qui se dit par excellence des paroles secrettes de la Messe depuis la preface jusqu'au Pater, au milieu desquelles le Prestre fait la consecration. Le peuple doit se mettre à genoux pendant le
Canon de la Messe. Du Cange dit qu'il a été ainsi nommé,
quia in eo est legitima sacramenti confectio.
CANON, se dit aussi d'un tableau ou carton enrichi où ces paroles sont écrites. On le met au milieu de l'autel devant le celebrant. Un
Canon en broderie, ou enluminé.
CANON, se dit generalement des Loix & des Regles Ecclesiastiques, & des Decrets des Conciles. Les
Canons des Conciles de Nicée, de Latran, de Trente, &c. Quelques-uns doutent de la verité des
Canons des Apostres, que l'on attribuë d'ordinaire à St. Clement. Turrien & quelques autres croyent veritablement qu'ils sont des Apostres. Hincmar & Mr. de Marca croyent qu'ils sont du II. & III. Siecle dressés par des Evêques Disciples des Apostres. D'autres enfin croyent qu'ils n'ont été repandus dans l'Eglise que vers le V. Siecle. Il est certain qu'il y en a eu des Recueils faits en differents Siecles, & même du temps des Apostres. Denis Le Petit au V. Siecle en fit une plus ample Collection, & aprés luy Ferrandus, Cresconius, Isidorus Mercator. Les
Canons des Evangiles sont une espece de Concordance faite par Eusebe de Cesarée, dont parlent St. Jerôme, & Isidore. Les Religieux appellent aussi
Canon, le livre qui contient les articles de leur Regle, & leur Institution.
DROIT CANON, est un Recueil qui a été fait en 1151. par Gratian Moine Benedictin, des Textes de la Bible, des Conciles, & des sentimens des SS. PP. sur chaque matiere Ecclesiastique. Il est divisé en plusieurs Causes & Distinctions, à quoy sont adjoustées les Decretales, & quelques autres Constitutions ou Ordonnances de plusieurs Papes : toutes lesquelles choses composent le Corps ou le Cours du
Droit Canon que nous avons en trois Volumes, y compris les Commentaires.
CANON, est aussi un Catalogue des Livres Sacrés, ou des Saints qui ont été reconnus pour tels dans l'Eglise. Un tel livre est apocryphe, il n'est pas dans le
Canon. Ce Saint a été mis dans le
Canon des Saints dont on solemnise la Feste.
CANON, en
termes de Guerre, est une piece d'Artillerie, ou arme à feu faite de fer, ou de fonte. Elle est de figure cylindrique, & creuse par le milieu. On la charge de poudre & de boulets, ou de cartouches. Voicy les parties d'un gros
canon ordinaire. Il est long d'environ dix pieds. Son noyau est de neuf pieds. Son affust est long de quatorze, & son aissieu de sept. Le diametre de sa bouche est de six pouces & deux lignes ; l'évent de la balle de deux lignes. Le diametre de la balle est de six pouces, & son poids de trente trois livres 1/3. Le metail est espais au collet de deux pouces, & à la culasse de six. Son metail pese environ 5600. livres. Sa charge est de 18. à 20. livres. Il tire de point en blanc 600. pas, & tire dix coups par heure, & quelquefois quinze, & par jour 120. Son lit doit avoir quinze pieds de large, & vingt de long pour son recul. Il faut 20. chevaux pour le mener. Et pour le service d'un
canon qui bat en ruine, il faut deux Canoniers, trois Chargeurs, & 30. Pionniers. On ne fait gueres à present de
canon que de 24. livres, qui ont cinq pouces & demi de calibre, & dix pieds de long. Les
canons des vaisseaux portent depuis quatre jusques à 36. livres de balle. L'Amiral & le Vice-Amiral sont tous montés de
canons de fonte. Les autres ont la meilleure partie de
canons de fer. Les
canons des vaisseaux sont montés sur quatre petites rouës comme les affusts des mortiers. La charge de poudre d'un
canon est environ la moitié du poids de son boulet. Il faut rafraischir le
canon aprés une trentaine de descharges avec du vinaigre. Ce mot vient de
cannone Italien augmentatif de
canna, à cause que le
canon est long, droit & creux comme une
canne. Menage.
CANON, se dit aussi de l'Artillerie en general. On a pris le
canon & le bagage des ennemis. On dit, qu'une place ne s'est point renduë qu'à la veuë du
canon, qu'elle a attendu le
canon, qu'elle a souffert le
canon selon la resistance qu'elle a faite : & on dit figurément, quand une chose est difficile à obtenir, qu'on ne l'aura qu'avec le
canon. On dit une lumiere de
canon, l'ame du
canon. un
canon renforcé sur la culasse. l'embrasure du
canon. un affust de
canon. pointer le
canon. plonger le
canon, le tirer en enbas. encloüer, demonter le
canon. une volée de
canon. le
canon de cette batterie étoit bien servi. La plus grande portée du
canon est lors qu'il est élevé de 45. degrés. Voyez Hanzelet, qui en a descrit toutes les portées de degré en degré, & la maniere d'en calculer l'augmentation, ou la diminution à proportion de son élevation. Le
canon doit être posé sur son affust, & arresté avec des surbandes qui le serrent sur ses tourillons. Cet affust a la culasse dentelée de trois ou quatre degrés nommés
coches, sur lesquels le Canonier pose le coin de mire pour tirer. Darcons dit avoir inventé une maniere de suspendre le
canon dans un vaisseau, qui le fait demeurer dans son point de mire nonobstant l'agitation de la mer.
