dieu
définition
Définition de
dieu
nom masculin et interjection
Principe d'explication de l'existence du monde conçu comme un être personnel, selon des modalités particulières aux croyances, aux religions.
(dans le monothéisme)
Être éternel, unique, créateur et juge. Croire en Dieu. Ne pas croire en Dieu (➙ athée).
« Ni Dieu ni maître », maxime anarchiste (titre du journal de A. Blanqui).
avec article Le Dieu des juifs (Yahvé, Jéhovah), des chrétiens (Dieu), des musulmans (Allah).
(dans la doctrine chrétienne) Dieu en trois personnes (le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; ➙ trinité). Le Fils de Dieu : le Christ. La mère de Dieu : la Vierge.
locution Recommander* son âme à Dieu.
proverbe L'homme propose, Dieu dispose, les projets sont souvent contrariés par les circonstances.
avec article Le bon Dieu (expression familière et affective). Prier le bon Dieu. locution On lui donnerait le bon Dieu sans confession*.
dans des locutions Dieu sait… (pour appuyer une affirmation ou une négation) Dieu sait si j'avais pris des précautions.
(pour exprimer l'incertitude) Dieu seul le sait.
À la grâce de Dieu. Avec l'aide de Dieu. Dieu vous entende !
interjection Ah, mon Dieu ! Grand Dieu !
(jurons) Nom de Dieu ! Bon Dieu !
(dans le polythéisme) Un dieu, les dieux.
Être supérieur doué d'un pouvoir sur l'être humain et d'attributs particuliers. ➙ divinité ; idole. Histoire des dieux. ➙ mythologie. Les dieux égyptiens. Dieux, déesses et demi-dieux de la Grèce. Les dieux et les génies de l'animisme.
locution Être aimé, béni des dieux, avoir des atouts, de la chance. Jurer ses grands dieux : jurer solennellement.
Faire de qqn, de qqch. son dieu, en faire l'objet d'un culte. C'est son dieu.
Voir aussi :Dieux et divinités : majuscule ou minuscule ?
synonymes
Dictionnaire universel de Furetière (1690)
Définition ancienne de DIEU s. m.
Il ne peut avoir de vraye definition, à cause que c'est un Estre infini & incomprehensible. Les hommes le considerent comme la premiere Cause, le premier Estre qui est de tout temps, qui a tout creé, & qui subsiste de luy-même. L'Escriture le definit ainsi, Ego sum qui sum, Alpha & Omega, le commencement & la fin de toutes choses. La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse. Toute la sagesse du monde n'est que folie devant Dieu. Les Chrêtiens adorent un Dieu en trois personnes, Dieu le Pere, Dieu le Fils, Dieu le St. Esprit, & les trois ne sont qu'un seul Dieu. Voilà un homme qui est tout en Dieu, qui est fort devot. Il faut mettre toute son esperance en Dieu. Le nom de Dieu est appellé des Grecs tetragrammaton, ou composé de quatre lettres, comme il est presque chez toutes les nations, ainsi qu'ont remarqué les curieux : en Hebreu Jehova, en Grec Theos, en Latin Deus, en Espagnol Dios, en Italien Idio, en François Dieu, en vieux Gaulois Diex, en ancien Alleman Diet, en Sclavon Buch, en Arabe Alla. Ceux de Pannonie l'appellent Istu, les Polaques Bung, les Egyptiens Tenu, les Persiens Sire, les Mages Orsi, en Langue Malaye Dios. L'Escriture a donné plusieurs noms à Dieu, le Dieu d'Abraham, & d'Isaac, le Dieu des Armées, le Dieu des Batailles, le Dieu Vivant. Les Hebreux dans leurs serments disoient, Vive Dieu. DIEU, se dit abusivement des puissances & des personnes heureuses. Les Rois sont des Dieux sur terre. Les Grands, les Princes font les petits Dieux. JESUS-CHRIST a dit, Vous estes des Dieux, des enfants du Tres-Haut. Les esleus, les gens de bien sont appellez les enfants de Dieu. On s'en sert aussi figurément pour parler des choses qu'on aime passionnément. Une mere n'a qu'un fils, elle en fait son Dieu. Un avare fait son Dieu de son argent. Un goulu n'a point d'autre Dieu que