Logis, lieu où on se peut retirer, & remettre à couvert son bien & sa personne des injures du temps. On bastit les
maisons de pierre de taille, de moilon, de brique ou de charpente. Il est deffendu de faire des
maisons à plus de trois estages carrez. Les Notaires de campagne appellent, une
maison haute, moyenne, & basse celle, où il y a trois lieux habitables les uns sur les autres. Cette
maison a plusieurs appartements, plusieurs corps de logis ; c'est une
maison bien dorée, bien bastie. L'ancienne Rome estoit composée de 48. mille
maisons isolées. Paris n'en a environ que vingt mille. Les Mandians vont quester de
maison en
maison. Tout le bien de ce bourgeois est en
maisons. On dit, Faire les honneurs de la
maison, des civilitez qu'on fait à ceux qui rendent visite, ou qu'on a invitez à quelques ceremonies de famille. Ce mot vient de
mausio & de
maniere. Menage. En vieux Gaulois on disoit
mas &
masage, d'où viennent encore plusieurs noms des
maisons de campagne, & de familles.
On dit, Tenir une
maison à loüage, quand on n'en est pas le proprietaire, quand on la louë à prix d'argent : une
maison garnie, quand on la louë toute meublée.
On appelle une
maison de plaisance, une
maison de campagne, celle qu'on prend plaisir à embellir, à orner pour s'y aller divertir. Chez les bourgeois on l'appelle
maison de bouteilles, parce qu'ils sont obligez d'y recevoir leurs amis, & leurs faire bonne chere.
En
termes de Blason on appelle une
maison essorée, quand sa couverture est representée d'un autre esmail que le corps de son bastiment.
MAISON FORTE, est un chasteau fossoyé ou fortifié à l'antique, qui se peut deffendre des coups de main.
MAISON, se dit aussi d'un Couvent, d'un Monastere. Ce Chef d'Ordre a tant de
Maisons dependantes de sa Filiation. On a ordonné la reforme de plusieurs
Maisons Religieuses.
MAISON-DIEU, ou
Hostel-Dieu, est un Hospital où on reçoit les malades. On a fait plusieurs reglements pour les
Maisons-Dieu & Maladeries.
On dit aussi en
termes de l'Ecriture, que l'Eglise est la
maison de Dieu. JESUS-CHRIST en chassant les Marchands du Temple, dit que sa
maison estoit une
maison de priere, & qu'on en avoit fait une boutique de larrons.
MAISON DE VILLE, est le lieu où s'assemblent les Officiers qui ont soin de la conduitte des affaires communes des habitans, & de la police de la ville. Le Bureau de la
Maison de Ville. Les rentes sur la
Maison de Ville. On le dit aussi des Officiers qui tiennent ce Bureau. La
Maison de Ville est allée en corps faire ses remonstrances ; ses presens au Roy, est allée au devant de luy à son entrée.
On dit par ressemblance & extension, qu'une tortuë porte sa
maison sur son dos, que la
maison de Diogene estoit un tonneau.
MAISON, signifie aussi le mesnage, les personnes qui composent une famille, qui habitent une
maison ; & le revenu dont elle subsiste. Il n'a que luy & deux valets pour toute sa
maison. C'est un enfant de la
maison. Le maistre, la maistresse de la
maison. Cet homme a fait une bonne
maison, a bien establi sa
maison. Les rentes de la ville font rouler la
maison, le mesnage. Toute la famille est une
maison d'honneur, de probité. On dit aussi, qu'un homme tient
maison, quand il tient mesnage, quand il à des valets, lors qu'il n'est ni en pension, ni en auberge.
En ce sens, on dit, la
Maison du Roy, ou des Princes, pour dire, tous leurs Officiers. On a fait l'estat de la
Maison de Monseigneur le Dauphin, de Monsieur à l'Instar de la
Maison du Roy. Il a fait coucher un tel sur l'estat de sa
Maison. Toute sa
maison fut en un tel voyage.
A l'armée on appelle la
Maison du Roy, tous les soldats ou Officiers destinez à sa garde, tant à pied qu'à cheval, ses Gardes du Corps, Gendarmes, Chevaux-legers, Mousquetaires, Regiments des Gardes François & Suisses. On tient que la
Maison du Roy fait sept ou huit mille hommes, qui sont les meilleurs trouppes de l'armée.
