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Orthographe | Prononciation | Liaisons et enchaînements

Liaisons et enchaînements

Qu'est-ce qu'un enchaînement ? Qu'est-ce qu'une liaison ?

Enchaînement

L'enchaînement unit la consonne finale prononcée d'un mot à la voyelle initiale prononcée du mot suivant. Par exemple :
  • il unit le n de une et le o de dans une otarie [ynɔtaʀi] ;
  • il unit le n de une et le i de dans une hirondelle [yniʀɔ̃dɛl] ;
  • il unit le c de bouc et le é de dans bouc émissaire [bukemisɛʀ].

Liaison

La liaison unit la consonne graphique finale d'un mot, muette dans le mot pris isolément, à la voyelle initiale prononcée du mot suivant :
les [z] animaux
mon petit [t] ami
de beaux [z] habits
Quand le mot se termine par un r suivi d'une consonne muette, il y a enchaînement avec le r, et non liaison avec la consonne muette :
un bourg [ʀ] animé
un rapport [ʀ] exact
vers [ʀ] Amiens
Si le mot est au pluriel, on fait la liaison avec le s final :
un vers [ʀ] harmonieux, des vers [z] harmonieux
un corps [ʀ] à corps, corps [z] et biens
Le timbre de la consonne finale est parfois modifié par la liaison :
  • le d final de et de se prononce [t] :
    un grand [gʀɑ̃t] animal
    quand [kɑ̃t] il pleut
  • les s et x finaux se prononcent [z] :
    pas à pas [pɑzɑpɑ]
    deux [døz] obstacles
  • quand la finale est une voyelle , le n se fait entendre tandis que la voyelle nasale se dénasalise dans certains cas :
    bon [bɔn] appétit
    en plein [plɛn] été
    le Moyen [mwajɛn] Âge
En langage soutenu, la liaison avec g se prononce [k] :
un long hiver [œ̃lɔ̃kivɛʀ]
On prononce [g] dans le langage courant :
un long hiver [œ̃lɔ̃givɛʀ]
Pour en savoir plus, n'hésitez pas à écouter le podcast de Laélia Véron consacré aux liaisons.

Liaison obligatoire

La liaison est obligatoire dans les cas suivants :
  • entre le et le , ou entre le déterminant et l' qui précède le nom :
    des [z] arbres
    les [z] autres gens
    aucun [n] intérêt
    trois [z] enfants
  • entre l' et le  :
    les petits [z] hommes verts
    tout [t] élève
  • entre le , sujet ou objet, et le  :
    Vous [z] êtes nombreux.
    Je les [z] attends.
    Ont[t]-elles faim ?
  • entre deux  :
    Nous [z] y sommes allés.
    Vous [z] en avez mangé.
    Allons-nous[z]-en !
  • dans la plupart des mots composés :
    porc[k]-épic, pied[t]-à-terre, les États[z]-Unis
    Dans les mots composés au pluriel, la liaison ne se fait pas avec le s ; il y a un enchaînement avec la consonne finale du singulier :
    porcs[k]-épic ; pots[t]-au-feu ; arcs[k]-en-ciel
  • dans de nombreuses locutions :
    petit [t] à petit, de temps [z] en temps, d'ores [z] et déjà

Liaison facultative

Les liaisons facultatives sont très régulièrement omises. Leur présence caractérise une diction soignée et un registre de langue soutenu.
La liaison est facultative dans les cas suivants :
  • entre un au pluriel et l' ou le complément qui le suit :
    des portes [z] ouvertes
    des pièces [z] en enfilade
    des textes [z] à trous
  • après le , sauf si celui-ci se termine par un s :
    Ils jouaient [t] ensemble.
    Je préfère rester [ʀ] ici.
  • entre les auxiliaires avoir et être et le participe passé :
    Nous l'avons [z] averti.
    Ils sont [t] arrivés.
  • entre les formes du verbe être et l' :
    C'est [t] osé.
    Vous êtes [z] excusés.
  • entre le verbe conjugué et le verbe à l'infinitif :
    Vous pouvez [z] imprimer votre carte d'embarquement.
  • entre l' et le mot qu'il modifie :
    Il est trop [p] aimable.
    Elle n'habite plus [z] ici.
  • entre la et le mot qui suit :
    dans [z] un mois
La liaison est rarement faite après les prépositions et les adverbes de plusieurs syllabes :
pendant [t] une journée
Cette conférence est particulièrement [t] intéressante.

Liaison interdite

On ne fait pas la liaison :
  • entre deux mots séparés par un signe de ponctuation :
    Les fenêtres, ouvertes, laissaient entrer un peu d'air frais.
  • devant un mot commençant par un (dit aussi plus justement « h bloquant ») :
    un havre de paix ; des haricots verts ; de nombreux hiboux
  • après un au singulier :
    un blanc écru ; mon pantalon orange ; un clafoutis aux prunes
  • entre le et le qui le suit :
    Les invités arrivent.
    Les dossiers anciens ont été traités.
  • après la et :
    un homme et une femme
  • après le ‑s du verbe à la deuxième personne du singulier à l'indicatif présent, au subjonctif présent ou à l'impératif présent :
    Si tu préfères éviter l'autoroute, prends à droite.
    Je veux que tu viennes avec moi.
  • devant les lettres de l'alphabet :
    des a ; des u ; des m
  • devant les mots d'origine étrangère commençant par y :
    un yaourt ; trois yourtes
  • devant quelques mots commençant par o : , , , , , et  :
    les onze joueurs ; deux ouistitis
  • devant lorsqu'il est déterminant numéral (mais la liaison est autorisée si un est un article) :
    le candidat 1
  • dans certaines expressions figées ou certains mots composés :
    nez à nez ; pied à pied ; bon à rien

