans : « Je regarde et n’envisage / Pour mon arrière-saison / Que le malheur d’être sage » (Guillaume de Chaulieu, La Goutte). Un conseil à suivre assurément !
2) équinoxe
L’équinoxe qualifie la période de l’année où le soleil passe par l’équateur, ce qui entraîne une durée égale du jour et de la nuit sur tout le globe terrestre. Le mot tire tout simplement son origine du latin æquinoctium, composé de æquus « égal » et de nox, noctis « nuit ». De retour dans l’air du temps depuis quelques années avec le regain d’intérêt pour les traditions païennes, qui célèbrent les équinoxes de printemps et d’automne, le mot est employé autant par les férus d’astronomie que par les inconditionnels de l’astrologie !
3) pétrichor
L’odeur si caractéristique qui se dégage de la terre lorsque tombe la pluie après une période sèche porte un nom : celui de pétrichor. Il s’agit d’un emprunt à l’anglais petrichor, lui-même composé à partir du grec ancien petros « pierre » et du mot ichor, vieux terme médical signifiant « pus sanguinolent » et venant du grec ikhôr « sang des dieux ». Le pétrichor, ou littéralement « sang de pierre », évoque cette idée de suintement du sol (terreux, pavé ou bitumé) après la pluie et occupe une place de choix dans notre mémoire olfactive au même titre que l’odeur des viennoiseries de la boulangerie à la sortie du four !
4) cèpe
Le cèpe, reconnaissable à son chapeau brun doré charnu (sans lamelle dessous !) et à son pied massif, est le plus prisé de tous les champignons de l’automne ! Son nom a été emprunté au gascon cep qui signifie « tronc » (issu lui-même du latin cippus « pieu, borne »), en raison de sa forme courte et épaisse. Il s’agit d’un champignon du genre bolet, qui pousse principalement dans les forêts de pins et de chênes. S’il peut d’ailleurs être désigné par le nom bolet, son synonyme botanique, cèpe est plus courant et s’emploie exclusivement dans les secteurs du commerce et de l’alimentation. Dans une omelette ou un risotto, c’est le moment où jamais de consommer des cèpes frais !
5) mordorure
Mot évoquant les teintes de l’automne aux reflets bruns, dorés et chatoyants, mordorure est le nom dérivé de l’adjectif mordoré. Datant de 1771, il s’agit de la forme soudée de la locution more doré, attestée comme nom à propos d’un tissu teint en brun-rouge en 1669. Mordoré, qui signifie « brun chaud, avec des reflets dorés », est donc composé de more, variante de maure « habitant de la Mauritanie », en raison de la couleur brune de leur peau, et de doré. CQFD ! Rare, le nom mordorure est surtout employé dans les domaines de l’art et de la littérature.
6) flave
Une autre couleur appartenant au nuancier de l’automne est ce blond doré, ce jaune lumineux, qualifié par l’adjectif flave. Rare et littéraire, ce mot tire son origine du latin flavus qui veut dire « jaune ». On le trouve d’abord au XIVe siècle dans la locution vin flave. Puis en littérature, cet adjectif s’applique le plus souvent à la chevelure, à la barbe. Mais prenez garde, flave n’a rien à voir avec le terme anglais flave (contraction de flate « plat » et de wave « vague »), tendance capillaire bien connue dans votre salon de coiffure qui consiste à former de légères ondulations, comme celles que vous obtenez après avoir passé une journée à la mer !
7) vendange
Même si les premières grappes de raisin sont récoltées dès la fin du mois d’août, le temps des vendanges marque l’entrée dans la saison automnale ! Apparu en 1553, vendange est issu du latin vindemia, « vendange, temps des vendanges », qui est composé de vinum « vin » et de demere « récolter, enlever ». Vendange a d’abord signifié « vin » et « période de la vendange » avant de désigner l’action de cueillir et de rassembler les raisins mûrs pour la fabrication du vin, ainsi que les raisins récoltés. De nos jours, le pluriel est plutôt employé pour indiquer l’époque de l’année durant laquelle se déroule cette action.
8) bruine
Qui ne s’est pas déjà plaint de cette petite pluie très fine et souvent froide, parfois interminable, qui vient nous fouetter le visage ? La bruine résulte de la précipitation du brouillard et s’avère très fréquente à la fin de l’automne. Le mot a été formé au cours du XIIe siècle à partir du latin pruina qui signifie « frimas » (un brouillard épais et froid formant des dépôts de givre… plutôt caractéristique de l’hiver), avec une altération sous l’influence de bruma « brume ». Bruine désigne alors plusieurs phénomènes météorologiques comme la gelée blanche, la brume et le brouillard tandis que son sens moderne n’est attesté que depuis 1538.
9) marron
« Chauds, chauds, les marrons chauds » chantait Dalida en 1961. L’odeur réconfortante des marrons grillés en plein air et vendus aux passants nous ravit toujours autant au cœur de l’automne ! Le nom de ce fruit comestible du châtaignier cultivé a été emprunté à l’italien marrone, qui dérive lui-même probablement du radical préroman marr- « pierre, caillou ». Il est possible que marron ait été introduit en France par la région lyonnaise où il était employé pour désigner une châtaigne. Par analogie, le terme marron a été attribué en 1718 à la graine non comestible du marronnier d’Inde. Or, si le marron est bien une variété de châtaigne destinée à la consommation, le marron d’Inde vous causera des troubles digestifs sévères. Faites attention, la confusion peut s’avérer… toxique !
10) chrysanthème
Le chrysanthème vient traditionnellement décorer les cimetières depuis le XIXe siècle, car c’est une plante vivace, résistante et nécessitant très peu de soins. Il devient la fleur emblématique de l’automne lorsqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, le président Raymond Poincaré demande aux Français d’aller fleurir les tombes de leurs morts à la Toussaint. Le mot est un emprunt au latin chrysanthemum qui tire son origine grecque de khrusos « or » et anthemon « fleur », car les premiers spécimens connus de cette « fleur d’or » étaient jaunes. Si en France, le chrysanthème est la fleur du deuil par excellence, il revêt des symboliques plus positives dans d’autres pays : synonyme de bonheur et de plaisir au Japon, il s’offre également à la fête des Mères en Australie. Fleur des morts ou fleur des vivants, le tout est de suivre la bonne coutume pour ne pas commettre un impair !