MAISON, se dit aussi d'une race noble, d'une suitte de gens illustres venus de la même souche, qui se sont signalez par leur valeur, ou par leurs emplois, ou par les grandes dignitez qu'ils ont eu par leur naissance. Les
Maisons de Bourbon & d'Austriche font les deux plus anciennes & les plus illustres de l'Europe. La
Maison de Lorraine, d'Orange, se sont fort signalées. Le Grand Cosme de Medicis a esté l'honneur de sa
maison. Ce Gentilhomme a espousé une fille de bonne
maison, de grande
maison.
MAISON, en
termes d'Astrologie, est une partie du Ciel divisé en douze à la maniere des judiciaires, à chacune desquelles ils assignent des vertus particulieres, sur quoy ils dressent & jugent leurs horoscopes. Cette division se fait par six grands cercles qu'ils appellent de position, qui ont leurs poles dans l'intersection du Meridien & de l'Horison, suivant la façon commune de domifier, qui est de Regiomontanus ; car les Anciens en avoient trois autres. Ces cercles divisent l'Equateur en douze parties égales sans aucune relation au Zodiaque, dont ces parties sont tantost plus grandes, & tantost plus petites. Le theme ou figure celeste est composé de douze triangles, qu'on appelle aussi
Maisons, dans lesquels on marque les astres, signes, & Planettes qui se trouvent compris entre chacun espace de ces cercles de position. Chaque Planete a deux
Maisons particuliers où elle exerce plus fortement son action. Ce Lyon est la
Maison du Soleil ; le Cancer celle de la Lune ; le Capricorne celle de Saturne. Quelques-uns appellent aussi ces
Maisons, Dodecatemories, &
Angles. Elles ont aussi leurs noms suivant leurs qualitez. La
Maison de la Vie, c'est l'ascendant qui contient cinq degrez au-dessus de l'Horison à l'Orient, & le reste est dessous. La
Maison de la Mort est la huitiéme qui est la
Maison de Saturne. La dixiéme
maison est la
maison des Honneurs, & est celle de Jupiter, elle tient le milieu du Ciel, &c. On dit Poëtiquement & ignoramment, que le Soleil a douze
Maisons, on entend les douze Signes, quoy qu'en effet il n'ait que celle du Lion : outre que la division des
Maisons se fait par l'Equateur, & non pas par le Zodiaque. On commence à compter les
Maisons par l'ascendant, & on suit en passant par le Nadir ou le bas du Ciel, en sorte que celle du point vertical est la dixiéme.
MAISON, se dit proverbialement en ces phrases. On dit qu'un homme n'a ni
maison ni buron, pour dire, qu'il n'a aucun heritage. On dit aussi, Qui veut tenir nette sa
maison, ni mette femme, Prestre, ni pigeon. On dit aussi, Faire
maison nette, pour dire, Chasser tous ses valets ensemble, pour en reprendre d'autres. On dit aussi, que le charbonnier est maistre en sa
maison, pour dire, que chacun est maistre chez soy. On dit aussi,
Maison faite, & femme à faire, pour dire, qu'il faut rechercher une fille qui ait des biens tout acquis, & un esprit docile qu'on puisse dresser à sa fantaisie. On dit aussi, Vous soyez le tres-bien venu comme en vostre
maison de l'Isle Bouchar. On dit aussi de la
maison d'un avare, que c'est la
maison de Dieu, où on ne boit, ni on ne mange. On dit aussi, Quand on voit brusler la
maison de son voisin, on a sujet d'avoir peur, quand quelqu'un prevoit qu'on luy va faire le même mal qu'on a fait à son compagnon d'office, à son associé. On dit aussi, qu'un homme est fait en brûleur de
maisons, quand il est mal couvert, & quand il se cache le visage. On dit aussi, qu'on a vendu une chose par dessus les
maisons, pour dire, qu'on l'a venduë fort cherement. On dit d'un escornifleur, qu'il est comme les violons, qui ne trouvent point de pire
maison que la leur. On dit que les
maisons empêchent de voir la ville, quand on voit tant de belles choses ensembles, qu'on n'a pas le loisir d'en considerer chacune en particulier. On dit aussi, qu'il faut mettre un homme aux petites
maisons, quand il est fou, ou quand il fait une extravagance signalée ; à cause qu'il y a à Paris un Hospital de ce nom où on enferme ces foux. On dit aussi, qu'on traittera quelqu'un en enfant de bonne
maison, pour dire, qu'on le chastiera severement.
Sorel a fait un Livre qu'il appelle la
Maison des Jeux, où il a fait un recueil des jeux où on se divertit. On a fait aussi la
Maison rustique ; qui est un beau recueil qui sert à l'Agriculture, & au mesnage de la campagne.