Email catcher

Top 10 des mots venus d’ailleurs

Top 10 des mots

Que vous soyez ou non partis en vacances cet été, je vous invite à voyager aux quatre coins du monde avec ce top 10 des mots venus d’ailleurs.

Le français, au cours de son histoire, s’est continuellement enrichi de vocabulaire issu de nombreuses langues différentes. On connaît l’importance des apports de l’anglais, de l’arabe, de l’espagnol ou de l’italien… mais ce n’est pas tout ! Chaque continent a légué des mots à notre lexique, si bien intégrés qu’il n’est pas toujours évident d’en deviner la lointaine provenance.

Des Caraïbes à la Sibérie, en passant par l’Amérique du Sud, l’Inde et la Mésopotamie, suivez le guide dans ce palmarès des mots français qui nous viennent de loin !

10. Barbecue

Commençons ce top avec un terme emblématique du vocabulaire estival : le barbecue. Si la prononciation de ce mot adopté en français au milieu du XXe siècle laisse supposer une origine anglaise, ce n’est que la première étape du voyage. Le terme est arrivé en anglais américain au XVIIe siècle, en passant par le Sud : il est emprunté à l’espagnol d’Amérique du Sud barbacoa, désignant, comme en français, un braséro pour faire des grillades en plein air. Le mot provient de barbakoa « support en bois » en taïno, langue amérindienne des Caraïbes. Barbacoa avait déjà été emprunté en français auparavant : c’est vraisemblablement l’origine de barbaque, synonyme argotique de viande.

9. Cidre

Le cidre, boisson issue de jus de pommes fermenté, est aujourd’hui indissociable des régions françaises de Bretagne et de Normandie. Mais l’on peut retracer son histoire aussi loin que la Mésopotamie antique ! Attesté sous la forme sidre (ou sizre) en ancien français au XIIe siècle, le mot peut d’abord désigner toute boisson alcoolisée. Il provient du latin biblique sīcera « alcool », calque du grec sī́kera de même sens. Dans la traduction grecque de la Bible hébraïque, ce dernier sert à rendre l’hébreu šekar « boisson fermentée ». Ce terme d’origine sémitique se retrouve jusqu’en akkadien, langue sémitique de Mésopotamie au IIIe millénaire avant notre ère, sous la forme šikaru « bière » !

8. Avocat

Aucun rapport étymologique entre le professionnel du barreau et le fruit de l’avocatier ! Si le premier vient simplement du latin advocatus « appelé, convoqué pour défendre, avocat », son homophone comestible a une origine bien plus lointaine. Le mot est emprunté à l’espagnol abogado/avocado au XVIIe siècle, déformation d’un plus ancien aguacate, altéré par l’influence, justement, du mot abogado (« avocat » au sens juridique) en espagnol. La forme remonte au nahuatl (langue des Aztèques) ahuacatl « fruit de l’avocatier », ramené du Mexique par les colons espagnols au XVIIe siècle.

7. Élixir

Le Grand Robert définit l’élixir d’abord comme « la substance la plus pure que l’on tirait de certains corps », une véritable liqueur magique, synonyme de quintessence. Attesté en français dès le XIIIe siècle, le mot désigne notamment, en alchimie, la pierre philosophale ! Il provient, via le latin médiéval elixir (XIIe siècle), de l’arabe (al-)ʾiksīr, de même sens. On peut remonter davantage : le mot arabe est emprunté au grec ancien xēríon « poudre sèche pour guérir les blessures », dérivé de l’adjectif xērós qui signifie « sec ». Le voyage de ce mot témoigne des échanges nourris entre sciences grecques et arabes au Moyen Âge.

6. Pyjama

Le pyjama n’est arrivé en France qu’à la fin du XIXe siècle. Il est emprunté à l’anglais pyjama(s)/pajama(s), mot rapporté d’Inde vers le XVIIe siècle par les colons anglais. À l’époque victorienne, il s’est vite imposé dans toute l’Europe, d’abord pour les femmes comme un accessoire de mode indispensable ! Comme le note Le Grand Robert, la forme pajama, plus conforme à l’étymologie, était aussi employée en français. Le mot tire son origine de l’hindi ou de l’ourdou pāeǰāma, nom d’un vêtement ample porté par les populations hindoues, sikhes et musulmanes d’Inde. Il est composé de deux mots sans doute d’origine perse : ǰāma « vêtement » et pāy « jambe, pied » (ce dernier étant d’ailleurs un lointain cousin de notre pied).

