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Lexique | Féminisation | Qu'est-ce que la féminisation ?

Qu'est-ce que la féminisation ?

Par « féminisation », on entend ici le fait de mettre au féminin un nom de métier, de fonction, de grade ou de titre.
Au cours du dernier siècle, nombre de métiers jusqu'ici exclusivement ou presque exclusivement masculins se sont largement ouverts aux femmes, posant la question de la forme féminine des métiers dont l'usage ne connaissait que le masculin.
Dans la pratique, l'immense majorité des noms ne posent aucun problème de féminisation car ils se forment de manière régulière et sont parfaitement ancrés dans l'usage :
un coiffeur, une coiffeuse
un commerçant, une commerçante
un secrétaire, une secrétaire
Pour quelques noms en revanche, l'usage est plus hésitant. Les principales raisons évoquées sont les suivantes :
  • Le sentiment, pour certains locuteurs, de « laideur » des formes féminines, comme (dans lequel certains entendent le mot ) ou ...
    → Cependant, le sentiment de laideur n'est qu'une absence d'habitude : on entend également dans , mais cela n'est pas choquant car nous avons l'habitude de ce mot.
  • La gêne liée à l'homophonie : la médecine (science) vs la médecine (femme médecin)
    → Cependant, la et l' sont très courantes en français. Avocat, , ou désignent à la fois un objet et une personne, alors pourquoi une médecine ne pourrait-il pas désigner une femme médecin ?
  • L'hésitation sur la flexion, principalement pour les formes courtes et celles en -eur : une professeur, une professeuse ou une professeure ? une auteur, une auteure ou une autrice ? une docteur, une docteure ou une doctoresse ? une chef, une cheffe ou une cheftaine ?
    → Il suffit pourtant de consulter le dictionnaire pour connaître les féminins possibles d'un nom masculin, et de choisir une fois pour toutes la forme qui nous convient le mieux.
  • La crainte de laisser penser que les femmes ne sont que la « femme de », la pharmacienne désignant autrefois la femme du pharmacien, tout comme l'ambassadrice désignait la femme de l'ambassadeur.
    → Le fait que l', qui désignait autrefois la femme de l'ambassadeur, prenne le sens de « femme qui exerce le métier d'ambassadeur » ne crée pas davantage de confusion puisque la polysémie est monnaie courante en français. D'ailleurs, l'accès des femmes à ces professions a largement contribué à lever l'ambiguïté. Aujourd'hui, les conjoints des ambassadeurs, hommes ou femmes, ne se font plus appeler par le titre de leur mari ou femme, et quand bien même : le fait qu'une reine puisse désigner tantôt celle qui détient le pouvoir royal, tantôt l'épouse d'un souverain régnant ne pose pas de problème.
  • Le refus de certaines femmes elles-mêmes d'être désignées par des appellations féminines, de crainte de n'être pas considérées à égalité de compétence et de mérite avec les hommes, principalement pour les professions au sommet de l'échelle sociale : avocat, ministre, secrétaire perpétuel...
    → Considérer qu'il est nécessaire de marquer l'égalité de compétence par un masculin dit « neutre » laisserait entendre que le féminin est dépréciatif. L'évolution de la langue ne doit-elle pas contribuer à faire évoluer nos représentations ?
Ajoutons à cela que l'emploi du masculin pour désigner des personnes de sexe féminin crée un certain désordre grammatical. En effet, se pose la question de l'accord des et des . Doit-on accorder avec le genre grammatical ou avec le genre réel ? Citons un exemple peu courant et néanmoins réel : si l'on utilise le masculin le ministre pour désigner une femme, faut-il écrire Le ministre des Sports est enceint ou Le ministre des Sports est enceinte ?
Quels que soient les arguments avancés par les partisans ou les détracteurs de la féminisation, il est incontestable que l'usage a largement évolué ces dernières années en faveur de la féminisation. Même l'Académie française, longtemps opposée à la féminisation, a reconnu en 2019 qu'« il n'existe aucun obstacle de principe à la féminisation des noms de métiers et de professions ».
Cependant, pour certains féminins, plusieurs formes cohabitent sans que l'usage n'ait encore tranché en faveur de l'une ou l'autre des formes. Libre à chacun(e) d'employer celle qu'il préfère.
Rappelons simplement qu'il n'existe pas de police du langage. En France, excepté dans les textes réglementaires et les documents officiels émanant des administrations et établissements publics de l'État, où la féminisation est indiquée (circulaire du 6 mars 1998), chaque personne est libre d'employer la forme qui lui semble la plus juste, et de demander à être appelée comme elle le souhaite.
Les dictionnaires Le Robert, qui ne sont pas , n'imposent pas non plus de règles. Ils sont le reflet de l'usage et ils évoluent avec lui. Au début des années 2000, certains féminins étaient encore peu usités et ne figuraient donc pas dans nos dictionnaires. Aujourd'hui, puisque la féminisation est monnaie courante et que presque tous les noms de métiers, titres, grades et fonctions se rencontrent au féminin dans les livres, les médias ou les conversations courantes, nous les donnons naturellement dans nos dictionnaires. Nous tenons cependant compte de l' en privilégiant les formes correctement formées.
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