Se mouvoir promptement, impetueusement, de toute sa force.
Courir la poste, le galop.
Courir en lice, en une carriere. C'est un homme qui
court bien, qui fait grande diligence en
courant. Il
court comme un Basque. Il
court comme un fou. Il
court comme un perdu, comme s'il avoit le feu au cul. Il
court à toutes jambes, à bride abattuë. On y
court comme au feu, comme à la nopce.
COURIR, signifie aussi, Poursuivre quelqu'un. Il faut faire
courir aprés ces voleurs. Il fut
couru long-temps l'épée dans les reins par son ennemy.
COURIR, se dit en ce sens des incursions, hostilitez & ravages qui se font à main armée. Cette garnison vient
courir jusqu'à nos portes. Les Corsaires vont
courir les mers, vont piller, pirater. Il a été enjoint de
courir sus à ces paysans revoltez. On a été contraint de
courir aux armes.
COURIR, se dit aussi des courses qui se font par jeu & par exercice. Alexandre ne voulut pas
courir aux Jeux Olympiques, à moins que des Rois n'y
courussent. Dans les Academies on
court la bague, les testes, le faquin. En Espagne on
court les taureaux.
COURIR, ou
Courre, en
termes de Chasse, signifie, Poursuivre le cerf, le lievre, le chevreuil. Laisser
courre les chiens, c'est les decoupler. On appelle aussi le
laisser courre, le lieu où on decouple les chiens.
COURIR, dans les maneges, signifie, Faire galoper un cheval de toute sa force. Vous avez trop
couru ce cheval, c'est à dire, Vous l'avez outré, fait
courir trop viste & trop long-temps.
COURIR, signifie encore, Voyager. Cet homme a bien
couru par mer & par terre. Il a
couru les quatre coins du monde. On dit en ce sens, qu'un homme a bien
couru le monde, pour dire, qu'il a bien appris à vivre, qu'il est experimenté, qu'il a bien veu de sortes de gens. On dit aussi des gens inquiets, qui ne sçauroient demeurer en aucun lieu, qu'ils ne font que
courir, qu'on ne les peut trouver chez eux.
COURIR, en
termes de Marine, signifie, Faire route, gouverner, porter le cap du costé où l'on veut aller. Ce vaisseau a
couru deux jours sous un même rumb, sous un même meridien. On appelle
courir des bordées differentes, quand on est obligé à louvier & à faire divers revirements. On dit que les Corsaires
courent le bon bord, quand ils poursuivent des vaisseaux marchands.
COURIR, se dit aussi des terres, des rochers & des costes. Cette coste
court Est-Oüest, c'est à dire, va droit d'Orient en Occident. Ces rochers
courent Sud-Oüest environ trois lieuës, pour dire, s'étendent depuis le Midy jusqu'à l'Occident.
COURRE, signifie aussi, Donner de l'exercice à autruy. Ce plaideur a fait renvoyer son procés en un Parlement éloigné, il a bien donné à
courre à ses parties. On a donné un soufflet à ce Gentilhomme, c'est à luy à
courre.
COURIR, signifie aussi, Hanter, frequenter en certains lieux, se plaire à y aller souvent. Les curieux de tableaux, de bijoux,
courent les inventaires. Les devots
courent les Sermons. Les galants
courent le bal, les ruelles. Les Musiciens
courent les concerts. On dit en ce sens, On
court un tel Predicateur. Cet homme est si agreable, que toutes les Dames le
courent.
COURIR, se dit aussi de toute autre affaire qu'on fait viste. Il faut écrire posément, & ne pas
courir, quand on veut bien apprendre. Il ne faut pas
courir, quand on dit son Breviaire, le dire trop viste.
COURIR, s'employe aussi en parlant d'une abondance de vermine, d'insectes. Les souris
courent dans cette maison. Les poux
courent sur cette chemise. Les fourmis
courent dans ce jardin, &c.
COURIR, se dit encore du mouvement naturel des choses fluides. Les eaux
courent dans plusieurs ruisseaux, dans plusieurs rigoles de ce jardin. Le sang, les humeurs
courent dans le corps. Il a un rhumatisme qui luy
court sur divers membres ; une dartre qui luy
court sur le visage. On dit aussi, qu'un muid
court, pour dire, qu'il s'enfuit, que la liqueur s'échappe du vaisseau.
COURIR, se dit aussi du temps. C'est le mois qui
court, l'année qui
court, pour dire, le mois, l'année presente. Le temps de son bannissement a
couru d'un tel jour, pour dire, a commencé un tel jour. On le dit aussi des interêts qui
courent du jour de la demande en Justice, du jour de la constitution, pour dire, qu'ils sont deus dés ce temps-là. On dit aussi, qu'un homme
court sa 15. année,
court son année climaterique, pour dire, qu'il est parvenu à ces âges-là.
COURIR, signifie aussi, Estre à la mode, estre receu, approuvé. La mode qui
court est toûjours la plus approuvée. La monnoye qui
court le plus est toûjours la plus nouvelle. Les chansons qui
courent sont les plus agreables.
COURIR, se dit aussi de ce qui se publie, de ce qu'on fait passer par les mains, par la voix de plusieurs personnes. On a fait
courir un Manifeste sur la declaration de la guerre. On a fait
courir un libelle contre l'honneur de cette partie. Il
court un bruit sourd d'une mauvaise nouvelle. Il faut faire
courir la voix pour opiner sur cette proposition. L'advis qui
court est celuy qui est le plus fort. On fait
courir des billets pour assembler des Compagnies, ou pour recouvrer des choses perduës. On dit aussi, Faire
courir une santé, pour dire, la faire boire à la ronde. On dit aussi, qu'il
court bien des fievres, des maladies, pour dire, qu'elles sont bien communes, que plusieurs gens en sont attaquez.
COURIR, se dit aussi figurément en choses morales. On dit qu'un homme
court une belle fortune, pour dire, qu'il est en belle passe : qu'il
court à l'Evêché, au chapeau de Cardinal, au baston de Mareschal, pour dire, qu'il y aspire, qu'il y a apparence qu'il y peut parvenir : qu'il
court à la gloire, pour dire, qu'il n'estime que l'honneur, que le prix de la vertu : qu'il
court une charge, un Benefice, pour dire, qu'il tâche de l'obtenir. Et au contraire on dit, qu'il
court à l'Hospital, à sa ruine, à sa perte, pour dire, qu'il gouverne mal ses affaires. On dit aussi, qu'un homme
court hasard,
court fortune d'estre riche, d'estre assommé, pour dire, qu'il luy peut arriver du bien & du mal. On dit encore, qu'un homme veut bien
courir la risque de quelque chose, quand il la prend à ses perils & fortunes, qu'il veut bien que la perte tombe sur luy. On dit encore, qu'un homme a bien
couru des fortunes en sa vie, pour dire, qu'il a bien essuyé des perils, des dangers. On dit aussi, qu'un homme
court sur le marché d'autruy, qu'il
court sur ses brisées, pour dire, qu'il encherit sur un autre, qu'il veut obtenir ce qu'un autre pretendoit d'avoir. On dit en ce sens, qu'il ne faut pas
courir aprés son esteuf, pour dire, qu'il ne se faut pas defaire d'une chose dont on peut avoir besoin quelque jour.
On dit qu'un homme est fou à
courir les ruës, pour dire, qu'il est tout à fait hors de son sens.
COURU, UË. part. & adj.