5. Galerie

C’est d’une métaphore biblique que provient le mot galerie. Son sens premier en ancien français (XIVe siècle) est précisément « porche d’église » : il est tiré du latin médiéval galeria, déformation de galilea « porche d'église ». Or, il faut sans doute reconnaître dans ce dernier le latin classique Galilaea « la Galilée », utilisé métaphoriquement : cette région de la Palestine antique représentant, comme le porche de l'église, la séparation entre païens et convertis. Une étymologie à considérer avant de vouloir « épater la galerie »…

4. Mammouth

Nous poursuivons notre voyage aux confins de la Sibérie, avec le mot mammouth : celui-ci apparaît en français au XVIIIe siècle pour désigner les sortes d’éléphants découverts à l’état de fossiles dans le pergélisol sibérien. C’est un emprunt au russe ма́мант (mámant) de même sens. Le mot russe est lui-même emprunté à une langue de Sibérie : il est probablement composé des termes « terre » et ānʹt « corne » en mansi (langue ouralienne apparentée au finnois et au hongrois), soit les « Cornes-de-la-Terre » ! En effet, les peuples sibériens ayant les premiers découvert ces fossiles ont pu imaginer qu’il s’agissait de gigantesques animaux fouisseurs, dont seules les cornes venaient affleurer à la surface à leur mort !

3. Briller

Comment imaginer que derrière le simple verbe briller se cache le nom d’une ville d’Inde ? Le mot est d’abord emprunté, au XVIe siècle, à l'italien brillare « briller, éclater ». Or, ce dernier pourrait provenir du latin beryllus « béryl, cristal », emprunté au grec ancien bḗrullos « béryl ». La forme grecque semble être tirée du nom du lapis-lazuli, veruḷiya, dans une langue d’Inde. À l’origine du mot, on trouve le nom de la ville de Vēḷur, dans le sud de l’Inde, où la pierre en question était extraite.

2. Canne

Le petit mot canne, qui en ancien français (XIIIe siècle) signifiait « tuyau » selon Le Petit Robert, est accompagné d’une vaste famille étymologique : lui sont apparentés cannelle, canal, canon, canyon, chenal… Tous remontent au latin canna « canne, roseau », emprunté au grec kánna « roseau». Ce dernier est vraisemblablement arrivé en grec via l’assyrien, rameau de l’akkadien dont nous parlions précédemment. On trouve en effet en akkadien un mot qanû « roseau ». Il est possible de remonter encore plus loin : qanû semble être hérité du mot gina « roseau » en sumérien, langue de Mésopotamie parlée au IVe millénaire avant notre ère, ce qui en fait la plus ancienne langue connue !

1. Zénith

Pour conclure ce top, tournons-nous vers le zénith. Désignant un point du ciel situé à la verticale d’un observateur, le mot provient du latin médiéval cenit, emprunté à l'arabe samt « direction ». Plus précisément, il s’agit de la contraction de l'expression samt ar-raʾs « direction (au-dessus) de la tête ». Le pluriel de samt, soit as-sumūt « les directions », a donné le français azimut, d'où l'expression tous azimuts « dans toutes les directions » ! Pour boucler la boucle, le mot arabe samt proviendrait lui-même du latin sēmita « chemin », d’où provient notre sentier… et c’est sur ce sentier étymologique que je vous laisse poursuivre votre voyage !

Retrouvez les innombrables mots voyageurs de la langue française dans les dictionnaires Le Robert, ainsi que dans l’ouvrage Abécédaire illustré des mots voyageurs publié par l’auteur aux éditions Atelier Perrousseaux.

 

 

 

 

Recommandés pour vous

Top 10 des mots