Fautes de liaison

Tous registres confondus, la liaison n'est obligatoire que dans peu de cas, mais son omission est considérée comme une erreur grossière. En revanche, les liaisons facultatives, dont la présence caractérise une diction soignée et un registre de langue soutenu, sont souvent omises.
Par hypercorrection ou pour éviter un , il arrive qu'on prononce une liaison là où elle est interdite, qu'elle soit orthographiquement possible ou non :
les [z] haricots
donne-moi [z] en
Une liaison fautive est appelée «  ». Plus précisément :
  • on parle de « cuir » lorsque la liaison fautive se fait avec un [t] : mal [t] à propos
  • on parle de « velours » lorsque la liaison fautive se fait avec un [z] : les chemins de fer [z] anglais
On observe une application abusive (ou humoristique) des règles dans un certain nombre d'expressions :
Malbrough s'en va-t'en guerre
entre quat'z-yeux

t et s euphoniques

L'euphonie est l'harmonie des sons qui se succèdent dans le mot ou la phrase.
Pour éviter les , c'est-à-dire la succession de deux voyelles appartenant à des syllabes différentes, la langue française a recours aux liaisons et à l'ajout de lettres, dites « euphoniques ».

t euphonique

Un t est intercalé entre un verbe de la troisième personne du singulier terminé par e ou a et le il, elle, ou on placé après ce verbe. Le t euphonique se place toujours entre traits d'union :
S'entraîne-t-il régulièrement ?
Quand viendra-t-elle ?
Il sera présent, m'a-t-on assuré.
Il ne faut pas confondre ce t euphonique avec le te élidé, que l'on trouve parfois à l'impératif. Le pronom est précédé d'un trait d'union et suivi d'une apostrophe :
Va-t'en ! Occupe-t'en !

s euphonique

Les impératifs qui se terminent normalement par un e ou un a à la deuxième personne du singulier prennent un s final devant et , lorsque ces mots sont des ou bien des compléments de l'impératif.
Mange ! → Manges-en un peu !
Pense un peu à ta famille ! → Penses-y !
Va dans ta chambre ! → Vas-y, dans ta chambre !
Cette règle explique la faute fréquente qui consiste à mettre un s à tous les impératifs de la deuxième personne du singulier.
Lorsque les pronoms en ou y sont compléments d'un infinitif (et non du verbe à l'impératif), ou lorsque en est une , il n'y a ni s euphonique ni trait d'union :
Va en chercher !
Daigne y penser !
Va en Espagne si tu en as envie !

Inversion avec je

Pour des raisons d'euphonie, le e final de la 1re personne du singulier du présent de l'indicatif se transforme en é dans les  :
Aimé-je autant que je l'avais espéré ? (et non *aime-je)
Je finirai ce travail, dussé-je y passer la nuit. (et non *dusse-je)
Sans doute parlé-je trop vite pour lui. (et non *parle-je)
Ce é étant généralement prononcé [ɛ], les préconisent de le remplacer par è. On peut donc écrire :
Aimè-je autant que je l'avais espéré ?
Je finirai ce travail, dussè-je y passer la nuit.
Sans doute parlè-je trop vite pour elle.

beau, fou, mou, nouveau, vieux (devant une voyelle ou un h muet)

Pour des raisons d'euphonie, les adjectifs masculins singuliers , , , et deviennent bel, fol, mol, nouvel et vieil lorsqu'ils sont employés devant un nom commençant par une voyelle ou un h muet :
un bel homme mais un beau jeune homme
un fol espoir mais un espoir fou
un mol abandon mais un caramel mou
un nouvel immeuble mais un nouveau bâtiment
un vieil ami mais un vieux monsieur
Quand ces adjectifs sont suivis de la et, leur forme dépend de la première lettre du nom qu'ils qualifient :
un vieil et grand ami mais un vieux et grand bateau
Cependant, l'emploi de la forme euphonique est de plus en plus rare devant et. On trouve parfois indifféremment :
un vieil et grand ami ou un vieux et grand ami
On emploie la forme bel dans la locution bel et bien, où bel est employé adverbialement.

ce, ma, ta, sa (devant une voyelle ou un h muet)

Pour des raisons d'euphonie, les déterminants ce, ma, ta et sa deviennent cet, mon, ton et son lorsqu'ils sont employés devant une voyelle ou un  :
ce chanteur mais cet artiste
ma petite amie mais mon amie
ta voiture mais ton auto
sa hantise (h aspiré) mais son habitation (h muet)

on ou l'on ?

Dans la langue soignée, on emploie parfois l'on au lieu de on afin d'éviter un  :
J'ignore où l'on va.
Si l'on en croit le médecin, elle n'est pas vraiment malade.
Pour éviter la [kɔ̃], on préfère également employer que l'on :
Ce que l'on conçoit bien s'énonce aisément. (plutôt que *Ce qu'on conçoit bien)
L'emploi de l'on n'est jamais obligatoire. On peut également dire :
J'ignore on va.
Si on en croit le médecin, elle n'est pas vraiment malade.
On n'emploie jamais l'on quand le mot qui suit commence par un l :
Il faut faire attention à ce qu'on lui dit et non *à ce que l'on lui dit.
L'on peut s'employer en tête de phrase, mais cet usage est vieilli :
L'on ne saurait penser à tout.
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Quand on évoque l’écrivain britannique George Orwell, on pense automatiquement à 1984, son roman dystopique publié en 1949 et fréquemment salué comme...

Florent Moncomble 05/03/2024