LA POUDRE À CANON est une composition faite de salpestre, de soulfre, & de charbon, qui s'enflamme & se rarefie aisément, & qui est cause de tout l'effet du
canon. Polydore Virgile dit qu'elle fut inventée par hasard par un Chymiste, qui ayant de cette composition dans un mortier qu'il avoit couvert d'une pierre, le feu s'y prit, & fit sauter en l'air la pierre avec une grande violence. Thevet dit que c'étoit un Moine de Fribourg nommé Constantin Anclitzen. Mais Belleforest, & autres meilleurs Auteurs disent que ce fut un nommé Bertolde Schuartz, ou le Noir, qui l'inventa. Il en enseigna premierement l'usage aux Venitiens l'an 1380. en la guerre qu'ils avoient contre les Gennois en un lieu nommé autrefois Fosse Claudiane, & à present Chioggia, contre Laurens de Medicis, dont toute l'Italie se plaignit comme d'une contravention manifeste aux loix de la bonne guerre : & neantmoins Pierre Messie dit en ses diverses Leçons, que les Mores qui étoient assiegés en l'an 1343. par Alphonse XI. Roy de Castille, tiroient certains mortiers de fer qui faisoient un bruit semblable au tonnerre. Et Dom Pedre Evesque de Leon en la Chronique du Roy Alphonse qui conquit Tolede, dit qu'en une bataille navale qui fut donnée entre le Roy de Thunis, & le Roy More de Seville, il y a plus de 400. ans, ceux de Thunis avoient certains tonneaux de fer avec quoy ils tiroient force tonnerres de feu. Du Cange dit qu'on voit dans les Registres de la Chambre des Comptes, que l'usage en étoit en France dés l'année 1338. & on tient que les Anglois en tirerent à la bataille de Crecy en l'an 1346. Les premiers
canons ont esté appellés
bombardes, du mot
Latin bombus, à cause de leur bruit esclatant. Les
canons ont eu divers noms, diverses longueurs, & divers calibres. Les premiers
canons ont été appellés
cardinales, mulets, basiliques, ribadoquins, esmerillons, serpentines, passevolants, verteuils, ou
sautereaux, sacres, couleuvrines, barces, fauconneaux, bastardes, &c qui seront expliqués à leur ordre. Les plus ordinaires & reguliers de fonte verde sont les
canons ou coursiers de 9. à 10. pieds de long, calibre de Roy de six pouces de diametre, & portent une balle de 33. livres 1/3. Le
canon de fer coulé, ou de fer battu, n'a point de regle, & ne porte que douze livres de balle pour le plus.
CANON, se dit aussi de la partie des mousquets, fusils, carabines, pistolets, & autres armes à feu où se met la charge de poudre & de plomb. Il est posé sur un petit fust pour le tirer à la main.
On dit d'un homme qu'on veut perdre, qu'on le fera crever comme un vieux
canon de mousquet.
CANON RAYÉ, est un
canon qui a dedans quelques cannelures, dans lequel on enfonce une balle de plomb à force ; ce qui fait tirer plus droit. Il est deffendu à ceux qui tirent pour le prix de se servir de
canons rayez.
CANON, est aussi la partie d'une clef qui est forée, & qui joint l'anneau. C'est aussi la partie de la serrure dans laquelle entre le bout de la tige de la clef, quand elle n'est pas forée.
CANON, se dit aussi
en Architecture, des gouttieres de plomb ; au lieu que celles de pierre s'appellent
gargouilles.
CANON, est aussi le tuyau d'une plume, la partie qui sert à écrire.
CANON, signifie aussi, un petit tuyau qu'on met au bout des seringues pour donner des clysteres.
CANON, signifie en
termes d'Imprimerie, les plus gros caracteres avec lesquels on imprime. Il y a le
gros double canon, le
gros canon, le
trismegiste, ou
canon approché, &
petit canon, le tout avant le gros parangon, & le gros Romain.
CANON, en
termes de Manege, est la partie de la jambe du train de devant du cheval comprise entre le genou & le boulet. Il y a une fusée au
canon de ce cheval.
CANON, est aussi une partie d'un mords ou d'une embouchure de cheval, C'est une piece de fer arrondi qui entre dans la bouche du cheval, & qui la tient sujette. On les fait de plusieurs figures. Elle est ordinairement de deux pieces, & quelquefois d'une seule, comme le
canon à trompe.
CANON, en
termes de Musique, est un nom qu'on donne à une espece de fugue. Voyez
Fugue. On appelle aussi
canon musical, le sommier soûtenant les conduits qui portent le vent d'un tuyau à l'autre en un jeu d'orgues. Ce mot vieillit en ce sens, & il a été employé par Vitruve, & ses Traducteurs.
CANON, signifie encore, un demi-bras qui s'étend depuis la moitié des cuisses jusques à la moitié des jambes. On en portoit autrefois avec des bottes.
Canons de soye.
Canons de laine. Les Tailleurs appellent aussi
canons, les deux tuyaux de chausses où l'on met les cuisses, & le haut des bas de laine, ou de soye, qui s'eslargit en sorte qu'on y peut mettre les cuisses. Ainsi on dit, des bas à
canon, des
canons qu'on attache au bas du haut-de-chausse.
CANON, est aussi un ornement de toile rond fort large, & souvent orné de dentelle qu'on attache au dessous du genou, qui pend jusqu'à la moitié de la jambe pour la couvrir : ce qui étoit il y a quelque temps fort à la mode, introduitte par les cagneux. C'est dont
Moliere se raille.
De ces larges canons, où comme en des entraves,
On met tous les matins ses deux jambes esclaves.