Petite ouverture qu'on fait à quelque chose en la perçant. Les trous se font avec des instruments pointus, comme poinçons, forets, vilbrequins. On en fait aussi avec des tarrieres, des pinces, des marteaux, des pics dans la muraille, dans la terre, aux habits. Il se fait des
trous d'usure avec le temps. Les vers font des
trous au bois, aux étoffes. Platon disoit à Diogene, qu'il voyoit sa vanité à travers les
trous de son manteau. Le sommier de l'orgue est tout plein de
trous, pour distribuer le vent dans les tuyaux. Les Sophistes demandent, quand une cheville ne peut entrer dans un
trou, si c'est la faute du
trou, ou de la cheville. Menage dit que ce mot vient du
Latin truare, qui a été fait de
trua, qui signifioit un instrument avec lequel on remuoit la chair du pot, d'où on a fait un diminutif
truella, c'est ce que nous appellons
truelle ; ou qu'il vient du
Grec toreo, qui signifie
perforo : ce que Nicod a aussi témoigné. Borel le derive de
terebrare.
TROU, se dit aussi des creux que font plusieurs animaux pour se loger, comme les lapins, les renards, les taupes. Les oiseaux font leur nid dans des
trous. On a bouché tous les
trous des terriers. Il a mis le pied dans un
trou, il s'est fait une detorse.
On dit aussi, qu'un enfant s'est fait un
trou à la teste en tombant, pour dire, qu'il s'est fait une playe, que la chair est entamée.
TROU, se dit d'un creux, ou d'un puits, d'une carriere, d'une marniere. On a fait boucher les
trous de cette marniere, où il étoit dangereux de tomber. On a tiré bien de la pierre de cette carriere, qui est encore sur le
trou, pour dire, aux environs. On appelle aussi un
trou punais, le
trou d'un esgoust, d'un privé.
TROU, se dit hyperboliquement d'un lieu fort estroit où on n'est pas à son aise. On est bienheureux à l'armée, quand on trouve quelque
trou pour se loger. Cette Eglise ne peut pas contenir tous les Parroissiens, ce n'est qu'un
trou. Cette forteresse est bien importante, & cependant ce n'est qu'un
trou.
TROU, se dit en plusieurs sortes de jeux. Au Triquetrac on dit qu'on donne deux
trous à quelqu'un, pour dire, qu'on luy donne deux parties des douze qui font le tour. On marque deux
trous, quand on gagne une partie bredouille. Le
Trou Madame, est un jeu où on laisse couler des boules dans des
trous, ou rigoles marquées diversement pour la perte, ou pour le gain. A la paume il y a un petit
trou à fleur de terre du costé du service ; & quand une chasse est au pied du mur, on dit au
trou, ou à l'ais, c'est à dire, qu'il faut donner dans l'un, ou dans l'autre pour la gagner.
TROU, se dit proverbialement en ces phrases. Une souris qui n'a qu'un
trou est bientost prise, pour dire, qu'il faut avoir plusieurs moyens ou ressources dans les affaires pour y entrer, ou en sortir. On dit d'un ignorant qui n'a pas veu le monde, qu'il n'a jamais rien vû que par le
trou d'une bouteille. On dit d'un poltron, quand il a peur, qu'il se fourreroit volontiers dans un
trou, qu'on luy boucheroit le
trou du cul d'un grain de mil. On dit d'un yvrogne, qu'il boit comme un
trou ; d'un banqueroutier, d'un fugitif, qu'il a fait un
trou à la nuit, un
trou à la Lune ; & de celuy qui trouve à toutes les objections des eschappatoires, Autant de
trous que de chevilles. On dit aussi de celuy qui va viste en besogne, qu'il a fait en deux coups six
trous : proverbe tiré du jeu de Triquetrac.