son ventre. Un amant dit que les yeux de sa maistresse sont ses Dieux. Il y a une infinité de façons de parler communes sur ce mot. On dit en actions de graces, Graces à Dieu, Dieu mercy, Dieu mercy à vous, Dieu mercy les soins que j'y ay pris, Dieu mercy mon argent que j'ay fourni. On le dit aussi à contresens. Dieu mercy les gens de guerre, je n'ay plus de bien. Cet homme vit selon Dieu. Cela est selon Dieu & raison. En matiere de souhait, Dieu le veuille, Pleust à Dieu, A Dieu ne plaise, Dieu m'en garde, Dieu vous assiste, Dieu vous benisse, Dieu vous garde de mal, Dieu vous veuille bien ouïr, Dieu vous le rende, Dieu vous conserve, Dieu vous conduise. On dit aussi, Dieu aidant, pour dire, S'il plaist à Dieu. En matiere de conjuration & d'affirmation. Pour l'amour de Dieu, Au nom de Dieu, Bon Dieu, Juste Dieu, Sur mon Dieu, Je prends Dieu à témoin, Dieu sçait si j'ay fait cela à mauvaise intention, Croix de par Dieu, Allez de par Dieu. En matiere de salut, Dieu vous gard, Dieu soit avec vous, Bon jour & adieu, Adieu jusqu'au revoir. Dieu vous ait en sa sainte garde : c'est la formule avec laquelle le Roy finit les lettres qu'il écrit à ses sujets. Les Princes Souverains s'appellent Rois par la grace de Dieu, & disent qu'ils ne relevent que de Dieu & de leur épée. Ainsi c'est une formule de toutes les lettres de Chancelerie, Louïs par la grace de Dieu, &c. On appelle la cause de Dieu, la deffense de l'Eglise & des choses sacrées, celle de son nom & de sa gloire, & aussi celle des pauvres & orphelins, & autres qui sont sous sa protection. On appelle aussi Dieux improprement, les hommes, les Idoles que les Gentils ont adorez. Les Payens ont fait des Dieux de tous leurs Heros, de leurs Empereurs. Ils avoient des Dieux d'or, de bois, de pierre. Mars étoit le Dieu de la Guerre, Apollon le Dieu de la Poësie. Les Romains dans le temps le plus florissant de leur Empire comptoient jusqu'à trente mille Dieux. On appelloit Demi-Dieux, les Faunes & Divinitez champestres. On traite aussi les Heros, les Mecenas, de Demi-Dieux. On dit en proverbe, Cela luy est venu de la grace de Dieu, pour dire, que c'est un don de Dieu, par un bonheur inopiné, sans qu'il l'ait recherché. On dit qu'un homme est devant Dieu, pour dire, qu'il est mort ; & quand c'est un méchant homme, que c'est une belle ame devant Dieu. Je ne sçay où cela est, Dieu le sçache. Tout cela va comme il plaist à Dieu, c'est à dire, en desordre, personne n'en a le soin. Dieu sur tout, pour dire, que Dieu est au dessus des causes sublunaires, sur lesquelles on fait des predictions. On dit que la voix du peuple est la voix de Dieu. On dit aussi, que ce que la femme veut, Dieu le veut, pour dire, que les femmes sont opiniastres. On dit qu'un homme doit à Dieu & au monde, pour dire, qu'il est noyé de dettes. DIEU-DONNÉ, est le surnom donné à quelques Princes dont la naissance a été inesperée, ou en quelque façon miraculeuse, que Dieu a accordée aux prieres de son peuple. Philippes Auguste a eu le surnom de Dieu-donné. Il y a quelques endroits où on appelle Dieu-donnés, les seculiers qui se donnent à Dieu & au service des Monasteres où ils se retirent. En d'autres on les appelle seulement Donnez. DIEU, se dit aussi en plusieurs mots composez, des lieux pieux. L'Hostel-Dieu, la Maison-Dieu, sont des Hospitaux. La Chaise-Dieu, Bourg-Dieu, Benisson-Dieu, Lieu-Dieu, sont des noms d'Abbayes.
Ces définitions du XVIIe siècle, qui montrent l'évolution de la langue et de l'orthographe françaises au cours des siècles, doivent être replacées dans le contexte historique et sociétal dans lequel elles ont été rédigées. Elles ne reflètent pas l'opinion du Robert ni de ses équipes. En savoir plus.